Heureux ceux qui rencontreront des témoins de Dieu à la vie transformée Homélie Toussaint (1.11.2019)

Toussaint Jeudi 1° novembre 2019 St Etienne St Henri Colombes

Heureux ceux qui rencontreront des témoins de Dieu à la vie transformée

A l’écoute de ces heureux, de ce programme du Royaume de Dieu que Jésus a mis en ouverture de son premier grand discours, sur une montagne, s’adressant à une foule et à ses disciples, quand nous entendons heureux ou bonheur, presque 2000 ans plus tard, plusieurs définitions peuvent nous venir en tête, différentes d’une personne à l’autre et d’une époque à l’autre. Il ne s’agit pas du sourire des émoticônes ni des smileys dont nous servons pour illustrer des SMS ou sur des photos postées sur les réseaux sociaux.

En arrivant aux environs d’Ars-sur-Formans, un petit village des Dombes entouré de marais et souvent dans le brouillard, St Jean-Marie Vianney, plus connu sous le nom du St Curé d’Ars, qui venait d’en être nommé le curé, croise un jeune garçon à qui il demande son chemin. Il lui répondit : « Antoine, tu m’as montré le chemin d’Ars, moi je te montrerai le Ciel » Une célèbre statue rappelle cette rencontre. Autrement dit, Dieu, et Jésus son Fils qui nous Le montre, dans la communion du St Esprit. Le chemin du Ciel, c’est aussi celui de la sainteté, c’est-à-dire de la vie avec le Seigneur, de l’union avec notre Créateur et notre Sauveur.

L’extrait du livre de l’Apocalypse décrit la liturgie céleste avec les anges, mais aussi le peuple que l’on ne peut compter et recenser qui se tient devant son Seigneur, devant le Trône et devant l’Agneau. Et chacune de nos messes et prières sont comme des échos de cette grande prière de l’Église du Ciel. Et n’y a-t-il pas quelque chose de fascinant et de séduisant dans cette description qui pourrait même donner envie à ‘celui qui ne croit pas au Ciel’ de voir, de croire qu’il existe un ailleurs après la mort, de donner envie d’y participer, d’aiguiser sa curiosité y compris l’indifférent ou l’adversaire plus ou moins virulent qui en viendrait à se demander : ‘Et si finalement le Ciel existait ?’

Nous célébrons le Dieu saint qui communique aux baptisés sa Lumière, son amour, sa sainteté par le don Esprit Saint tant à ceux qui sont au Ciel qu’à ceux qui sont assis sur les bancs de nos églises et chapelles engagés au service des plus fragiles de notre monde pour faire de nous des disciples-missionnaires. Nous comprenons alors mieux ce qu’écrivait Ste Catherine de Sienne, repris par St Jean-Paul II à la conclusion de son homélie de son homélie aux JMJ de l’an 2000 à Rome : « Si vous devenez ce que que vous devez être vous mettrez le feu au monde ». En fait, nous sommes appelés à continuer à "oser vivre avec Jésus [intensément, pleinement, divinement, totalement, saintement] la joie de la rencontre".

En effet, pour ceux qui n’auront jamais ni lu ni entendu un seul mot de la Bible et des évangiles, nos vies transformées par la puissance aimante et miséricordieuse des vies renouvelées, transfigurées par la grâce de Dieu seront alors pour eux le seul Evangile auquel ils auront accès. Pour que tous les aspects de nos vies d’enfants de Dieu renvoient à notre Père, que notre manière d’être serviteurs révèlent notre Maître, y compris à ceux qui clament « Ni Dieu ni Maître », y compris ceux qui vivent comme si Dieu n’existait pas, y compris ceux qui L’ont oublié. Comment ? En conjuguant trois dimensions :

a) Avec des paroles de feu (prophète, témoin) qui réconcilient, qui encouragent, qui remercient, qui dénoncent les injustices car ils sont assoiffés et affamés de justice

b) Avec des gestes désintéressés qui relèvent (serviteur), qui lavent les pieds, qui soignent les blessures parfois profondes des coeurs meurtris et rejetés, des mémoires abîmées, des corps abusés, violés et battus

c) Avec du temps perdu pour être plongés dans la prière (prêtre), pour être immergés en Dieu, dans l’écoute de la Parole, dans le silence de l’adoration, par les chants de louange, dans l’intercession, la prière de demande, … car ils sont les pauvres de Dieu qui mendient et reçoivent ce qu’Il leur a déjà donné.

Regardez les saints des vitraux de notre chapelle : ils ont laissé la lumière de Dieu passer dans leur vie, transformer leur existence et ont reçu le royaume de Dieu de leur vivant. Avez-vous remarqué que la première et l’avant-dernière béatitude ont la même récompense : Heureux les pauvres de cœur, et Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux. D’ailleurs, à propos de la justice, il y en a deux aussi : Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés. Ce n’est pas seulement la justice humaine, si ce n’est pour dénoncer les injustices ou lorsqu’il y a de la corruption comme ont pu le faire des prophètes comme Amos, mais aussi de laisser le Seigneur nous ajuster par Lui et de nous laisser justifier sur Lui.

En conclusion, si nos vies sont l’unique accès à la Bonne nouvelle de Jésus le Christ à travers ce que nous pouvons donner à en voir et à en entendre, dans mon témoignage, comment est-ce que j'exprime qu’être l'ami de Jésus qui est mort pour moi et que Dieu a ressuscité me rend heureux?

Ap 7, 2-4.9-14; Ps 23 ; 1 Jn 3, 1-3 ; Mt 5, 1-12a

P. Olivier Joncour