Jésus, chemin du ciel pour lequel nous sommes faits Homélie Ascension C 2013.05.09

Jeudi 9 mai 2013 Ascension C St Etienne St Henir de Colombes

Jésus, le chemin du ciel pour lequel nous sommes faits.

J’aimerais vous parler aujourd’hui de la terre et du ciel. Souvent, nous les opposons. Nous allons voir qu’ils sont beaucoup plus proches que nous ne le pensions a priori. Entre ceux qui ne touchent pas terre et ceux qui sont au 7° ciel, y a-t-il un lieu de rencontre possible ? Pour la Bible, le Ciel, les cieux représentent la demeure de Dieu. « Notre Père, qui es aux cieux, … » nous a appris Jésus. La terre, au contraire, est cet espace où Dieu a mis de l’ordre. C’est le lieu de la demeure des animaux et des êtres humains.

Qui n’a jamais joué dans son enfance à la marelle dans la cour de récréation, ce jeu où il faut passer de la case ‘Terre’ à la case ‘Ciel’. Un travail de recréation de Dieu qui dure des années, où chaque case représente dix ans pour beaucoup.

Au moment où Jésus monte au ciel avec son corps ressuscité, son âme et son cœur, il passe alors au second plan. Jésus nous montre le chemin du ciel. « Je pars vous préparer une place. » (Jn 14,2) Celui qui est la Tête du corps de l’Eglise (Ep 5,23) est passé le premier ouvrant un passage à toute l’Eglise, c’est pourquoi lors de la naissance, il est si important que la tête passe la première ! …

Avec le nombre de satellites dans le ciel, nous savons que la terre est reliée au ciel dans les deux sens. C'est le rôle du St Esprit. Pourquoi tant d’hommes et de femmes ont du mal à en tirer les conséquences pour leur propre vie ? C’est l’aveuglement et la surdité produits par le diable qui a coupé la raison du cœur, la terre du ciel.

Or, terre et ciel sont reliés. Il n’y a pas de plafond, ni de toit imperméables. Et même les nuages gris et épais qui nous feraient oublier le soleil, n’empêchent pas les communications entre Dieu et les hommes, dans les deux sens. Ceux qui sont sur terre peuvent demander à ceux qui sont au Ciel d’intercéder auprès de Dieu. Les saints qui sont au ciel prient pour nous qui ne sommes pas encore au ciel. Rappelons-nous ce qu’a dit la petite Thérèse : « Je passerai mon ciel à faire du bien sur la terre. » C’est la communion des saints. Pour les chrétiens d’orient, la liturgie terrestre est un reflet de la liturgie céleste.

Depuis qu’Adam et Eve étaient sortis du jardin d’Eden, la porte du ciel était fermée. Grâce à Jésus aimant sur la croix, elle s’est ouverte à nouveau. Lorsque Jésus est mort, St Matthieu raconte que, dans le Temple de Jérusalem, le rideau s’est déchiré en deux de haut en bas (27,51).

Pourquoi Dieu a-t-Il créé le 4° jour autant d’étoiles, en plus du grand astre du jour et du petit astre de la nuit (Gn 1,16), messire frère soleil et notre sœur lune, comme aimait les appeler St François d’Assise ? Serait-ce uniquement pour montrer à Abram quelle serait sa descendance ? Oui, mais pas seulement. Avec ce que nous disent les astrophysiciens, nous savons qu’il existe plusieurs galaxies, plusieurs systèmes solaires. Sans doute, Dieu voulait-Il que, la nuit, les hommes en regardant le ciel, aient comme un vertige métaphysique qui leur donnerait l’intuition de l’In-fini, de Dieu lui-même ! Le ciel est un espace de liberté. Combien de prisonniers n’ont-ils pas regardé vers le ciel et ne se sont-ils pas échappés quelques instants de leur cellule !

Nous sommes créés pour vivre sur cette terre. Mais nous sommes prévus pour beaucoup plus grand. Nous sommes faits pour le ciel. « L’homme passe l’homme » écrivait B. Pascal (Pensées). Nous sommes paramétrés pour vivre au ciel. « Je est un autre » écrivait Rimbaud, repris par Maurice Zundel. Mais combien le savent ? Combien se donnent les moyens d’y arriver avec l’aide de Dieu ? Combien, au contraire, croient qu’il n’y a rien en dehors de la terre ? Or, nous sommes faits pour l’Infini. La quête de la beauté, du bonheur, du bien, de la vérité, de l’amour est un chemin qui peut conduire celui qui a soif à Dieu.

Qu’est-ce qu’un chrétien ? C’est un disciple de Jésus qui a la tête au Ciel et qui a les pieds sur terre. C’est un vivant, debout. C’est un humain que Dieu divinise. C’est quelqu’un qui est à la fois capable d’avoir un œil vers le ciel et l’autre vers le frère qui a besoin de son aide. C’est quelqu’un qui a une main tendue vers Dieu, et l’autre vers son prochain ? C’est quelqu’un qui a une oreille à l’écoute de la Parole de Dieu et l’autre vers celui qui demande de l’aide. Où se fait la réunion de ces deux dimensions à articuler ? Pas évident … Ne serait-ce pas dans les poumons qui sont le lieu d’échange entre l’oxygène inspiré dans l’air et le gaz carbonique qui revient des muscles et qu’il faut expirer. Aussi en Jésus-Christ, vrai homme et vrai Dieu, né d’une femme et de même nature que Dieu le Père et le St Esprit St.

Lors de son ascension, le Verbe fait chair n’a pas quitté son humanité. A partir du moment où Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu, non pas contre Lui, ni sans Lui, ni en dehors de Lui, mais par Lui, avec Lui et en Lui, cela induit de nouveaux rapports entre Dieu et l’homme. En Jésus, nous découvrons l’image du Dieu invisible écrit St Paul dans l’hymne aux Colossiens (1,15). En Jésus, nous découvrons l’Homme nouveau tel que Dieu notre Père voulait que nous devenions avant le commencement, des êtres libres, libres de dire oui, d’entrer dans le projet de Dieu.

Ac 1, 1-11; Ps 46 ; He 9, 24-28; Lc 24, 46-53 

P. Olivier Joncour