Face à une question nouvelle Homélie 27° dim TO B (3.10.2021)
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Dimanche 3 octobre 2021 27° dim TO B St Jean des Grésillons Gennevilliers
Face à une question nouvelle
Tout commence par une question ! Celle des pharisiens pour mettre Jésus à l’épreuve. Ce qui peut nous intéresser aujourd’hui, c’est que Jésus nous donne une leçon sur la manière de répondre aux questions que nous nous posons et aux questions que d’autres nous posent.
Car c’est le même qui parle à la Genèse, que dans les évangiles, que dans les lettres de Paul ou chez les prophètes d’Israël. Cela repose sur la conviction et l’affirmation de l’unité de la Bible, des deux Testaments :
- le Premier Testament : c’est le temps de l’Alliance de Dieu avec Abraham et sa descendance, le temps des promesse, des annonces, des rappels à l’Alliance;
- Le Nouveau Testament: c’est le temps de l’accomplissement, de la réalisation des promesses.
Depuis la réforme liturgique demandée par le Concile Vatican II, les textes bibliques de la messe des dimanches ont été complètement changés et revus. Ils sont choisis ainsi, sur un cycle de trois ans : en Temps ordinaire, nous avons une lecture suivie d’un des trois évangiles synoptiques : Matthieu, Marc ou Luc. Quel évangile lisons-nous cette année ? - St Marc ! Effectivement ! Il nous reste encore 2 mois jusqu’au Dimanche du Christ-Roi fin novembre. Après nous passerons à l’évangile selon St Luc.
C’est en fonction de l’extrait de l’évangile qu’a été choisi le récit ou le discours du Premier Testament qui annoncerait ce que Jésus allait dire ou faire. Car Jésus éclaire le Premier Testament. Il en est la clé !
Dans l’évangile selon St Matthieu écrit pour une communauté chrétienne d’origine juive, il y a une expression qui revient très souvent : « comme le dit le prophète » suivie de la citation, et on retrouve alors en première lecture ce passage cité dans un cadre plus large.
Ici, Jésus est interrogé sur la répudiation, le divorce. On cherche à le piéger, à le prendre en flagrant délit de désobéissance par rapport à la Loi juive sur un cas : non pas un cas général, mais une exception qui s’est généralisée.
Dans sa réponse, Jésus a recours au même procédé que dans le Sermon sur la Montagne (Mt 5-7). Après les béatitudes (Mt 5, 3-12), Jésus commente plusieurs des commandements qui concernent l’autre, le prochain : « vous avez appris qu'il a été dit aux anciens ...», « eh bien, moi, je vous dis … » (Mt 5, 19-48). Nous découvrons que Jésus est plus exigeant qu’une application de la Loi qui pourrait rester extérieure. Il donne surtout l’état d’esprit de ce que Dieu le Père voulait dire, lorsqu’ils ont été donnés à Moïse pour le peuple au Sinaï.
On se souvient aussi de la réaction de la foule à la fin, après la comparaison de la maison bâtie sur le roc ou sur le sable, que Jésus enseigne avec autorité (Mt 7,29).
Ici, nous sommes dans la logique du permis ou du défendu. Comme c’est Moïse qui a pris la décision, on ne discute pas, on ne remet pas en cause sa décision, ce qu’il a dit ou déclaré. C’est comme ça, un point c’est tout. Même si c’est une exception, une dérogation. Il faut appliquer ce que la Loi dit. C’est d’ailleurs très rassurant. C’est comme lorsque l’on veut faire un nouveau dessert, il suffit d’aller chercher la recette dans un livre de cuisine, prendre les ingrédients en bonne quantité, les mélanger comme c’est écrit et cuire la durée indiquée. C’est facile : appliquer sans question à se poser. Soit c’est vrai, soit c’est faux, c’est bien ou mal, pur ou impur, péché ou pas péché, permis ou défendu.
Par sa réponse, Jésus sort de cette logique : il élargit le cadre et le regard. C’est la relation qui compte. C’est plus difficile. C’est plus complexe ! Quelle est sa méthode pour répondre? Il va chercher un autre passage biblique, antérieur à la dérogation de Moïse, une parole connue de tous, indiscutable. Ici, 2 citations qui viennent après la création de l’homme et de la femme dans les 2 récits de la création : Dieu les fit homme et femme (Gn 1,27b) et À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux deviendront une seule chair. (Gn 2,24).
Il en revient au commencement et dit quel était le projet de Dieu pour eux, y compris avant la désobéissance d’Adam et Eve de Gn 3.
Nous-mêmes, quand nous sommes confrontés à une question difficile, faisons comme Jésus. Demandons-nous : Qu’aurait dit Jésus à ma place? Qu’aurait-il fait? En tenant compte de l’ensemble des évangiles. Saint Paul, dans ses lettres, fait ainsi pour répondre à une question qui lui est posée dans une situation dont il n’avait pas parlé lorsqu’il était dans la communauté chrétienne qu’il avait formée. Pour répondre, il s’appuie sur une vérité importante de la foi et il en tire ensuite les conséquences pratiques.
Face à une question, à un problème, pour sortir du ‘Je ne fais que ce que je veux’, mais pour vivre et décider selon la logique de l’Evangile sans chercher la phrase qui m’arrange, ce que fait le diable lorsque par deux fois, il fait une citation biblique qu'il détourne à son profit lors des tentations de Jésus au désert (cf Mt 4,6b.c), mais il faut partir de la Parole de Dieu. Jésus ne discute pas avec le malin, il répond avec la Parole (Mt 4, 4.7.10).
Quel est notre problème majeur? Nous ne connaissons pas suffisamment la Parole de Dieu. Nous n’en sommes pas assez familiers ! Il n’est pas étonnant que l’esprit du monde nous contamine. J’ai fait un rapide calcul : si on regarde chaque jour les nouvelles à la TV 30 min, cela fait 3h30 par semaine. Qu’est-ce que l’écoute de 10 min des lectures bibliques de la messe le dimanche? C’est complètement insuffisant, déséquilibré. Si nous lisions au moins les lectures bibliques de la messe chaque jour, ce serait un progrès.
Demandons l’aide de l’Esprit Saint pour nous éclairer, pour nous guider, pour nous orienter vers le beau, le bien, le vrai, le juste.
Prions.
Demandons conseil à une personne de confiance, soit en lisant un livre sur le sujet ou en posant la question à une religieuse ou à un religieux, ou à un prêtre ou à un diacre.
Tous ces éléments permettent de former sa conscience et l’Eglise demande que l’on suive sa conscience.
Rappelons-nous qu’il n’est pas facile de sortir de la pensée binaire car nous le savons, le monde est complexe, la vie est complexe, l’univers est complexe.
Enfin, quand une décision est prise, vérifions qu’elle nous fasse grandir ainsi que les autres. Si je suis en paix, si cela rend les autres heureux, c’est bon signe. Et quand la décision est prise, il est souvent difficile de s’y tenir. Alors demandons au Seigneur la grâce de la persévérance, de durer, ainsi que le don de la force intérieure de l’Esprit St pour faire ce qu’on a décidé.
Gn 2, 18-24 ; Ps 127 ; Mc 10, 2-16
P. Olivier Joncour