Regarder, agir et vivre Homélie 2013.09.15 24° dim TO C
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Dimanche 15 septembre 2013 24° dim TO C St Etienne St Henri de Colombes, WE rentrée
Regarder, agir et vivre
Nous connaissons bien ces trois paraboles du pardon de Dieu. On les aime bien. Ce qui nous fait du bien, c’est que nous sommes les bénéficiaires du pardon. Que celui ou celle qui parmi nous ne s’est jamais dit qu’il ressemblait à l’un des deux fils se lève. ... Ah, je vois, que tout le monde est resté assis. Moi aussi, d’ailleurs. Alors, continuons. Mais, n’avons-nous pas à découvrir des aspects que nous mettons de côté ? Nous entendons un appel à regarder vers les autres, avant d’agir avec eux pour vivre, enfin, entre nous différemment.
Regarder vers les autres
Le berger cherche sa brebis perdue et quand il la voit, il est plein de joie dans son cœur. La femme cherche sa pièce d’argent et quand elle la voit, elle a le cœur en joie.
Dans le désert du monde, le jeune homme voit des mirages : l’argent, le jeu, le vin de la fête qui fait tourner la tête, les filles. Mais tout se vide et s’épuise : le corps, la bourse, les bouteilles, le réservoir d’amour des autres et d’estime de soi.
Dans le champ, l’aîné est aveuglé par son travail, par l’obéissance de celui qui agit sans amour, pour être bien vu des autres, de son supérieur, de son chef. Il a un problème de vue : l’homme n’est pas son maître mais son père.
Dans la propriété familiale, le père est attentif à chacun, aux présents, aux ouvriers et aux domestiques, à l’aîné. Il espère aussi l’absent. Il le guette.
Le fils cadet est passé des mirages de l’amour au vrai visage de l’amour paternel.
Plus concrètement, il s’agit de « faire attention aux fragilités vécues par les personnes dans la ville et le partager ; de faire attention à la fraternité vécue effectivement dans notre ville et le partager ; de faire attention à l’écho de la Parole de Dieu perçu dans la vie des hommes et le partager. » (1)
Agir avec les autres
Le berger part seul à la recherche de sa brebis. Il aurait pu partir avec un chien. Il aurait pu demander l’aide d’un autre berger. La femme aurait pu demander à ses enfants de l’aider à retrouver sa pièce surtout si elle avait glissé sous un meuble. Le fils cadet quitte la communion familiale et se retrouve isolé. Il est désespérément seul dans le pays lointain, désespérément seul dans sa vie de désordre, désespérément seul à garder les porcs. Il garde la nostalgie des relations qui existaient dans la maison de son père. Un croyant seul est en danger de mort, dit-on. C’est vrai. Comme disciples de Jésus, nous ne pouvons pas agir seuls.
Plus concrètement, il s’agit de « développer le dialogue avec les autres croyants de Colombes ; de trouver des chemins pour rendre compte de la Bonne Nouvelle de l’Evangile : ‘tu as du prix aux yeux de Dieu’ ; de servir la fraternité dans la ville avec d’autres groupes ou associations. » (1)
Vivre entre nous
Comment les deux frères vivent-ils ? Ils s’ignorent. La concurrence, l’esprit de comparaison, la volonté de montrer sa force, les disputes sont des poisons. Il ne suffit pas de dire que Dieu a créé les hommes et les femmes comme des êtres de relation, pour que tout soit facile.
Comment les fils vivent-il avec leur père ? Ils ne reconnaissent pas leur père comme tel. Dans combien de famille n’est-ce pas le cas ? Même s’il est bon de quitter son père et sa mère pour fonder sa famille (Gn 2,24), le malin peut pervertir ce qui est bon en instituant un désir de s’émanciper, d’être autonome, de vivre 'sans Dieu ni maître', de fuguer à l’adolescence en pensant que tout ira mieux, en faisant croire que l’infidélité conjugale peut raviver le désir pour son conjoint, et qu’abréger les souffrances en donnant la mort permet de mourir dans la dignité.
La conversion du fils cadet commence par un retour sur lui-même, une prise de conscience. Il réfléchit. Personne ne lui parle. Au mieux, il parle seul. Si cela continue, il va devenir fou. Plus que la faim et le ventre vide, c’est la soif de relations humaines qui l’a fait revenir chez son père, même si c’est comme ouvrier. A son retour, le père organise une fête pour partager sa joie, pour le réintégrer dans la communion familiale, ce que l’aîné ne va pas comprendre
Plus concrètement, il s’agit de « lire et partager la Parole de Dieu en toutes circonstances de rencontre dans la vie paroissiale ; d’inventer les manières de faire une place effective aux plus fragiles dans la vie de nos groupes ; à tour de rôle les différents groupes de la paroisse préparent les liturgies du dimanche, en y rendant grâce pour les frères et sœurs rencontrés dans leur activité. » (1)
A certains moments, nous serons peut-être déçus par certains, comme le fut Moïse avec le peuple qui s’était fondu le veau d’or. A d’autres moments, nous nous décevons nous-mêmes et nous décevons ce qui croyaient en nous et qui attendaient plus de nous. Et pourtant, nous avons droit à l’erreur. Et pourtant, nous pouvons décider, comme le Seigneur de ne pas nous mettre en colère. Et pourtant, nous pouvons décider, comme le père de la parabole d’accueillir son jeune fils qui revient.
Ex 32, 7-11.13-14 ; Ps 50 ; 1 Tim 1, 12-17 ; Lc 15, 1-32
P. Olivier Joncour
(1) Projet Pastoral 2013-2014 de la paroisse St Pierre St Paul et St Etienne St Henri de Colombes. Les titres des 3 parties sont ceux de chaque partie du projet.