Des ossements desséchés à la toile d'araignée Homélie 3° dim TO C (23.01.2022)

Dimanche 23 janvier 2022 3° dim TO C, Ste Marie-Madeleine, Gennevilliers

Dim de la Parole de Dieu et Semaine de prière pour l’unité des chrétiens

Des ossements desséchés à la toile d'araignée

La nuit dernière fut celle de la lecture à travers de nombreuses initiatives et propositions. C’est aussi le dimanche de la Parole de Dieu demandée par le Pape François et Dieu sait si elle est un des piliers des Réformateurs : sola scriptura – l’Ecriture seule.

Ossements desséchés dans une vallée : vision du prophète Ezéchiel (Ez 37)

Le chapitre 37 du prophète Ezéchiel décrit une vision digne de films d’horreur : dans une vallée, des ossements desséchés vont reprendre vie par la puissance créatrice et recréatrice de la Parole du Seigneur dont le prophète se fait le porte-Parole en demandant à l’Esprit St de venir sur ces os secs coupés les uns des autres, représentant le peuple en exil et qui a perdu tout espérance. « Ossements desséchés, écoutez la parole du Seigneur » (Ez 37,4).

Lecture de la Torah par Esdras (Néhémie 8)

Avec la fin de l’exil à Babylone et le retour d’un petit reste à Jérusalem, Néhémie, le prêtre Esdras et leurs contemporains sont témoins de ce peuple dont l’espérance renaît et les bénéficiaires. Elle renaît de plusieurs manières : très concrètement, des exilés à Babylone ont pris le chemin du retour à la suite de la décision de Cyrus (cf Is 45,13). La ville et le Temple détruits par les armées de Nabuchodonosaur vont être reconstruits. L’émotion saisit les auditeurs qui écoutent Esdras lire le Livre de la Loi, les cinq premiers livres de la Bible. Leurs pleurs révèlent que le coeur de pierre s’attendrit et est changé en coeur de chair. Le Seigneur va mettre en son peuple un esprit nouveau (cf Ez 36,26).

Aujourd’hui, notre monde vit une forme d’exil, non pas loin de Jérusalem, mais dans un état si différent de la vie que nous connaissions avant le 1° confinement. Là aussi, nous attendons et espérons un retour au pays sans oublier ce que nous avons vécu, imaginé de nouveau, hors des cadres habituels, ce que nous avons appris sur nous-mêmes et les autres. Comme St Paul qui écrivait aux chrétiens de Rome, « la création a été soumise au pouvoir du néant, non pas de son plein gré, mais à cause de celui qui l’a livrée à ce pouvoir. Pourtant, elle a gardé l’espérance. » (Rm 8,22).

St Iréné de Lyon : la gloire de Dieu, c'est l'homme debout ...

Nous le savons, nous avons été créés par le Seigneur pour le Ciel, pour partager la gloire de Dieu, pour être divinisés. « La gloire de Dieu, c’est l’homme debout ; la vie de l’homme, c’est de contempler Dieu. » écrivait le deuxième évêque de Lyon, St Irénée. Chaque humain a le désir d’une vie en plénitude et en vérité.

Nous sommes nourris par « l’espérance [qui] ne déçoit pas, puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné. Alors que nous n’étions encore capables de rien, le Christ, au temps fixé par Dieu, est mort pour les impies que nous étions. […] Or, la preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ est mort pour nous, alors que nous étions encore pécheurs. [...] Si nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils alors que nous étions ses ennemis, à plus forte raison, maintenant que nous sommes réconciliés, serons-nous sauvés en ayant part à sa vie. » (Rm 5, 5-6.8.10-11) Ceux qui ont vécu, vu et entendu, ceux qui ont été témoins du Rédempteur, du Dieu venu racheter son peuple en allant le visiter, en étant bien chez lui, ont transmis à d’autres qui l’ont raconté puis mis par écrit pour éviter les pertes ou les déformations.

Nous pouvons espérer la fin des peurs et des replis liés à la rapidité de la contamination par le covid-19 et ses nombreux variants, ou à certains discours politiques de peur, de méfiance, qui opposent différents groupes, la limitation des libertés publiques, dans un monde liquide, fragmenté en îlots. « Je vais faire entrer en vous l’esprit, et vous vivrez. » (Ez 37,5b) annonçait le Seigneur. Pour le dire encore autrement, à ceux qui allaient entrer en Canaan, après avoir présenté les deux chemins, celui de vie ou l’autre de mort, il ordonnait : « Choisis donc la vie, pour que vous viviez, toi et ta descendance, en aimant le Seigneur ton Dieu, en écoutant sa voix, en vous attachant à lui ; c’est là que se trouve ta vie, une longue vie sur la terre que le Seigneur a juré de donner à tes pères, Abraham, Isaac et Jacob. » (Dt 15, 19c-20) C’est le « Lazare, viens dehors ! » que crie Jésus au frère de Marthe et Marie, mort dans son tombeau. A ses frères et sœurs, le Ressuscité qui a vécu le mystère pascal dit : « Réveille-toi ! Mets-toi debout ! Lève-toi et marche ! » « Get up ! Stand up ! »

toile d'araignée

Les ossements coupés les uns des autres de la vision d’Ezéchiel, les membres de ce corps se pensent capables de vivre leur service et leur mission sans les autres, chacun dans leur silo. Au contraire, le Seigneur fait comprendre qu’il faut des ligaments, des articulations, des relations. Je ne suis rien sans les autres. Le pied aurait beau dire : « Je ne suis pas la main, donc je ne fais pas partie du corps », il fait cependant partie du corps. Observons le travail de l’araignée quand elle tisse sa toile : elle va d’un point à un autre, elle les relie et crée un réseau de relations.

Finalement, quoi de plus beau que se sentir membre d’une famille, parfois qui se dispute, qui se fait du mal, mais qui sait aussi se pardonner et se réconcilier, solidaire, responsable, attentive aux plus fragiles. Quelle plus belle mission que d’encourager les autres à trouver leur place en fonction de leurs dons, de leurs charismes, par un engagement dans la vie de l’Église du Christ, au quotidien, pour un projet précis.

Prions : Dieu notre Père, fais-nous ressentir la blessure de nos divisions et viens exaucer la prière de ton Fils « Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. » (Jn 17,21a) pour que nous puissions être la génération qui en sera témoin en convertissant ce qui est nécessaire et en laissant l’Esprit de communion réaliser les progrès qui manquent encore.

Ne 8, 1-6.8-10 ; Ps 18 ; 1 Co 12, 12-30 ; Lc 1,1-4 . 4,14-21

P. Olivier Joncour

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