Comment et pourquoi l'annonciation à Marie Homélie 4° dim Avent B (20.12.2020)

Dimanche 19 décembre 2020 4° dim Avent B St Jean et Ste Marie-Madeleine Gennevilliers

Comment et pourquoi l'annonciation à Marie

L'annonciation : l'ange Gabriel vient visiter Marie

Nous venons d’écouter un récit que nous connaissons bien qui a été très souvent peint dans des tableaux, avec des détails qui sont présents ou non dans l’évangile de St Luc. Arrêtons-nous sur 3 verbes de l’évangile dont le sujet est l’ange Gabriel : entrer, répondre et quitter, avant de nous demander pourquoi Luc raconte cette rencontre.

1) L’ange entra chez Marie.

Lors de l’annonce à Zacharie il y avait eu un ange, qui lui était « apparu » dans le Temple de Jérusalem (cf Lc 1, 5-25). C’est un cadre grandiose, dans le Sanctuaire, dans le cadre de la prière organisée, à l'heure d'offrir l'encens.

Ici, nous ne savons pas si l’ange est entré par la porte, par une fenêtre ou par le toit. Mais, la scène se passe dans la maison de Marie. Nous sommes à l’intérieur. Il n’y a donc pas de témoins extérieurs, ni du voisinage, ni des passants. Cette rencontre est d’une telle importance qu’elle ne peut se vivre qu’à l’intérieur. C’est une invitation à l’intériorité.

Et quelle salutation extraordinaire, pleine de respect et de délicatesse de la part de l’ange Gabriel : Je te salue Marie, comblée de grâces. Le Seigneur est avec toi. Ces premiers mots de l’Ange sont repris dans la prière du ‘Je vous salue Marie’. Marie est touchée car personne ne lui a jamais parlé ainsi. L’ange dit ce que le Seigneur lui a demandé, avant que Marie ne pose une question.

2) L’ange répondit.

L’ange parle. C’est un messager envoyé par Dieu. Il parle en son Nom. Il ne dit rien de lui-même ! Et c’est bien ce qu’il a fait au début de sa visite : dans sa salutation, puis sur l’exposé de l’identité de l’enfant que Marie va concevoir si elle accepte. Il avait sûrement appris par coeur son texte à partir de ce que le Seigneur lui avait dit de dire.

Mais cela devient plus difficile, après que Marie lui ait posé une question. Le Seigneur avait-il prévu cette demande d’éclaircissement, ce comment cela va-t-il se faire… ? Sa réponse est claire. Le signe de sa cousine Elisabeth donne du poids à ce que seul Dieu savait. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois : la Première Alliance a commencé ainsi : Dieu a permis qu’un couple très âgé sans enfant, Abraham et Sara, ait pu en concevoir un naturellement, même sans la triche et le recours à la GPA par la servante Agar (cf Gn) ! Et l’argument final qui ne laisse aucune discussion possible : car rien n’est impossible à Dieu.

3) L’ange la quitta.

Dans le récit de l’annonce à Zacharie, Luc ne disait pas que l’ange s’en allait. C’est Zacharie qui sort du Temple, rendu muet à cause de son incrédulité. Quelle est la Bonne nouvelle ? Un couple qui était stérile peut donner la vie grâce à Dieu. C’est ce qui doit aussi réjouir Marie en l’entendant de la bouche de l’ange. Ce qui va l’amener ensuite à courir chez sa cousine Elisabeth pour partager leurs bonnes nouvelles respectives.

Chez Marie, l’ange a entendu sa réponse. Ce n'est pas un oui, ni un fiat? Mais que tout s'accomplisse selon ta parole au sens où elle avait trouvé bonnes les paroles et demande qu'il en soit ainsi, qu'elles se réalisent comme lors de la création : "'Que la lumière soit' et la lumière fut" (Gn 1) Marie est restée libre jusqu’au bout, accueillant la proposition de Dieu et lui donnant son accord.

Pourquoi St Luc a-t-il raconté ce récit de l’Annonciation à Marie ? Formulons plusieurs hypothèses :

1) St Luc a eu accès à des récits directement de Marie ou de quelqu’un à qui Marie avait raconté cet épisode.

2) C’est une manière pour St Luc de montrer que Marie qui est vierge est bien celle qui était annoncée par le prophète Isaïe : « La vierge concevra et elle enfantera un fils » (Is 7,14) ?

3) Rappelons-nous que St Luc qui est médecin ne cherche pas à donner un cours de gynécologie, a écrit son évangile pour des chrétiens de culture grecque qui ont donc très peu de références à la Bible juive, mais sont pénétrés de la mythologie grecque dans laquelle, au-delà du polythéisme, il y a des récits d’union entre un dieu et une femme, ou une déesse et un homme qui donnent naissance à un demi-dieu. Ici, St Luc veut se démarquer de cela avec le récit de l’annonciation à Marie qui suit l’annonce à Zacharie. Pour elle, il n’y a pas eu de relation sexuelle ni avec Joseph qui ferait que l’enfant aurait été ensuite adopté par Dieu comme son Fils, ni avec Dieu comme dans les représentations mythologiques. Avec l’explication de l’ange, nous comprenons la divinité de Jésus. Que de titres l’ange donne-t-il à Jésus : Jésus qui veut dire le "Seigneur sauve", le Fils du Très Haut, ce sera un roi, et enfin, Fils de Dieu. : il lui donnera le trône de David. C’est la réalisation de la promesse du Seigneur au Roi David par l’intermédiaire du prophète Nathan. Le Fils partage la même nature que le Père et l’Esprit Saint. Et c’est Marie qui, par son « oui », lui a donné sa nature humaine. Et comme nous le disons dans le « Je crois en Dieu », il a été conçu du St Esprit : L’Esprit St viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre. Luc veut donc faire comprendre à ses lecteurs qui est Jésus dès l’origine.

Finalement, dans ce récit très riche sur l'identité du fils de Marie qui sera adopté par Joseph, nous invite déjà à entrer dans le mystère de Noël que nous préparons avec la même délicatesse que celle de l'ange envoyée à Marie en qui s'opère ce qui s'appelle la conception virginale.

2 S 7, 1-5.8b-12.14.16 ; Ps 88 ; Rm 16, 25-27 ; Lc 1, 26-38

P. Olivier Joncour

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