L'Aimant Homélie 2° dim TO C (19.01.2025)

Dimanche 19 janvier 2025 2° dim TO C Ste Marie-Madeleine Gennevilliers

L'Aimant

Depuis quelques années, pour compenser l’alcool bu pendant les fêtes, pour diminuer leur consommation voire arrêter de boire après en devenant abstinent, il y a l’opération en forme de défi « Dry january », un mois sans en boire. Difficile donc de parler du vin de Cana le 19 janvier.

J’ai encore en mémoire le très bel épisode du Cadeau de Cana offert par Jésus aux mariés de Cana dans le 5° épisode de la 1° saison de The Chosen. C’est d’ailleurs en regardant une explication que j’avais découvert que pour que le mariage juif soit reconnu, il faut que le marié ait bu une verre de vin pendant 8 jours. Avec le manque de vin, ce n’est pas seulement la fête qui aurait une autre goût, c’est le mariage scellé entre l’homme et la femme qui auquel il aurait manqué quelque chose.

Ce récit vient après le prologue de St Jean et que Jésus ait déjà appelé directement ou par l’intermédiaire d’un autre quelques disciples (cf Jn 1). C’est leur premier temps tous ensemble raconté par St Jean. Faisons une pause sur quelques acteurs :

1) Marie va dire à son fils : Ils n’ont pas de vin.

Nous faisons l’expérience du manque. Dans ma vie, dans celle de ma famille, de notre Eglise, dans celle de notre commune, de notre pays, de notre monde, qu’est-ce qui manque de si important ? Et si nous le disions à Marie pour qu’elle le dise à son fils. Et comme Marie qui s’est fait le porte-parole des invités, peut-être des mariés et de leurs parents, qu’est-ce que je peux dire à Jésus pour qu’il vienne faire quelque chose qui profite, non pas seulement à moi ou à quelques-uns, mais à tous ?

2) Marie va voir les serviteurs du mariage et leur dit faites tout ce qu’il vous dira A moi aussi qui suis serviteur du Christ, à nous qui sommes à son service, elle nous dit : « faites-lui vraiment et pleinement confiance, même si, dans un premier temps, vous ne comprenez pas ce qu’il vous demande, faites-le quand même et vous comprendrez après. Faites-le même si cela n’a pas de rapport avec la première demande : quel rapport entre l’eau et le vin ? Faites-le même si cela devait vous choquer ou changer ce que vous aviez aviez appris : à quoi bon remplir des cuves de pierre d’eau pour les ablutions alors que tout le monde les a déjà faites avant de commencer à manger ? Faites-le même si vous avez l’impression que c’est trop facile, car c’est Lui qui fait le difficile. Mais si nous ne faisons pas le facile, dont il a besoin, il ne pourra pas faire le difficile" S’il n’y avait pas eu les 5 pains et les 2 poissons donnés par le jeune garçon (cf Jn 6), Jésus n’aurait pas pu nourrir la foule affamée ! Si le général syrien Naaman lépreux ne s’était pas plongé 7 fois dans le Jourdain à la demande du prophète Elisée, il n’aurait pas été purifié alors qu’il aurait aimé faire quelque chose de plus difficile (2 R 5, 1-15).

Si Dieu a pu changer l’eau en très bon vin, pourquoi ne serait-Il pas capable de changer le pain en corps eucharistique du Christ et le vin en son sang lors de chaque messe en invoquant le St Esprit envoyé par le Père, lors de la première épiclèse ? N’est-il pas capable aussi de transformer nos vies, celles de ceux de son peuple rassemblé par le don de St Esprit et de la communion eucharistique ?!

3) Les serviteurs authentifient que Jésus n’a pas triché et peuvent témoigner que c’est bien avec de l’eau qu’ils ont rempli les cuves.

4) Le maître du repas exprime son émerveillement et son étonnement. Il y a du nouveau : il formule son admiration, ce qui est différent et inattendu. Car le Seigneur Jésus est venu bousculer ce qui est trop rigide. Il oblige à sortir du formalisme et du cadre de la Loi de Moïse. Il fait passer des obligations de la Première Alliance à la logique créatrice et infinie de l’amour, de l’amitié, de la fraternité. Autrement dit, si nous voulons avoir une vie tranquille, mieux ne vaut pas vouloir être son disciple. Gardons cette capacité de nous étonner, de nous émerveiller, de ne jamais considérer que c’est naturel, sinon nous perdrons la nouveauté de l’Evangile que découvrent les catéchumènes et que goûtent et savourent les néophytes.

5) Jésus est fascinant et attirant comme un aimant attire la limaille de fer. Quelle chance de le connaître, d’avoir été aimés les premiers avant même que nous le connaissions. Faisons preuve de gratitude et de reconnaissance sans jamais nous dire que nous le méritons ou que c’est un dû.

6) C’est un signe. Comme dans un jeu de piste qui doit nous conduire d’un point A à un point Z. C’est le 1° des 7 dans l’Evangile de St Jean. A chaque fois , des personnes qui sont témoins de l’action de Jésus, qui se demandent qui Il est réellement, mettent leur confiance en Jésus. La foi donne des ressources et des possibilités inimaginables. Ce n’est pas un optimisme, ni la méthode Coué, mais c’est mettre son amour non pas en inconnu, non pas un arnaqueur, ni un escroc, mais en Celui qui a déjà tout donné, jusqu’à la dernière goutte de son sang pour moi, pour nous, par amour, sur la croix. Pourquoi ne pas lui faire confiance ? La foi donne du relief à la vie, un autre point de vue sur la vie, du goût et de la saveur.

7) C’est comme par le sacrement du mariage, le Seigneur communique sa grâce aux époux, Il fortifie et fait progresser ce qu’ils ont déjà vécu avant leur engagement si bien que leur relation ne repose pas sur leurs seules forces. Le Seigneur fait passer la vie et l’amour du couple de la télévision en noir et blanc à la TV en couleurs, du cinéma en 2D à la 3D. Alors, si ce n’est pas déjà fait, invitez Jésus dans votre vie et dans votre mariage : pas seulement la célébration ou la fête ; mais aussi chaque jour de son mariage où vont se déployer les dons de Dieu.

Finalement, sans ce manque initial de vin, tout Fils de Dieu de toute éternité fait homme, Jésus n’aurait pas accompli son premier signe à Cana. Les transformations sont nombreuses : l’eau en vin, les cuves deviennent des tonneaux, les prescriptions rigoureuses de la première Alliance à l’audace et la créativité de la Nouvelle alliance en Jésus Sauveur, des fils d’Israël en disciples de Jésus. Nous le savons, un homme n’aurait jamais pu faire ce que Jésus a fait. Le Fils, l’envoyé du Père, en a mis plein la vue à ses disciples pour qu’ils deviennent croyants

Mais « heureux ceux qui croient sans avoir vu » a dit le Christ à Thomas (Jn 20) après lui être apparu ressuscité.

Is 62, 1-5 ; Ps 95 ; 1 Co 12, 4-11 ; Jn 2, 1-11
P. Olivier Joncour

Expliation sur le mariage juif à partir de 9 minutes