Cène, Tente et Sang Homélie Dim Sacrement Corps et Sang du Christ B (2.06.2024)

Dimanche 2 juin 2024 Dim St Sacrement du Corps et du Sang du Christ B

NDA Ste Marie-Madeleine (6 adultes communient pour 1° fois)

Cène, Tente et Sang

Chers Linda, Aminata, Patrick, Laurent, Thayis et Thaïna,

Qu’est-ce qui nous frappe dans ce récit du dernier repas de Jésus avec ses disciples ? Il a préparé avec beaucoup de sérieux et d’anticipation. Tout est scénarisé : l’homme portant une cruche d’eau à suivre, la question à poser au propriétaire : Le maître te fait dire où est la salle où je pourrai manger la Pâque avec mes disciples ? Puis la réponse. Et la salle préparée à l’étage. On se croirait presque dans un roman d’espionnage avec la dimension du mystère, du secret, ...

Aujourd’hui aussi, le Seigneur Jésus vous a aidés à préparer la première fois où vous allez communier en vous retrouvant très régulièrement le samedi matin à l’église St Jean avec Sophie, depuis octobre 2023.

Au début de la 2° lecture, est-ce que vos oreilles n’ont pas été attirées par une expression inattendue : la tente de son corps. Jésus faisait-il du camping? Est-il possible de venir s’abriter sous sa tente en cas de fortes chaleurs ou de pluie forte ? En fait, de quelle tente s’agit-il ? Les personnes qui sont familières de la Bible et plus particulièrement du 2° livre, l’Exode, se rappelle que les hébreux voyagent avec la Tente de la rencontre. Elle est montée chaque soir, dès qu’ils dressent leur campement pour la nuit. Cela renvoie à l’expérience d’être nomade, du déplacement, du pèlerinage. Alors, quelle est la particularité de la Tente de la Rencontre?

1. Est-ce le nom qu’ils ont donné à cette tente car elle sert de bar pour se désaltérer le soir après avoir marché sous un soleil de plomb ?
2. Est-ce la Tente où est entreposée l’Arche d’Alliance, ce coffre si spécial qui renferme les Tables de la Loi de l’Alliance reçues par Moïse au mont Sinaï, la nuit ?
3. Est-ce une tente pour que les célibataires puissent se rencontrer pour discuter, faire connaissance avant d’aller danser ?

C’est effectivement la tente sous laquelle l’Arche d’Alliance est rangée la nuit.

Dans l’évangile selon St Jean, au chapitre un, il y a une expression intéressante qui si on la traduit littéralement, c’est « il a dressé sa tente parmi nous », que la traduction liturgique actuelle traduit par « Il a habité parmi nous » (Jn 1,14) qui suit le célèbre « Le Verbe s’est fait chair ».

Dans la première alliance, on est passé du sang des agneaux sur les deux montants et le linteau des portes des maisons des hébreux (Ex 12,7), au sang des taureaux offerts en sacrifice et aspergé sur le peuple. Quand le Temple de Jérusalem aura été construit par le roi Salomon, le fils de David, c’est encore des animaux qui sont offerts en sacrifice soit pour remercier, soit pour être pardonné, soit redevenir en état de pureté après une impureté qui n’est pas liée à un péché, ni à une désobéissance. Il faut recommencer à chaque fois.

Dans la nouvelle Alliance, C’est toujours du sang. Mais il y a eu un unique sacrifice qu’il n’est pas nécessaire de répéter. Il était parfait du premier coup. C’est celui de l’« Agneau de Dieu » (Jn 1,36), tel que Jean le baptiste a désigné Jésus à deux de ses disciples dont André, le frère de Simon-Pierre (cf Jn 1, 35-37), ?. Et c’est ce titre que nous donnons à Jésus auquel nous nous adressons, ce titre que nous reprenons trois fois dans le chant entre le Notre Père et la Communion. C’est le Sang de Jésus sur la croix. Cela voudrait-il dire que nous sommes revenus à l’époque d’Abraham où les dieux demandaient qu’on leur sacrifie les enfants, ce que le Seigneur Dieu a refusé lorsqu’Isaac, le fils unique, a failli être égorgé par son père (cf Gn 22) ? Non ! Non et non ! Dieu n’est pas assoiffé de sang. Par la bouche du prophète Osée, le Seigneur "veut la fidélité, non le sacrifice, la connaissance de Dieu plus que les holocaustes" (Os 6,6) et il donne les mots pour un retour vers Lui : "Au lieu de taureaux, nous t'offrons en sacrifice les paroles de nos lèvres." (Os 14,3)

En envoyant Jésus, son Fils unique dans le monde, Dieu aurait pu choisir une autre manière de nous sauver que la mort de son Fils Jésus, vrai Dieu et vrai homme, sur une croix, le supplice des bandits, alors qu’il était innocent. Jésus n’a pas cherché la croix, mais c’est la conséquence du refus de beaucoup de le reconnaître comme le Messie, le Christ annoncé, et le Fils du Père. En Jésus, Dieu nous a aimés d’un amour passionné et passionnant. Lors de son dernier repas, le jeudi soir, Jésus s’est inscrit dans ce que vivent les juifs et il a eu l’originalité de compléter les gestes du partage du pain et de la coupe de vin de paroles très denses et très fortes : Prenez, ceci est mon corps. puis Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance versé pour la multitude. Avec moins de 20h d’avance, il annonce le sens de ce qu’il va vivre sur la croix, le vendredi, au mont Golgotha.

Jésus sait bien que nous avons besoin de signes tangibles, concrets car nous avons un corps. Et comme son Oui à son Père a été à 100 %, total, complet, il n’a rien manqué. A chaque messe, nous sommes transplantés de par l’espace à Jérusalem, non pas au Cénacle où a eu lieu la Cène, mais au mont Golgotha, et de par le temps, le Vendredi St. Autrement dit, ce n’est pas une reconstitution policière ou une représentation théâtrale à laquelle nous assistons, mais nous devenons contemporains de l’événement vécu par notre Seigneur et Sauveur, Jésus.

Et la communion eucharistique à un double effet : à la fois union avec le Dieu unique dans sa dimension verticale – qui mange ma chair [...] demeure en moi et moi en lui » (Jn 6,56) -, et les uns avec les autres dans l’aspect horizontal, pour former le corps du Christ qui est l’Église. « Devenez ce que vous recevez » a écrit St Augustin.

Ex 24, 3-8 ; Ps 115 ; He 9, 11-15 ; Mc 14, 12-16.22-26

P. Olivier Joncour