Le chameau, l'éléphant et l'âne des mages Homélie Epiphanie (5.01.2014)

Dimanche de l’Epiphanie 5 janvier 2014

Le chameau, l'éléphant et l'âne des mages

les 3 mages : Melchior, Gaspard et BalthazarL’évangile de St Mathieu raconte le voyage et la visite des mages à l’enfant Jésus. Ils ont apporté trois cadeaux : l’or, la myrrhe et l’encens. C’est de ce nombre de cadeaux qu’Origène (185-254) en a conclu qu’ils étaient trois (Homélies sur la Genèse 14,3). C’est un autre texte, tardif, du VI° S (Excerpta Latina Barbari), que nous apprenons leurs noms : Melchior, Gaspard et Balthazar, et aussi dans un évangile apocryphe de la même époque (L’Evangile arménien de l’Enfance). Comme, dans l’Evangile de St Matthieu, les mages représentent l’humanité qui n’est pas juive on a déduit que l’un avait la peau noire, un autre la peau jaune et le dernier la peau rouge.

éléphant républicain et âne démocratePar contre, ce que personne n’a jamais dit, moi, un petit agneau de la crèche, je vais vous le raconter. L’un des mages avait voyagé sur un chameau, un autre sur un éléphant et le dernier sur un âne. Et je ne vais pas parler ici des démocrates et des républicains que ces deux derniers animaux symbolisent aux Etats-Unis d’Amérique.

un chapeau a transporté un des magesL’un des mages a donc voyagé sur un chameau. Cet animal à deux bosses peut stocker une grande quantité d’eau. Il peut boire 135 litres en 10 minutes et peut ne pas boire pendant plusieurs jours. Il peut traverser le désert sans boire, comme les nomades peuvent le faire en convoi pour voyager et transporter des objets lourds. Le chameau est donc venu aussi s’incliner devant le petit enfant, lui qui beaucoup plus grand, alors qu’il avait soif demanda à boire à une Samaritaine, avant de lui dire « Si tu savais le don de Dieu, si tu connaissais celui qui te dit : ‘Donne-moi à boire’ ; c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive. […] Celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai, n’aura plus jamais soif ; et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui source jaillissante pour la vie éternelle. » (Jn 4, 10.14) 

Le deuxième des trois mages a voyagé à dos d’éléphant. Cet animal qui pèse plusieurs tonnes est connu pour sa force. Dressé par l’homme, il peut tirer des charges très lourdes. On pense à son rôle dans certaines armées de l’antiquité, et leur réputation dans l’armée d’Hannibal. L’éléphant est très adroit grâce à sa trompe. Il est donc venu aussi s’incliner devant le petit enfant, devant Celui qui s’est fait humble, petit et faible, alors qu’il était tout puissant de toute éternité. S’il avait été maladroit, il aurait pu écraser l’enfant. Junior, le jeune éléphant du ‘Livre de la Jungle », aimait jouer avec MowgliMais cet animal est aussi connu pour sa mémoire et son intelligence. Et Dieu n’a-t-Il pas créé chaque animal. L’éléphant est donc venu faire une génuflexion devant l’enfant de la crèche, comme ses congénères qui saluent après un numéro de dressage des cirques. Il aurait aimé jouer avec l’enfant, comme Junior, le jeune éléphant du ‘Livre de la Jungle », l’a fait avec Mowgli. Mais l’éléphant se retire déjà pour laisser la place à l’âne.

L'âne de Buridan hésite entre le sac d'avoine et le seau d'eauLe troisième mage est arrivé sur un âne. Cet animal a souvent mauvaise réputation. On dit de lui qu’il est têtu, qu’il n’en fait qu’à sa tête. Les plus anciens se souviennent des bonnets d’ânes que l’on mettait sur la tête du dernier de la classe ou de celui qui était puni et envoyé au coin. Il retrouve dans la crèche un de ses cousins qui avait porté la mère de l’enfant jusqu’à Bethléem. C’est lui encore qui accompagnera le jeune couple et l’enfant divin lors de leur fuite en Egypte pour échapper au massacre des nouveaux nés (Mt 2, 13-23). A aucun moment, il n’hésite comme l’âne de Buridan. Plus d’une trentaine d’années plus tard, Jésus demandera à entrer à Jérusalem sur une ânesse et son petit (Mt 21, 2-7)pour y vivre ses derniers jours.

Crucifixion Retable d'Issenheim Jean-Baptiste Moi, le petit agneau, je me suis aussi incliné devant cet être si fragile, lui qu’une trentaine d’années plus tard son cousin Jean allait désigner comme « l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jn 1,29)Lui qui trois ans plus tard serait l’Agneau offert en sacrifice sur l’autel de la croix (He 5, 7-9). Moi, le petit agneau, je m’attendais à voir un autre animal, qui n’est pas venu : le lion. Lui, le chasseur aurait dévoré le nouveau-né et n’en faire qu’une bouchée s’il avait faim. Moi aussi il aurait pu me dévorer. Pourtant, nous connaissions tous la prophétie d’Isaïe : « le loup habitera avec l’agneau, […] le veau et le lionceau seront nourris ensemble, un petit garçon les conduira. » (Is 11, 6a.7b). Le Lion du 'Monde de Narnia'Pourtant, le lion, le roi des animaux, y compris le Lion du 'Monde de Narnia' (C.S. Lewis) aurait aussi pu venir s’incliner devant le Roi des Juifs et le Roi de l’Univers, le Roi de la Création.

Dieu a invité les bergers juifs puis les mages païens à venir rendre visite au Sauveur du monde avec les animaux qui les accompagnaient. A notre tour, nous pouvons nous l’acclamer à la fin de l’Evangile et nous incliner devant Lui lorsque l’on nous présente le Corps du Christ. Cela nous donne aussi l’audace d’inviter, à notre tour, des non-chrétiens à partager la galette des rois et à leur raconter d’où vient cette tradition, en lisant l’Evangile de Mt devant la crèche !

Is 60, 1-6 ; Ps 71 ; Ep 3, 2-3a.5-6 ; Mt 2, 1-12

P. Olivier Joncour

Bonus : Le Cathologue : "L'âne de la crèche est-il devenu célèbre ?"

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