Des milliers de signes qui conduisent l'humanité à Jésus Homélie Epiphanie (3.01.2021)

Dimanche 3 janvier 2021 Epiphanie NDA Ste MM Gennevilliers

Des milliers de signes qui conduisent l'humanité à Jésus

Si, au moment de la naissance de Jésus, il y avait eu l’épidémie du coronavirus que nous connaissons actuellement, les mages n’auraient jamais pu arriver à Bethléem : les frontières auraient été fermées, sur leur autorisation, ils n’auraient jamais trouvé comme motif de sortie "visiter le roi des juifs qui vient de naître", il aurait fallu nettoyer au gel hydroalcoolique leurs cadeaux : l’or, la myrrhe et l’encens. Avec le couvre-feu à 20h, ils n’auraient jamais pu sortir de chez eux, voir l’étoile et marcher de nuit. Passons ! Ils sont passés et leur voyage n’a pas été interrompus : ils ont pu aller jusqu’à Bethléem en faisant étape à Jérusalem, parce qu’ils ont vu un signe dans le ciel. Non pas un cygne blanc voler mais une étoile. Et des signes, il y en a des milliers, comme nous le chantons parfois, qui conduisent toute l’humanité à Jésus.

Commençons par les signes

L’ange Gabriel avait donné un signe à Marie : sa cousine Elisabeth qui était très âgée et stérile attendait un enfant (cf Lc 1,36). Les anges avaient donné un signe aux bergers : un nouveau-né est dans une mangeoire (cf Lc 2,12), alors qu’il aurait dû être dans un berceau.

les mages venus d'Orient suivent l'étoile

Les mages ont vu un signe dans le ciel : une étoile nouvelle les guidait jusqu’au Roi des Juifs qui venait de naître. Ils l’ont vue et se sont mis en route sans qu’ils expliquent comment ils ont fait le lien entre cette étoile et cette naissance. Cependant, cette étoile les a conduits jusqu’à Jérusalem, la capitale. Même en voyant Hérode qui était « roi de Judée » (Lc 1,5), ils savent bien que ce n’est pas dans sa famille qu’il y a eu une naissance. Hérode n’a pas la réponse à la question des étrangers qui ne sont pas juifs. Par contre, il interroge ceux qui savent, ceux qui connaissent la Loi et les Prophètes. C’est le prophète Michée qui l’avait annoncé : ce serait à Bethléem, en Judée, à quelques kilomètres au sud de Jérusalem. Ils n’auraient pas pu trouver tout seul, ne lisant pas et ne parlant pas l’hébreu. L’étoile réapparaît dans le ciel de Jérusalem et les guide vers Bethléem, jusqu’à l’enfant Jésus. Tels des enquêteur de la police, ils sont partis sur une piste et ont remonté le fil jusqu’à la source, jusqu’à l’origine.

Certains d’entre nous qui ne sont pas nés dans une famille chrétienne, celles et ceux qui viennent de loin, qui étaient dans une autre religion, qui donnaient un sens à leur vie autrement grâce à une philosophie ou étaient complètement indifférents à la question de Dieu, même qui l’avaient rejetée ou oublié en l’enterrant profondément, … sont comme ces mages qui ont suivi un signe : différent pour les uns et les autres. Je pense à nos amis qui demandent à se préparer au baptême, à entrer dans l’Église, à rejoindre l’Église catholique après avoir été baptisé dans une autre confession chrétienne, à connaître ce Jésus qui les intrigue, dont ils sont curieux, qui les attire à Lui, …

Avec Jésus, le Seigneur sauve, Emmanuel, Dieu avec nous, ce n’est pas seulement une petite partie de l’humanité que Jésus va sauver, ou seulement une portion de l’humanité avec laquelle Dieu veut être en relation et vivre une alliance. Non, c’est bien avec tous les hommes. Et cela ne commence pas avec l’envoi des apôtres après l’Ascension où Jésus leur demande d’être ses témoins jusqu’aux extrémités de la terre (Ac 1,8). Plusieurs passages de prophètes annoncent que Dieu n’est pas indifférent aux autres peuples que la descendance d’Abraham qu’il a choisie en premier. Les rois marcheront vers ta lumière, prédisait Isaïe. Les trésors d’au-delà des mers afflueront vers toi, vers toi viendront les richesses des nations. C’est ce que St Paul écrit aussi dans la lettre aux Ephésiens : ce mystère [du Christ], c'est que les païens sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l'annonce de l'Évangile.

C’est pour cela que j'apprécie que la diversité des origines dans l’Église catholique et dans nos assemblées de prière, là où chez les protestants se retrouvent souvent par nationalités d’origine, ou chez les orthodoxes par pays : les grecs orthodoxes, les russes orthodoxes, les coptes orthodoxes. C’est plus compliqué de garder l’unité car nous avons tous des sensibilités spirituelles différentes, et nous arrivons aussi avec des cultures et manières de transmettre la foi qui sont aussi variées. Mais si l’enjeu de l’unité n’est pas de tendre vers l’uniformité – tous dans le même moule -, au contraire c’est la complémentarité et l’enrichissement réciproque des uns par les autres. Et quand St Paul écrit aussi : 'il n’y a plus ni juif ni grec" (Ga 3,28a), c'est ce qu’il exprime d’une autre manière. Soyons attentifs à la manière dont les autres vivent leur foi. C’est important pour eux : il y a sans doute un trésor qu’ils peuvent me donner et m’offrir, et ce qui m’a marqué c'est ce que le Seigneur veut que j’offre à d’autres.

Cette Bonne Nouvelle que Dieu est pour tous, St Paul précise à la fin que cela ne peut se faire que par l’annonce de l’Evangile. La Samaritaine a témoigné aux habitants de son village (Jn 4), Ste Marie-Madeleine au tombeau vide a été envoyée vers les apôtres, St Paul aux nations, St Irénée de Lyon, Ste Clothilde, St Augustin, St François d’Assise, St Dominique vers les hérétiques, St François-Xavier en Asie, et au XXI° S. Et on ne peut attendre que les autres le fassent : « Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Evangile » (1 Co 9,16c), écrivait St Paul. Et nous ne pouvons pas attendre que ce soit toujours les autres qui le fassent ! La croix et un  signe. Une communauté de disciples-missionnaires qui vit de sa relation avec le Seigneur et l'amour fraternel est un autre très puissant !

Is 60, 1-6 ; Ps 71 ; Ep 3, 2-3a-5-6 ; Mt 2, 1-12

OJ+

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