Joseph, un père pour Jésus Homélie 2013.12.22 4° dim Avent A

4° dimanche de l’Avent A 22 décembre 2013 St Etienne St Henri et St Pierre St Paul de Colombes

Joseph, un père pour Jésus

Nous faisons halte dans la 4° auberge sur notre route vers Bethléem, alors que nous approchons du village où est né David. Dans ses ascendants comme dans ses descendants, 2 Joseph sont les fils de 2 Jacob. Ils ont en commun que Dieu leur ait parlé en songe.

Les 2 Joseph, fils de 2 Jacob :

Dans la généalogie de Jésus au début de l’évangile de St Matthieu, nous découvrons que le père de Joseph s’appelle Jacob (1,16). Or, parmi les 12 fils d’un autre Jacob, plusieurs siècles auparavant, il y avait déjà un Joseph, le fils de Jacob et Rachel. C’est l’homme qui eut la vie sauve après avoir été vendu par ses frères comme esclave à des nomades qui le vendirent en Egypte. Joseph est un homme juste qui ne cherche pas à se venger de ses frères lorsqu’il les reconnaît alors qu’ils viennent acheter du blé tandis que leur pays connaît une famine.

L'autre Joseph est amoureux de Marie. C'est un homme de foi en Dieu qui fait confiance à l’ange, et donc à Marie. Il a été le croyant qui a accueilli dans la foi la révélation de l’envoyé divin, sans discuter, sans poser de question, sans douter. St Joseph, c’est l’homme qui donne sa réponse en action : il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse. Lui dont le nom signifie « accroissement », « augmentation » (Homélie St Césaire d’Arles Jacob et son fils Joseph n°5, cité dans Thèmes et figures bibliques I/II, DDB, coll ‘Les Pères dans la foi’, p. 206), a vu sa foi en Dieu grandir à cette occasion. De même qu’Il avait annoncé par la voix du prophète Isaïe que la Vierge concevrait et elle mettrait au monde un fils, l’ange annonçait la proximité de la réalisation : l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ; elle mettra au monde un fils, auquel tu donneras le nom de Jésus. Il a cru sans voir.

Joseph, l’homme aux songes n’est pas un doux rêveur.

Il se passe des événements importants dans le sommeil des hommes. Rappelons-nous le « sommeil mystérieux » dans lequel le Seigneur Dieu a plongé Adam pour prendre « de la chair dans son côté » avant de refermer, et « former une femme » (Gn 2,21-22). Dans la Bible, le songe est souvent un moyen utilisé par l’auteur biblique ou par Dieu pour faire comprendre sa volonté. On est loin de Freud. En ce temps-là, le Seigneur avait fait le don de savoir interpréter les rêves à Joseph, fils de Jacob et Rachel. Lui seul sut donner le sens de deux songes de Pharaon qu’il fallait rapprocher : les 7 vaches grasses et 7 autres maigres. Je vous invite à lire ou relire le chapitre 41 du livre de la Genèse. Joseph est l’homme aux songes. Deux songes annonçaient en images au petit Joseph que son père et ses frères se prosterneraient un jour devant lui (Gn 27). Des siècles plus tard, le rêve de Joseph, l’époux de Marie, ne comportait pas de difficultés. Il était clair, limpide.

Comme le premier homme, Adam, avait accueilli la femme, pour « s’attacher à elle, et ne faire plus qu’un » (Gn 2, 24), Joseph prit chez lui son épouse. Comme Eve fut une bonne nouvelle pour le 1° homme, pour qu’il ne soit pas seul, et qu’elle soit un vis-à-vis pour lui (Gn 2,18), pour les aider à devenir ce à quoi Dieu les appelait, Marie portait en elle une Bonne Nouvelle, ‘l’Evangile de la joie’, le Fils de Dieu en personne.

Dieu qui lit dans le secret des cœurs et des esprits a voulu rassurer Joseph et lui montrer que s’il était un homme juste, sa jeune épouse Marie l’était également davantage. St Joseph semble dans l’ombre de Marie, pourtant, comme les pères de famille ont pu y réfléchir ensemble début juillet lors de leur pèlerinage vers Vézelay, ‘il était une foi St Joseph’. Lui, le charpentier de Nazareth, a pris soin de Marie. Lui, la figure paternelle humaine réelle a éduqué en humanité le Fils de Dieu venu partager notre vie terrestre. Lui, l’époux est devenu père en adoptant Jésus en lui donnant son nom : Jésus, à l’état civil, Emmanuel, dans la prophétie d’Isaïe. Le-Seigneur-sauve, Dieu-avec-nous. Tout un programme qu’il vivra jusqu’au bout et dont nous sommes encore les bénéficiaires.

Rendons grâce à Dieu d’avoir donné Joseph à Marie. Nous le nommons depuis quelques mois à chaque messe dans la prière eucharistique, à la demande du pape François. Le risque de la dévotion mariale, c'est de tout centrer sur Marie, d'oublier qu'elle avait Joseph à ses côtés et qu'ils formaient un couple à qui le Seigneur notre Dieu avait confié Jésus. Rendons grâce pour tous les saints Joseph qui veillent sur leur épouse, pour tous les Joseph qui accueillent une nouvelle vie même si cela les dépasse, pour tous les Joseph qui veillent sur l’enfant qui leur est confié au milieu du champ de la mort des nouveaux-nés de Bethléem, pour tous les Joseph qui apprennent l’amour du travail bien fait à leurs enfants, pour tous les Joseph qui agissent plus qu’ils ne parlent. St Joseph est l’homme qui s’efface devant Marie et son Fils ; l’homme qui se retire et reste en retrait, au dernier plan. Selon l'exemple de son saint patron, en février dernier, Joseph Ratzinger a décidé de se retirer, de se mettre en retrait, pour que le Corps du Christ continue à grandir, qu'il se renouvelle de l’intérieur, qu'il rajeunisse et sorte de lui-même pour aller rencontrer les exclus à la périphérie.

Is 7, 10-16 ; Ps 23 ; Rm 1, 1-7 ; Mt 1, 18-24

P. Olivier Joncour

Bénédiction des pères de famille à la fin de la messe