Des pèlerins de l'espérance Homélie Nuit de Noël (24.12.2024)

Mardi 24 décembre 2024 Nuit de Noël St Jean des Grésillons et ND des Agnettes, Gennevilliers

Des pèlerins de l'espérance

La Parole de Dieu bouscule celles et ceux qui l’écoutent et qui la prennent au sérieux ! Entre le Dieu imaginé et imaginaire sur lequel nous plaquons tous les superlatifs, et Celui qui se laisse découvrir et qui se révèle dans l’histoire de l’humanité et en particulier de la descendance d’Abraham, il y a un écart, voire un fossé, souvent un contre-pied.

Dieu fait des promesses

Le Dieu de l’Alliance avec Abraham et de la nouvelle Alliance en Jésus-Christ est le même. C’est le Dieu qui fait des promesses. Il a promis une terre et une descendance à Abraham. Il a promis la fin de l’esclavage en Egypte à Moïse et les douze tributs d’Israël. Il a promis que le Messie qui sortirait de la descendance de Jessé et du roi David. Il a promis une nouvelle alliance qui serait inscrite dans les coeurs. Il a promis la fin de l’exil à Babylone et le retour à Jérusalem. Toutes ces générations de juifs croyants ont été des pèlerins de l’espérance. Pensons à Abraham qui est parti sans savoir où le conduirait le Seigneur : il ne lui avait pas donné un acte de propriété, ni une adresse, ni des coordonnées GPS de son terrain. Et pourtant il a cru en ce Dieu unique qui lui avait fait une promesse. Moïse a organisé la plus grande évasion de tous les temps : mettre en route des centaines de milliers de personnes de tous âges. La perspective de rentrer là où avaient vécu les patriarches Abraham, Isaac, Jacob et ses fils étaient une bonne motivation pour marcher dans un désert pendant 40 ans.

tournés vers l'horizon

Toutes ces promesses donnent un horizon à chaque génération en attendant qu’elles se réalisent. Ces promesses sont pleines d’espérance et nous obligent à nous tourner vers l’avenir sans nous lamenter sans fin sur le passé , sur ce que nous aurions dû faire, ou sur ce que l’on n’a pas ou ce que l’on aimerait avoir.

En accueillant l’ange dans le Temple de Jérusalem, le prêtre Zacharie retrouve l’espérance des temps messianiques avec le rôle que devra jouer son fils en annonçant sa venue (Lc 1, 5-17). Et la jeune Marie dont la joie a été si grande en acceptant la si belle et si grande mission que le Seigneur lui demandait d’accomplir ! Et que dire de ma joie de Joseph qui a accepté par amour de Dieu et de Marie de la prendre chez lui (cf Mt 1,24) et d’élever son fils comme si c’était le sien. En allant à Bethléem, la ville où David était né, pour se faire recenser (cf Lc 2, 1-5), il restait dans l’espérance que tout irait bien. Et pourtant, malgré leurs 2 oui, contrairement à une expression qu’on entend parfois « Dieu est au contrôle », Il ne leur avait pas préparé un logement, ni réservé une chambre à l’auberge, ni réservé un Airbnb pour quelques jours. Non, rien de tout cela. Pas même une personne de sa famille, ni un ange, pour les accueillir, en plus dans la délicate situation de la proximité de la naissance. Et pourtant, Marie et Joseph ont été des pèlerins de l’espérance.

Anbetung der Hirten - Gerrit van Honthorst als Kunstdruck oder Gemälde.

Quant aux bergers qui ont accouru une fois que les anges les ont prévenus, ces illettrés, ces pauvres, ces hommes simples ont cru l’ange. Ils ont été les premiers. Les bergers ont visité le Bon berger (cf Jn 10,11). Les pauvres ont visité celui qui s’est appauvri en prenant notre nature humaine, limitée. Dans 10 jours, d’autres, viendront adorer le nouveau né : des païens, des savants qui observent le ciel et les étoiles. Ils ont quitté leurs maisons, leurs familles, leurs amis pour aller voir le nouveau roi des juifs qui venaient de naître. Ils étaient des pèlerins de l’espérance d’une réconciliation possible entre les différents peuples. Il a fait tomber le mur invisible qui séparait les uns des autres (cf Ep 2,14). Rappelons-nous qu’un juif ne peut pas prendre un repas avec une personne qui ne l’est pas sans devoir se purifier ensuite.

Jésus a annoncé par trois fois qu’il serait arrêté, jugé, condamné à mort, qu’il mourrait et qu’il ressusciterait le troisième jour. Ses disciples ne voulaient pas entendre ni comprendre ce qu’il leur disait. Malgré tout, les Douze et les disciples, femmes et hommes de conditions sociales si variées, l’ont suivi tellement il parlait à leur coeur avec des images si concrètes dans ses paraboles sur le Royaume de Dieu, et il a donné un nouvel avenir à tant de personnes qui étaient malades, possédées, handicapées, mises sur la touche de la vie sociale et religieuse en les guérissant, en les libérant de l’esprit mauvais, en leur rendant les facultés qui leur manquaient : la vue, l’écoute, le parler, l’articulation des jambes, … Les disciples-missionnaires de Jésus sont des pèlerins de l’espérance.

Ménorah allumée pendant la fête juive de Hanouka

En venant ce soir, dans cette nuit de notre monde tourmenté, déboussolé, désorienté, la naissance d’un enfant, de n’importe quel enfant est un signe d’espérance pour tous les autres. Cette année, la fête juive de Hanouka tombe le même jour que Noël : le miracle de la petite fiole d’huile qui ne devait durer qu’un jour a permis d’allumer 9 bougies 8 jours de suite, a rallumé l’espérance des juifs persécutés, au II° Siècle avant J-C, dans le 2nd Temple. Cette fête des Lumières brille dans la nuit du monde comme le Christ Jésus, la Lumière du monde (Jn 8,12 ; 9,5) qui éclaire tous les peuples, et qui fait de nous la lumière du monde et le sel de la terre (cf Mt 5, 13-16) en étant branchés sur lui, comme les sarments de la vigne sur le cep (cf Jn 15,5).

Comme disciples-missionnaires du Christ Jésus, nous attendons sa seconde venue dans sa gloire. Que notre visite à la crèche suscite une espérance nouvelle à celles et ceux qui en manquent. Soyons des anges de lumière auprès de celles et ceux qui souffrent, qui sont isolés ou abandonnés. On se rappelle aussi un extrait de la première lettre de St Paul aux Thessaloniciens qui est souvent choisi pour des obsèques à l’église où il écrit : « Ne soyez pas comme ceux qui sont sans espérance » (1Th 4,13c) au sujet de l’espérance en la résurrection des morts qui se fonde sur celle du Christ Jésus, en réponse à des chrétiens issus du paganisme qui se demandaient quel était la nouveauté chrétienne au sujet de la mort.

Rendons grâce à Dieu pour les "oui" du Fils de Dieu à son Père, de Marie, de Joseph et pour chacun de nos petits ‘oui’ à leur suite qui font nos vies !

Is 9, 1-6 ; Ps 95 ; Tt 2, 11-14 ; Lc 2, 1-12

P. Olivier Joncour

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