Le Témoignage de Dieu Homélie Baptême A (12.01.2014)
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Baptêmedu Christ A 12 janvier 2014 St Pierre St Paul Colombes
Le Témoignage de Dieu
Le baptême que Jean donnait dans le Jourdain était un geste par lequel les personnes qui s’y soumettaient déclaraient qu’elles voulaient changer de vie, se laisser transformer par Dieu, et étaient prêtes à accueillir la Bonne Nouvelle de la venue du Royaume de Dieu dans leur vie. Nous comprenons alors facilement la remarque du Baptiste lorsqu’il voit Jésus se présenter devant lui. Il sait que Jésus, en tant que Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu venu à la rencontre du peuple d’Israël et en tant que, de Dieu [ex Deo, Dei], le Fils, il n’est pas pécheur. C’est pourquoi nous l’entendons lui dire : C’est moi qui ai besoin de me faire baptiser par toi
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Les 3 récits de la Nativité suivie de la visite des bergers (Lc 2, 1-14), de la visite des mages à la crèche (Mt 2, 1-12)et du baptême de Jésus combinent habilement des êtres célestes qui viennent faire comprendre aux êtres terrestres l’origine divine de celui qu’ils pourraient ne croire être qu’un humain. Dans le récit de Luc entendu lors de la veillée de Noël, c’est l’Ange du Seigneur qui a prévenu les bergers « Aujourd’hui, vous est né un Sauveur, dans la ville de David. Il est le Messie, le Seigneur. » (Lc 2,11) Dans le récit de Matthieu entendu lors de l’Epiphanie, c’est une étoile qui a guidé les mages vers le Roi des Juifs : « Nous avons vu se lever son étoile et nous sommes venus nous prosterner devant lui. » (Mt 2,2)Dans le récit du baptême de Jésus, il y a 3 éléments célestes : les cieux s’ouvrent, l’Esprit de Dieu descend comme une colombe et vient sur lui et la voix de Dieu son Père qui le dit : Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; en lui j’ai mis tout mon amour. Cette phrase n’est pas tant pour Jésus qui le sait déjà intérieurement, elle est surtout pour les auditeurs, pour tous ceux qui sont venus se faire baptiser par Jean, et enfin pour nous. En effet, le fait que cette voix soit celle de Dieu authentifie dès le début l’identité de Jésus, sans ambiguïté. C’est le témoignage qui ne peut être remis en cause. A aucun moment dans les évangiles, Jésus se déclare lui-même le Fils de Dieu. Pas par adoption comme c’est le cas pour nous, mais bien par nature, de tout éternité.
Un adage affirme que l’on ne naît pas chrétien, mais qu’on le devient. C’est donc le fruit d’une longue transformation de son être, de son cœur, de son intelligence. C’est une longue maturation avec des changements qui ne sont pas visibles immédiatement à l’extérieur. Cela ne va pas sans résistance intérieure, entre notre volonté propre qui est appelée à diminuer et celle de Dieu qui doit grandir de plus en plus dans notre vie. Devenir chrétien, c’est ressembler de plus en plus à Jésus, jusqu’à pouvoir dire comme lui, à Gethsémani, « non pas comme je veux, mais comme tu veux. » (Mt 26,39). C’est vivre comme Jésus dans notre vie ordinaire, dans notre vie quotidienne, dans la dynamique de l’Esprit reçu à notre baptême. C’est vivre comme lui, tant dans les événements simples, ordinaires, comme ce fut le cas dans ses trente années de vie cachée à Nazareth, depuis sa naissance jusqu’à son baptême. Ces trente années ont préparé les 3 années de mission en Galilée, en Samarie, en Judée, et même ses quelques visites rapides à l’étranger, à Tyr et Sidon, ou en Décapole sur la rive est du lac de Tibériade. Pendant ces trois années itinérantes, où il marche d’un village à un autre, changeant souvent de maison pour dormir, sont aussi l’occasion pour Jésus d’apprendre sur les désirs et les soifs de l’homme et de la femme. Ces trois années sont surtout l’occasion de former ses apôtres, pour qu’ils le connaissent mieux, qu’ils le voient prier, enseigner, guérir, raconter des paraboles, s’intéresser et passer du temps avec les petits, les malades, les pécheurs. Ces trois années aboutissent à Jérusalem où, de façon condensée, dans une tension tragique, il va vivre dans un face-à-face avec le pouvoir religieux juif du Sanhédrin et le pouvoir politique romain. Le sommet est sa condamnation à mort sur la croix, où dénudé, s’abaissant au plus bas, il fait découvrir jusqu’où l’amour, l’amour de Dieu, peut aller. Après les 30 ans et les 3 années, il y eut les 3 jours qui ont changé l’histoire de l’humanité : le crucifié a été ressuscité. Pour notre humanité, c’est l’espérance qu’aucune situation aussi inhumaine soit-elle, personnelle ou collective, n’est une impasse. Il y a toujours une sortie de crise possible, vers le haut, vers la vie, vers l’infini. C’est espérer malgré tout.
Qui d’autre que Dieu pouvait nous le dire et le vivre ? Et si c’est Dieu qui nous le propose et comme nous le voyons Jésus vivre, l’aventure n’en vaut-elle pas d’être risquée et vécue avec ses imprévus ?
Is 42, 1-4.6-7; Ps 28; Ac 10, 34-38; Mt 3, 13-17
P. Olivier Joncour