Pour une "maison sûre" Homélie 4° dim TP B (25.04.2021)
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Dimanche 25 avril 2021 4° dim TP B St Joseph de Villeneuve-la-Garenne
Pour une "maison sûre"
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Dans cette partie du discours de Jésus sur le Bon berger, qui connaît ses brebis, qui les soigne, qui les conduit sur de prés verts (cf Ps 21), qui les guide (Jn 10, 1-10), il oppose le bon berger qu’il est à des bergers mercenaires qui sont tout le contraire, car ils abusent de la confiance de leur brebis, ils les manipulent, ils en font leur chose, leur propriété, ils les égorgent, ils font pression sur elles physiquement, moralement, psychologiquement ou affectivement, et en dernier ils les abandonnent en cas de danger encore plus grand.
Le 25 mars dernier, alors que les évêques de France étaient réunis en Assemblée plénière même si c'était à distance, ils ont écrit deux lettres : une adressée aux prêtres et une autre aux catholiques de France. Celle-ci trouve des échos avec cet évangile :
Des prêtres et des religieux ont commis des agressions sexuelles sur des mineurs, garçons ou filles. Des prêtres ont abusé de leur position sacramentelle pour exercer une emprise sur des jeunes et parfois leur faire subir des violences sexuelles. Ces faits sont avérés et indéniables. [...] »
Après avoir découvert l’ampleur du phénomène et de leur conséquences en écoutant des victimes, les évêques lancent un appel :
[…] Le silence, l’indifférence, une déférence non ajustée, ne doivent plus l’emporter sur le devoir d’interpeller voire d’alerter quand est repéré un problème de comportement de la part de qui que ce soit : prêtre, diacre, religieux ou laïc, bénévole ou salarié, animateur ou participant, responsable ou fidèle, homme ou femme. Soyons attentifs autour de nous, acceptons de nous former, surtout dans l’exercice de responsabilités en contact avec des jeunes et des enfants. Soyons vigilants dans les paroisses, communautés, mouvements, les uns vis à vis des autres.
La conversion pastorale de nos diocèses nous offre des occasions de réfléchir sur nos modes de fonctionnement en diocèses, en paroisses, dans nos communautés et mouvements. A tous les niveaux nous devons nous interroger sur les possibilités de dérives, d’emprise, d’abus, de maltraitances voire de violences et vérifier qu’il existe des supervisions, des contrôles, des regards tiers, et la possibilité de la correction fraternelle entre nous.
N’hésitons pas à confier au Seigneur dans la prière ce sujet grave et important. N’oublions pas d’intercéder pour les personnes victimes et de demander le secours de Dieu pour son Église. »
Nous le comprenons bien, il ne s’agit pas de créer un esprit de méfiance et de suspicion qui serait diabolique, mais soutenons-nous les uns les autres : ne laissons personne seul, soyons conscients de notre influence sur les autres ou du risque d’être influencé par une personne qui semble innocente, à laquelle nous accordons notre confiance et qui vient la trahir ou en abuser. Et en disant cela, j’ai bien conscience qu’il y a peut-être parmi nous une ou des victimes qui ont été abusées.
Ecoutons les deux derniers paragraphes de la lettre des évêques :
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« Nous vous exprimons notre honte et notre tristesse que ceux qui auraient dû être des pasteurs vous conduisant aux sources vives, aient pu être des dangers, destructeurs des « petits » confiés par Jésus. Nous renouvelons notre demande de pardon. Si vous n’avez pas été atteints par de tels faits, nous vous demandons de vous tourner avec nous vers ceux et celles qui en ont été victimes. Disons notre commune désolation devant les crimes commis et subis et notre profonde humiliation que des membres du Corps du Christ aient été si peu attentifs et parfois si peu prêts à entendre et à accompagner. Nous nous remettons au Seigneur qui juge et qui guérit et nous acceptons d’avance la lumière crue qui sera jetée sur notre Église. Pleins d’espérance aussi, nous croyons que cette vérité peut servir le renouveau que Dieu veut.
Nous exprimons notre confiance et notre reconnaissance aux prêtres, diacres, consacrés hommes et femmes qui se donnent chastement pour le service du Royaume de Dieu, pour tous les baptisés qui sont sur le chemin de Vie avec le Christ. Nous rendons grâce pour la confiance que vous nous faites et surtout pour votre foi dans le Seigneur Jésus, qui en notre chair a vaincu la mort. »
Depuis 12 ans, le père Pascal est le curé de votre paroisse. Le père Roger que j’ai connu comme jeune prêtre car il a été mon curé pendant 5 ans et qui m’a beaucoup appris, est maintenant entré à la Maison de retraite Marie-Thérèse, à Paris. Chacun avec leur caractère, leur histoire, leur personnalité, leur sensibilité, ils ont su vous témoigner de la joie d'être prêtre et de répondre à l'appel de Dieu, de servir une communauté, de voir grandir des croyants, etc. Rendons grâce à Dieu pour eux, pour les prêtres qui nous ont permis de grandir dans la foi.
Demandons au Seigneur que ceux qui sont comme les mercenaires trouvent des personnes et des lieux pour les aider à arrêter le jeu de massacre et de destruction dont ils sont parfois prisonniers. Enfin, confions les personnes victimes pour qu’elles trouvent aussi de l’écoute nécessaire, de la bienveillance et du soutien nécessaire pour cicatriser, pour se relever, pour sortir grandis de cette épreuve en bénéficiant de toute la miséricorde de Dieu qui peut guérir ce qui a été faussé, pour être à leur tour une aide pour d’autres victimes qu’elles comprendront mieux qu’elles l’ont été elle-mêmes. Et demandons au Seigneur de continuer à accompagner son Eglise dans l’humilité pour vivre cette étape douloureuse et sombre à sa suite, passant du vendredi saint au dimanche de Pâques, pour qu’il en jaillisse une nouvelle fécondité car nous serons passés par la vérité et que la lumière du Christ ressuscité nous aura rejoints dans nos blessures conscientes ou non.
Ac 4, 8-12 ; Ps 117 ; 1 Jn 3, 1-2 ; Jn 10, 11-18
P. Olivier Joncour