Inquiétude d'Hérode et joie des mages Homélie Epiphanie (2.01.2022)
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Dimanche 2 janvier 2022 Epiphanie Gennevilliers
Inquiétude d'Hérode et joie des mages
Parfois, le Seigneur peut se servir de nos émotions pour nous indiquer si nous sommes dans la bonne direction ou pas : des grandes consolations où nous sommes heureux, joyeux, en paix, car notre situation correspond à ce que Dieu veut de bon pour nous, ou dans la désolation lorsque l’on est inquiet, ou bouleversé ou que l’on sent que l’on fait le grand écart entre ce qui semble être le meilleur et bon et ce que nous vivons. C’est ce que nous découvrons dans l’évangile de ce dimanche entre l’inquiétude d’Hérode et la joie des mages.
Le roi Hérode fut pris d'inquiétude, et tout Jérusalem avec lui. Comment peut-on être inquiets lorsque l’on apprend la naissance d’un enfant, à moins d’avoir mauvaise conscience, de ne pas être à sa place ou d’avoir peur de la perdre. Comment un bébé, si fragile, si petit, si humble, pauvre, si discret sauf quelques cris quand il a faim et qu’il réveille sa mère chaque nuit toutes les 2 heures, au point que des parents puissent ne pas se sentir à la hauteur de leur mission et de leur responsabilité. L'inquiétude d'Hérode est mauvaise et bien différente de celle de Marie et de Joseph quand Jésus, à 12 ans, était resté au Temple de Jérusalem : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois comme ton père et moi, nous avons souffert en te cherchant ! » (Lc 2, 48 b-c) que nous avons entendu dimanche dernier pour la Sainte famille. Pourquoi? L'inquiétude d'Hérode était par rapport à lui-même, alors que celle de Marie et de Joseph était au sujet d'un autre, de Jésus dont la vie pouvait être en danger. La leur était une saine inquiétude.
Quel est le contraire de l’inquiétude ? C’est la sérénité, c’est la paix du coeur. Elle ne peut être obtenue par des techniques de méditation ou de respiration. C’est un des fruits de l’Esprit Saint dans la liste donnée par St Paul aux Galates avec « l’amour, la joie, la patience, la bonté, la bienveillance, la fidélité, la douceur et la maîtrise de soi. » (5, 22-23).
Quand ils virent l'étoile, ils éprouvèrent une très grande joie. Parmi les mystères joyeux du rosaire, la visite des mages n’en fait pas partie, alors qu’ils sont dans la joie de revoir l’étoile qui les a déjà guidés jusqu’à Jérusalem et qui les conduira ensuite jusqu’à Bethléem. Et pourtant ce n’est qu’une étoile ! C’est la rencontre avec Jésus qui donne la vraie joie.
Dieu nous donne plein de signes qui peuvent nous conduire à Jésus. Et combien de ceux qui sont curieux, qui ne savent pas très bien qui ils cherchent ni ce qu’ils cherchent mais que Dieu a mis de façon mystérieuse dans leur coeur. Je viens de lire un livre intitulé « Comme des coeurs brûlants » d’Alexia Vidot (Artège, 2021). Elle raconte sa propre rencontre avec Jésus alors que, étudiante, deux de ses amies lui avaient dit d’aller passer deux jours à la montagne dans un site magnifique dans un monastère. Elle fait ensuite le portrait d’hommes et de femmes qui n’avaient pas grandi dans une famille chrétienne.
Ce qui a guidé Geneviève Gallois vers Jésus ce fut une invitation à participer à une messe de Noël à Paris.
Ce qui a guidé Cyprien Rugamba, un mari infidèle, vers Jésus, ce furent la présence et la prière de sa femme Daphrose à ses côtés alors qu’il venait de tomber très gravement malade sans raison.
Ce qui a guidé Dorothy Day, une journaliste attachée à la cause des ouvriers, qui avait rejeté le Dieu de son enfance et choisi Marx, ce qui l’a guidée vers Jésus, ce fut la lecture d’une Bible qu’elle avait demandée au cours d’une nuit glaciale en prison à la suite d’une arrestation à cause de sa participation à une manifestation féministe.
Ce qui a guidé Sergeï Kourdakov, un orphelin qui a grandi dans les Jeunesses communistes et même martyrisé des chrétiens en Union soviétique, vers Jésus, ce fut la paix de ceux qu’il venaît arrêter et plus particulièrement la persévérance d’une jeune femme croyante de son âge.
Ce qui a guidé Takashi Nagaï, un médecin, matérialiste et athée, vers Jésus, ce fut le dernier regard de sa mère avant de mourir, avec la certitude que son esprit continuerait à vivre à ses côtés.
Ce qui a guidé Bruno Cornacchiola, un athée qui voulait même tuer le pape Pie XII, violent contre sa femme qui était croyante, écrivant un pamphlet contre la Vierge Marie vers Jésus, ce fut une apparition de la Vierge de la Révélation dans une grotte des environs de Rome où elle répondait à toutes les attaques qu’il venait d’écrire contre elle et lui confiait un message pour le Pape.
Sans le savoir, nous pouvons être l’étoile des chercheurs de Dieu d’aujourd’hui, des témoins vivants qui peuvent intriguer ces personnes que le Seigneur veut attirer à Lui. Ses moyens sont si nombreux, sans compter parfois les questions que posent des enfants à leurs parents.
En conclusion, regardons tous ceux qui ne viennent pas à l’église comme de potentiels mages que Jésus veut attirer à Lui pour que leur vie en soit transformée, prions pour eux et, comme les scribes, prenons au sérieux leurs questions et répondons-y car elles indiquent leur intérêt.
Is 60, 1-6 ; Ps 71 ; Ep 3, 2-3a.5-6 ; Mt 2, 1-12
P. Olivier Joncour