Famille réelle Homélie Sainte Famille (28.12.2014)
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Dimanche 28 décembre 2014 Dim Ste Famille St PP Colombes
Famille réelle
La famille est un thème d’actualité voulu par le Pape François qui a voulu mettre sur la table cette belle réalité dont les formes actuelles sont multiples. Du point de vue de la méthode, il n’a pas voulu en faire que l’affaire de certains évêques. Rappelons-nous que tout a commencé par un questionnaire envoyé il y a plus d'un an aux baptisés les invitant à réagir et à y répondre. Sur la paroisse, c’est ce qu’ont fait par exemple les couples animateurs de la préparation au mariage. Leurs réponses ont été remontées à notre évêque qui en a fait une synthèse envoyée à Rome. Avec toutes les contributions a été rédigé un document de travail qui a servi de point de départ aux discussions lors du Synode qui a eu lieu en octobre dernier, où sont intervenus en plus des évêques quelques couples mariés, aux avis nombreux. Il en est sorti un rapport final voté. Lisez-le, c’est facile à lire : c’est en trois partie : 1. L’écoute : contexte et défis ; 2. Le regard sur Jésus ; 3. La discussion. A ce rapport a été ajouté un questionnaire pour aider les baptisés à le lire et à continuer la réflexion. A nouveau, le pape nous propose de remonter nos réflexions au diocèse pour nourrir le travail de ce qui se passera à Rome, au synode ordinaire en octobre 2015. L’Equipe pastorale vous fera une proposition bientôt. Ce processus de dialogue, de va-et-vient, est ce qu’on appelle la synodalité, qui est bien connue dans les Eglises orthodoxes et qui est aussi pratiquée dans le protestantisme, a été remis en valeur par le Concile Vatican II. A partir des propositions qui seront faites au pape François, celui-ci rédigera une exhortation apostolique qu’il adressera à toute l’Eglise.
J’ai cherché ce que les évêques ont écrit à propos de Marie et Joseph et de Jésus dans le rapport du Synode de cet automne. Il y a seulement deux phrases : « Jésus a pris place dans une famille. » (n°14) et dans le dernier paragraphe, en forme d'ouverture pour la suite : « Le cheminement collégial des évêques et la participation de l’ensemble du peuple de Dieu sous l’action de l’Esprit Saint, en ayant pour modèle celui de la Sainte Famille, pourront nous guider pour trouver des voies de vérité et de miséricorde pour tous. » (n°62) C’est peu dans l’ensemble du texte.
Revenon à l'Evangile : dans ce récit qui a lieu le quarantième jour après la naissance de l’enfant-Dieu, comme le prévoit la Loi, ce sont trois générations différentes qui sont présentes : le bébé ; ses parents, Marie et Joseph ; et deux personnes très âgées : un homme, Syméon, et une femme, Anne. Remplis d’Esprit St, ils se font les porte-parole de Dieu en disant à voix haute ce qu’ils savent sur l’enfant. Dans la vie et dans la Bible, c’est toujours le cas : ce sont toujours des personnes qui en reconnaissent une autre : Abraham donna un nom à Isaac ; Zacharie a donné son nom à Jean (Lc 1,63), Joseph a donné son nom à Jésus (Mt 1,25). Au Temple de Jérusalem, là où, plus des 16 mois (6+9 mois+40 jours) plus tôt, l’ange du Seigneur avait annoncé à Zacharie qu’il aurait un fils (Lc 1,12) et, là où, douze ans plus tard, nous retrouverons Marie, Joseph et Jésus venus en pèlerinage (Lc 2, 41-52), nous avons entendu que Syméon désigne Jésus comme le Messie, le Christ, et Anne le désigne comme le Sauveur. Cet enfant est donc accueilli dans une famille plus large que la sienne, dans la descendance d’Abraham, dans le peuple choisi. En cette heure, admirons la persévérance, la fidélité, et l’espérance du vieillard Syméon dont nous reprenons le cantique chaque soir avant de nous endormir (Complies) : Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller dans la paix, selon ta parole, car mes yeux ont vu le salut que tu as préparé à la face de tous les peuples : lumière pour éclairer les nations païennes, et gloire d’Israël ton peuple. La venue d’un enfant au monde concerne bien plus que sa famille naturelle, elle concerne aussi l’humanité et sa famille spirituelle.
Nous savons tous que la famille parfaite n’existe pas, ni le mari parfait, ni la femme parfaite. Pas plus que les enfants parfaits, ni la belle-mère parfaite, à moins que vous ne le soyez pour votre gendre ou votre belle-fille! Au contraire, nous vivons avec nos talents, et nos limites, nos refus. Et l’Evangile donne trois pistes concrètes pour progresser dans cette vie ensemble :
1) « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » (Mc 10,51 ; Lc 18,41) C’est tout le contraire de ‘fais ceci pour moi.’
2) « Père, je te rends grâce. » (Jn 11,41) C’est la logique du remerciement, de l’émerveillement. C’est l’accueil de tout comme un don, et non pas comme un dû, y compris l’autre !
3) « J’ai péché contre le ciel et contre toi. » (Lc 15,21) C’est la logique du pardon et de la paix entre les personnes, en nous rappelant que plus on attend, plus cela risque de devenir difficile de se retrouver. C’est pourquoi il est conseillé de le faire avant de se coucher pour retrouver la communion. Communion familiale, conjugale, fraternelle, entre parents et enfants. C'est vital.
Gn 15,1-6 . 21,1-3 ; Ps 104 ; He 11, 8.11-12.17-19 ; Lc 2, 22-40
P. Olivier Joncour