Pardonne-moi ! Homélie 4° dim Carême C (30.03.2025)
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Dimanche 30 mars 2025 4° dim Carême C Laetare Ste Marie-Madeleine, Gennevilliers
Pardonne-moi !
Avec les évangiles des 3°, 4° et 5° dimanche du Carême de l’année C, nous voyons une progression : dimanche dernier, alors que, pécheurs nous ne portons pas de fruit dans nos vies qui se sont desséchées, le Seigneur nous donne une occasion d’être renouvelés par la grâce de son pardon, car, nous venons de l’écouter, Il est ce Père qui accueille avec tant de joie son fils qui avait rompu toute relation avec Lui et qui est revenu et Il veut que son fils aîné partage sa joie. Enfin, dimanche prochain, comme à la femme adultère qu’il sauve de la lapidation, il nous demande de rester sur son chemin et de ne plus pécher.
Les deux fils sont nos frères car nous avons le même Père. Si nous sommes l’un ou l’autre, selon les situations, nous pouvons aussi être l'un puis l'autre dans notre histoire.
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1) Je ressemble à celui qui est parti, qui a gaspillé ce que le Père a donné, les dons, les talents, les charismes. Tout devient alors en désordre comme avant le travail de création et de séparation par la Parole de Dieu dans le chap 1 de la Genèse que nous entendrons à la Veillée pascale. J’ai pris de la distance avec la famille Eglise, j’ai arrêté de prier le Seigneur, de l’écouter.
Pardonne-moi, Seigneur, j’ai renié ton Nom,?
Pardonne-moi, Seigneur, j’ai quitté ta maison.?
J’ai voulu posséder sans attendre le don,?
Pardonne-moi et purifie mon coeur !?
Kyrie eleison, Kyrie eleison. (bis) [Kyrie Messe de St François-Xavier, C1]
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« Misère de l’homme sans Dieu » écrivait Blaise Pascal (Pensées n°) Sans relation, sans nourriture, sans rêve. Mais pas sans retour sur soi, en soi : il réfléchit. Sa mémoire n’a pas été effacée. Ni celle de son coeur : Je sais que tu veux mon bonheur (Je sais Agapê)
C’est le souvenir du pain en abondance qui le fait rentrer et il prend la décision de retourner chez son père et il trouve la force de partir. Il prépare sa confession, sa demande de pardon. Quelle sera la réaction ?
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Saisi de pitié le père court vers son fils qui revient. Fermons les yeux. Vous le voyez ? Il le couvre de baisers. « Mais enfin, papa, j’ai passé l’âge, je n’ai plus 5 ans. » « Tu as raison. Tu es grand mais tu restes mon fils. Tu étais perdu et mort. Tu es retrouvé et vivant ! » Il lui redonne des signes qui montrent aux yeux de tous qu’il est un fils : la bague, les sandales aux pieds, le vêtement.
Je sais que tu veux mon bonheur,
Je sais que tu me connais par coeur
Comme un Père tu viens à ma rencontre
quand je suis seul et que je suis perdu.
Je sais que tu veux mon bonheur
Je sais que tu me connais par coeur.
Comme un Père dont l’amour est si fort
qu’il brûle en moi les forces de la mort (Je sais Agapê)
En ce dimanche, je pense à celles et ceux qui parmi nous ont été comme le fils cadet, qui sont partis loin de la Maison du Père et qui sont revenus, peut-être discrètement, sur la pointe des pieds, en poussant la porte avec prudence, en arrivant peut-être exprès en retard pour ne pas se faire remarquer et rester debout près de la porte d’entrée ou dans les derniers rangs ou sur le côté. "Là, personne ne me remarquera. Et puis cela fait si longtemps que j’en ai perdu l’habitude." Ou toi qui as vécu la difficile mais si libératrice démarche de la demande du pardon en allant rencontrer un prêtre, c’est à la Maison du Père que tu es revenu. Et cette fête organisée pour toi, tu t’es peut-être payé un bon restau, et si ce n’est pas le cas, cette messe est ce repas de fête où ce n’est pas le veau gras qui est servi à table où l’on chante et fait la fête ! Oui elle est pour toi cette fête, frérot, soeurette ! Et en plus c’est la fête au Ciel ! Tant de joie !
La parabole aurait pu s’arrêter là. Mais ce serait oublié le verset du début : Les pharisiens et les scribes récriminaient contre Jésus :« Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! » Jésus continue pour eux.
2) Je ressemble au fils aîné qui est resté et qui refuse d’accueillir son frère revenu et d’entrer dans la joie du Père. « Ca fait des années qu’il n’est pas venu à l’église et il croit qu’on va faire comme s’il n’avait pas brisé le coeur du Père ». Et pourtant lui aussi doit changer son coeur et vivre comme un fils, en enfant de lumière.
Ce dimanche, il est possible de vivre conjointement deux des cinq pèlerinages proposés par Mgr Rougé pendant cette année jubilaire (cf Edito de La vie circule du 2 mars 2025 : "Pèlerins de l'espérance en mode conversion") :
- Un pèlerinage vers une personne avec qui nous sommes en conflit pour que s’ouvre entre nous un chemin de pardon et de paix
- Un pèlerinage vers la miséricorde du Seigneur qui se révèle en particulier dans le sacrement de la réconciliation. Notamment celles et ceux qui n’ont pas vécu cette démarche qui rend si léger et si joyeux une fois le pardon reçu même s’il faut passer par le côté difficile et parfois humiliant de l’aveu de ses péchés, et ne pas écouter la voix du malin qui nous dit que ce n’est pas grave ou que ça peut encore attendre.
En conclusion, alors que nous venons d'enter dans le seconde moitié du carême, arrêtons-nous quelques instants et demandons-nous, éclairés par le récit de la 1° Pâque célébrée en Canaan entendue dans la 1° lecture :
- Quel événement fut mon passage du Jourdain, sortie du désert et entrée dans une nouvelle étape de ma vie de disciple-missionnaire?
- Alors que la nature se réveille, à quoi le Seigneur me prépare-t-Il déjà pendant ce Carême à vivre pendant le temps pascal?
Jos 5, 10-12 ; Ps 33 ; 2 Co 5, 17-21 ; Lc 15, 1-3.11-32
P. Olivier Joncour