L'échange avec Jésus Homélie St Sacrement C 2013.06.02

Dimanche du St Sacrement C Dimanche 2 juin 2013 St Pierre St Paul de Colombes messe de 1° communion

L'échange avec Jésus

Nous verrons qu’en temps de crise, certains sont obligés de faire une croix sur certains repas, puis que la Communion est un échange.

Quel repas en situation de crise ?

Beaucoup vont penser à des familles aux revenus faibles qui vont se ravitailler aux Restos du Cœur ou qui vont à l’épicerie solidaire de la Fraternité St Vincent de Paul. Effectivement, la crise économique rime souvent avec repas simples. Les plus anciens se rappelleront l’absence de variété du contenu de leurs assiettes pendant la 2^nde guerre mondiale.

Avec cette foule affamée, en plein désert, Jésus doit aussi gérer une situation de crise, alors qu’il n’a que cinq pains et deux poissons ! Pourtant, tous mangèrent à leur faim, et l’on ramassa les morceaux qui restaient : cela remplit douze paniers. L’amour ne se divise pas, il se multiplie, comme celui des parents pour chaque enfant.

Quelques mois plus tard, le dernier repas de Jésus avec ses amis était aussi un repas dans un  contexte de crise : juste avant son arrestation. Un repas où il va donner de la force à ses amis. Un repas peu de temps avant que la communauté des apôtres soit brisée, dispersée après son jugement, sa condamnation et sa mort sur la croix.

La Cène est ce repas où la vie de Jésus est brisée. La messe est ce repas où le Corps du Christ est fractionné en plusieurs morceaux, partagé entre chaque baptisé. La Cène est l’annonce du sacrifice, du don de sa vie au Père pour rassembler le monde dans l’unité. La messe est le sacrifice du Seigneur dont les effets sont toujours actuels.

La Communion est un échange.

L’une des lettres de demande que chacun a pu écrire et illustrer a attiré mon attention. Je tiens à préciser qu’elles ont été écrites avant la semaine sainte. Voici ce que j’ai lu : « je veux partager et connaître mieux Jésus, échanger avec lui. » C’est beau et juste. En lisant « je veux échanger avec Jésus », je me dis que cet enfant a compris que dans la messe, ce n’est pas à sens unique. Si Jésus se donne à nous dans sa Parole et dans le Pain de l’Eucharistie, il nous permet aussi de nous donner à notre tour. D’offrir notre vie à Dieu comme Jésus.

Sur la lettre, il y a aussi un dessin. Il y a une table de ping-pong avec deux joueurs : d’un côté : « moi » et de l’autre « Jésus » avec son auréole. A côté du dessin, il y a la légende : « je fais l’échange avec Jésus. » Alors là, je suis estomaqué ! Ce qu’aucun théologien n’a jamais exprimé, un enfant nous le fait découvrir : communier, c’est à la fois aussi simple que jouer au tennis de table avec Jésus : il m’envoie la balle et je la lui renvoie. Je fais un échange avec Jésus, ce n’est pas difficile : la balle qu’il envoie, c’est son amour, sa force, sa vie qu’il donne. Et moi, je lui réponds, je lui renvoie la balle, je lui montre que je l’aime. Autrement dit, il nourrit en moi en la vie divine, la vie éternelle qui a commencé à grandir depuis mon baptême. Et moi je peux aimer, vivre, agir et servir les autres grâce à ce que j’ai reçu de Lui. C’est génial ! Contrairement à un match où on est adversaire, où on cherche à déstabiliser l’autre, je peux me servir de la force de la balle-hostie de Jésus pour l’aimer directement ainsi que tous ceux qui sont dans une situation de manque pour que l’amour de Jésus passe par mes gestes et mes paroles.

Quel admirable échange où le Fils de Dieu qui s’est fait homme nous ressembler à Lui ! Quel admirable échange où du pain quotidien, si banal, si ordinaire, fruit de la terre et du travail du semeur, du moissonneur, du meunier, du boulanger est devenu le signe de la présence visible et bien tangible que Jésus a voulue donner à ses disciples. Quel admirable échange où nous devenons le Corps du Christ pour nourrir le monde entier ! Donnez-leur vous-mêmes à manger !

Finalement, même en pleine crise, des signes d’espérance sont donnés : le don devient un échange pour nous faire grandir en attendant la 2^nde venue de Jésus dans la gloire divine !

Gn 14, 18-20 ; Ps 109 ; 1 Co 11, 23-26 ; Lc 9, 11b-17

 P. Olivier Joncour