Jésus, Pierre et ses successeurs Homélie 3° dim Pâques C (4.05.2025)

Dimanche 4 mai 2025 3° dim Pâques C NDA St Jean des Grésillons

Jésus, Pierre et ses successeurs

Lors de Jeudi Saint, Jésus prié pour que la foi de Pierre ne défaille pas (cf Lc 22, 32). Par extension, on peut dire qu’il l’a fait et continue de le faire pour chacun de ses successeurs.

Faisons des pauses sur la progression de ce récit qui nous révèle des points importants de la relation entre le Christ Jésus et St Pierre. Nous sommes dans l’attente d’un nouveau successeur du premier des apôtres comme évêque de Rome, après la mort du Pape François, la messe de ses funérailles il y a une semaine, et dans le cadre des Congrégations générales où les cardinaux apprennent à mieux se connaître, à accueillir et recueillir les grâces reçues pendant le Pontificat du Pape François, mais aussi à parler des enjeux de la vie de l’Église présente et future.

Comme dans les autres récits des rencontres de Jésus ressuscité, c’est toujours lui qui prend l’initiative. Une des preuves qui montre que les apôtres n’ont rien inventé, c’est qu’à chaque fois, et encore aujourd’hui, les disciples ne sont pas à leur avantage : ils ne le reconnaissent pas immédiatement, et Jésus, de son côté, ne le leur reproche pas du temps qu’il leur faut pour le reconnaître. Il ne leur dit pas qu’Il est le Ressuscité, le Vivant, le Seigneur. Jésus se manifesta encore aux disciples sur le bord de la mer de Tibériade, et voici comment.

Alors qu’il est retourné en Galilée à sa vie d’avant avoir été appelé, Simon-Pierre, pour gagner sa vie, décide de faire ce qu’il faisait jusqu’au moment où Jésus est passé bouleversé sa vie, c’est-à-dire la pêche. Les six autres décident de l’accompagner : nous allons avec toi. Ce n’est pas de la pêche avec une canne, mais aux filets. C’est très sportif. Cela demande de la force, y compris de rester éveillés la nuit. Pierre y va donc avec les autres. Comme le successeur de Pierre qui ne travaille pas seul : il travaille avec d’autres cardinaux, en communions avec les évêques, les prêtres, des laïcs, en fait avec tous les baptisés, tous engagés comme « pêcheurs d’hommes » (cf Mt 4,10 ; Mc 1, 17 ; cf Lc 5,10b), tous disciples-missionnaires. Le Pape François s’était entouré du conseil de 9 cardinaux, le C9, des hommes de confiance pour réfléchir avec eux. Et dans les Actes des apôtres, au chapitre 5, les apôtres sont restés ensemble, solidaires. Lors qu’ils sont interrogés par le grand prêtre, Pierre et les apôtres déclarèrent. Ils font un seul bloc. Non pas Pierre seul, mais groupés. Ils s’expriment en nous : quant à nous, nous sommes les témoins de tout cela avec l’Esprit Saint. A une autre échelle, il a renforcé, élargi et généralisé la démarche synodale.

Revenons à l’évangile : C’est le Seigneur crie l’un des sept qui a reconnu le Ressuscité sur le rivage, celui-là même qui a cru en premier, avant Pierre, en entrant dans le tombeau vide et en voyant les linges posés à plat et « le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, roulé à part, à sa place » (Jn 20,7) Autrement dit, ce n’est pas Pierre, mais le disciple que Jésus aimait. Dans une équipe, on a besoin les uns des autres et on est complémentaire. Pierre n’est pas le plus rapide à reconnaître Jésus. Pierre n’est pas le plus parfait. Et pourtant, c’est à lui que Jésus confirme qu’il lui confie de guider et de prendre soin de son Eglise. Sois le berger de mes brebis.

Après les filets remplis, Pierre se jeta à l’eau. Pendant le conclave qui va commencer mercredi 7 mai, les cardinaux vont voter, après avoir chanté le Veni creator Spiritus, s’être engagés au secret et à voter pour celui que le Seigneur leur montrera comme étant l’homme de la situation. Le cardinal qui aura obtenu plus de 66 % des voix et qui aura donné son accord devra ensuite choisir un prénom qui donner le style de son pontificat. Le Pape François a raconté que c’est son voisin au conclave qui lui a dit « rappelle-toi des pauvres ». Et c’est ainsi qu’il n’a pas choisi Ignace de Loyola le fondateur des Jésuites, de la Compagnie de Jésus, mais François, le Poverello d’Assise. Il ira revêtir la soutane blanche. Pendant ce temps-là, on brûlera les bulletins de vote dans le poêle de la Chapelle Sixtine et il sortira de la fumée blanche, alors que les fois précédentes, elle était noire. La foule sur la place St Pierre et le monde entier seront informés que le nouvel évêque de Rome a été élu et va se présenter à la loggia. Il n’est pas seul : depuis son baptême, combien de fois le Seigneur lui a-t-Il déjà demandé de faire un pas dans l’inconnu : quand il a accepté de le suivre pour se former comme prêtre, puis comme évêque, puis comme cardinal ! Ce n’est pas une promotion vers le haut de la hiérarchie comme la logique du monde le croit, parmi les titres, il y a celui de Serviteur des serviteurs de Dieu, comme Pierre l’a appris lorsque Jésus lui a lavé les pieds !

Quel prénom choisira cet homme de foi qui reçoit la mission d’encourager dans la foi ses frères et ses sœurs ? Ce sera un homme de prière, fondé et ancré dans le Christ, un amoureux de Jésus. Un berger qui, à certains moments se placera à l’avant du troupeau pour lui montrer un chemin nouveau, ou au milieu pour sentir son odeur, l’écouter, ou à l’arrière pour le protéger d’un loup ou veiller à ce qu’un agneau ou une brebis faible ralentisse.

Ac 5, 27b-32.40b-41 ; Ps 29 ; Ap 5, 11-14 ; Jn 21, 1-19

P. Olivier Joncour