Centripète ou centrifuge ? Homélie 2013.08.04 18° dim TO C

Dimanche 4 août 2013 18° dimanche TO C St Pierre St Paul Colombes

Centripète ou centrifuge ?

Ce week-end au milieu de l’été, Bison futé a annoncé des déplacements très chargés sur les routes, entre les départs et les retours de vacances. Dans la parabole de l’homme riche, Jésus nous invite à vivre un déplacement intérieiur. Il propose à ses disciples un changement de logique, de référence, de repère central.

CopernicNous avons entendu parler de la révolution copernicienne. Copernic, un  scientifique du début du XVI° S., a déclaré que ce n’était pas la terre qui était au centre de l’univers, comme on le croyait jusqu’à présent, mais le soleil. Pour la révolution chrétienne, il en va de la même logique : il s’agit de quitter l’illusion que « Moi, je » est au centre du monde, pour découvrir que c’est Dieu. Il est la lumière qui éclaire le monde. Il est Celui qui rend la vie possible. Il est Celui qui nous donne la chaleur. A certains moments de notre vie, c’est le plein été. A d’autres moments, il fait plus froid, on ne voit que des nuages dans le ciel gris, orageux, menaçant. Et pourtant, le soleil est toujours là, même si nous ne le voyons pas. Il est juste derrière les nuages. C’est cela aussi croire sans voir, sinon il n’y aurait plus l’alternance du jour et de la nuit. Sinon toutes les mers et les rivières, tous les océans seraient gelés.

Tout ramener à soi, c’est un mouvement égo-centrique. C’est la force centripète qui ramène tout à soi. Au contraire, tout rapporter en vue des autres, c’est la force centrifuge qui part du centre vers l’extérieur.

Il s’agit d’abandonner le moi-possessif, ce ‘moi’ qui est le produit de nos conditionnements, de nos peurs, de nos blessures passées, pour passer au moi ouvert, devenu libre et source de générosité (cf Maurice Zundel). Deux logiques s’opposent : la productivité, comme au temps de Joseph en Egypte lors des 7 années de vaches grasses pour préparer les années de famine (Gn), et la fécondité, la sécurité matérielle et la foi en Dieu, thésauriser et partager. Qui donne la vie ? Les richesses accumulées ou Dieu ? Or, la présence et la proximité de Dieu ne nous étouffent pas. Son amour n’est pas castrateur. Son amour paternel et maternel nous fait exister et vivre chaque jour.

EinsteinNous avons tous entendu parler de la ‘Loi de la relativité’ d’Albert Einstein. Nous avons plus de mal à l’expliquer. Jésus, bien des siècles avant le scientifique du début du XX° S., a déclaré que les richesses et les biens sont relatifs par rapport à Dieu et au prochain : ils ne doivent pas prendre la place de Dieu. Ils doivent être mis au service des autres. Sinon, dans un premier temps, nous sommes les propriétaires de nos biens. Dans un second temps, ce sont eux qui finalement nous possèdent, dont nous devenons les esclaves.

Jésus critique la logique de l’avoir, du toujours plus que ce qui nous est nécessaire, de l’accumulation insatiable. Voie du Nord du Chemin de St Jacques de CompostelleA la suite de Jésus, le pèlerin de St Jacques qui marche vers Compostelle, comme j'ai pu l'être pendant une partie de mes vacances entre Hendaye et Santander, se déleste de l’accessoire pour ne garder que l’essentiel. Il laisse toutes les fausses sécurités qu’il avait mises dans son sac pour s’abandonner à la Providence. Il abandonne tout ce qu’il avait pris en superflu dont il avait peur de manquer : il fait l’expérience que le Seigneur lui donnera ce qui lui est nécessaire : un toit pour la nuit, le pain qui nourrit et des fruits, des amis qui marchent avec lui avec qui il partage la chaleur du jour et le repos.

Jésus, par sa parole qui rend libre, nous invite à revoir la hiérarchie de nos références, de nos priorités. C’est là que nous comprenons mieux le vanité des vanités de l’Ecclésiaste, sans forcément être aussi pessimiste que lui. Pensons au nombre de familles qui se déchirent après un décès lors du partage de l’héritage. Certains anticipent le partage du temps de leur vivant en faisant une donation-partage. Agir comme le Christ, vivre en ressuscités avec Lui, c’est entrer dans la logique de Dieu. C’est découvrir qu’il y a un héritage beaucoup plus important que Dieu veut nous léguer à la mort de son Fils : le Royaume de Dieu. Comme l’écrivait St Jacques : « Dieu, lui, n'a-t-il pas choisi ceux qui sont pauvres aux yeux du monde ? Il les a fait riches de la foi, il les a fait héritiers du Royaume qu'il a promis à ceux qui l'auront aimé.  » (2,5) ou St Paul aux Romains « Puisque nous sommes ses enfants, nous sommes aussi ses héritiers ; héritiers de Dieu, héritiers avec le Christ, si nous souffrons avec lui pour être avec lui dans la gloire. » (8,5)

Qo 1,2 ; 2, 21-23 ; Ps 89 ; Col 3, 1-5.9-11 ; Lc 12, 13-21

P. Olivier Joncour

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