Déplacements et transformations Homélie 30° dim TO B (27.10.2024)

Dimanche 27 octobre 2024 30° dim TO B Gennevilliers

Déplacements et transformations

Dans ces extraits de la Parole de Dieu il y a beaucoup de déplacements et de transformations. Chez le prophète Jérémie, le Seigneur annonce la fin de l’exil à Babylone et le retour sur la terre donnée par le Seigneur à Abraham et sa descendance. Voici que je les fais revenir du pays du nord, que je les rassemble des confins de la terre ;[…] c’est une grande assemblée qui revient. Ils avancent.

Palestine au temps de Jésus ; Jéricho Jérusalem

De leur côté, plus de cinq cents 50 ans plus tard, Jésus et ses disciples marchent depuis la Galilée, au nord, vers Jérusalem, en Judée. Ils ont suivi le Jourdain qui coulent vers la Mer morte. Ils ont évité le désert. Et au niveau de Jéricho, ils quittent la vallée du Jourdain, et tournent vers l’ouest pour monter vers Jérusalem. Jéricho, c’est là où les hébreux ont traversé le Jourdain à pied sec après les 40 années de marche au désert et la mort de Moïse qui les a guidés (Jos 3,14-17 . 6,). Jéricho, c’est la ville de Zachée, le célèbre chef des collecteurs d’impôts dont St Luc nous raconte la rencontre avec Jésus (Lc 19, 1-10).

C’est aussi la ville de Bartimée, le mendiant qui a entendu parler de Jésus, qui crie jusqu’à s’égosiller pour être sûr que sa voix parvienne aux oreilles du Fils de David, alors que celui-ci est entouré d’une foule nombreuse et bruyante. Il l’interpelle par son prénom : Jésus, le Seigneur sauve. Il cherche à attirer son attention alors que personne ne fait attention à lui. Il est aveugle, et personne ne le voit. Auprès de Jésus, il ne demande pas l’aumône, ni une pièce d’argent, mais son attention, son regard. Prends pitié de moi. "Eleison" chantons-nous lors de la prière pénitentielle au début de la messe. Car nous sommes comme Bartimée, aveugle, et d’autres font écran ou obstacle entre nous et Jésus. Et si le mendiant doit s’y reprendre à deux fois, nous le disons ou nous le chantons trois fois, et encore deux fois lors du chant de l'Agneau de Dieu ! Le Seigneur Jésus passe dans nos vies, mais avons-nous la même conviction que Bartimée pour nous adresser à Lui, surtout quand on arrive en retard à la messe, après le Gloire à Dieu ou pendant les lectures, voire après l’Evangile? A-t-on conscience que l’on se moque de ce qu’il veut nous dire ? qu’on ne veut pas L’écouter ?

La foule cherche à réduire Bartimée au silence. « Toi, le moins que rien, tais-toi ! Tu ne vois pas que tu n’intéresses pas Jésus ?! » D’aveugle, on cherche à le rendre muet et à couvrir sa voix. Mais cet homme ne se décourage pas ! Il fait partie de ces « pèlerins de l’espérance », le thème retenu par le pape François pour le 1700° anniversaire du Concile de Nicée qui a eu lieu en 325. Comme il espère que Jésus l’entendra, il renouvelle son appel, son SOS. Et Jésus l’entend. Au lieu d’aller le rejoindre, il demande à la foule d’être son messager, de relayer son invitation. Et là, un premier miracle a lieu : en effet, la foule qui était comme un mur est changée et facilite ensuite la transmission de la parole de Jésus. Il nous arrive aussi d’être comme cette foule compacte, anonyme, qui rejette, repousse, exclut celles et ceux qui sont différents. Je rêve que notre assemblée soit porteuse de la parole de Jésus d’une façon si belle, bienveillante et encourageante : Confiance, lève-toi ; il t’appelle. L’homme obéit.

Le manteau qui le protégeait du froid et du soleil était comme une carapace vis-à-vis des autres, son costume de mendiant. Il symbolise son ancienne vie, sa vie d’avant. Comme l'écharpe violette que les catéchumènes rejettent en arrière juste avant d’être baptisés et de revêtir le Christ, le vêtement blanc qui exprime leur nouvel être de filles et de fils de Dieu. Je me suis toujours demandé comment, pour rejoindre Jésus, après s’être mis debout sur ses deux pieds, à la même hauteur que les autres et que Jésus, il n’a pas trébuché, ni bousculé une ou plusieurs personnes. Je ne vois qu’une seule explication : la foule s’est écartée comme la Mer Rouge (cf Ex 14) pour le laisser passer et approcher de Jésus.

Pour écouter son désir le plus profond, il lui pose une question Que veux-tu que je fasse pour toi ?, laissant ensuite le temps à l’homme de répondre. L’aveugle va à l’essentiel, en quelques mots. Jésus nous pose la même question. Qu’allons-nous lui répondre de vital, d’essentiel, avec foi ? Jésus reconnaît la foi profonde et grande de l’homme.

Celui-ci va pouvoir cheminer avec Jésus et Jésus avec lui (cf Lettre "Cheminer ensemble" de Fr Matthew, nouveau prieur de Taizé pour 2024-2025). Suivre Jésus, c’est devenir son disciple. Le mendiant aveugle était ancré en terre. Il est maintenant en mouvement. Ses yeux ne voyaient pas. Il retrouva la vue. Comme tous ces petits que nous sommes, comme l’aveugle et le boiteux, la femme enceinte et la jeune accouchée que le Seigneur rassemble pour les ramener à Jérusalem. Et c’est vers Jérusalem que Bartimée monte avec Jésus. Quelques kilomètres séparent les deux villes. Plusieurs centaines de mètres à monter, comme tant de générations de pèlerins qui montent en pèlerinage vers le Temple. C’est là qu’il verra Jésus acclamé par la foule, puis arrêté, condamné à mort, crucifié, mort, mis au tombeau ; avant qu’il ne voie de ses yeux de chair le ressuscité relevé par la puissance de Vie du Père éternel. Et s’il a recouvré la vue, ce n’est pas pour ses mérites, mais par la foi en Jésus, le Sauveur, le seul Médiateur entre Dieu et les hommes !

Et à son tour, et à notre tour, comme d’autres Christ, nous devons dire à celles et ceux qui sont exclus, rejetés : "Confiance : Jésus t’a entendu. Dis-Lui du plus profond de ton cœur ce que tu veux qu’il fasse pour toi !"

Jr 31, 7-9 ; Ps 125 ; He 5, 1-6 ; Mc 10, 46b-52
P. Olivier Joncour

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