Celui qui envoie Homélie 29° dim TO A (18.10.2020)

Dimanche 18 octobre 2020 29° dim TO A St Jean des Grésillons Gennevilliers

Celui qui envoie

Après les trois paraboles sur la vigne, nous sentons une tension qui monte contre Jésus : d’abord avec des pharisiens l’interrogeant sur la question de l’impôt à payer ou non à l’occupant romain, ensuite avec des sadducéens au sujet de la résurrection des morts (Mt 22, 23-33), et enfin un docteur de la Loi à propos du grand commandement (Mt 22, 34-40).

Avec Cyrus, l’empereur de Babylone en -538 et avec César à l’époque de Jésus, on est dans les grands dirigeants de leur époque. Aujourd'hui, ce serait Trump ou Poutine. Leur pouvoir était quasiment toujours associé à une représentation divine pour assurer leur autorité et leur légitimité, comme c’était aussi le cas en Egypte avec Pharaon. Aujourd’hui, le contexte politique est très différent : nous vivons dans une démocratie où il y a des élections libres avec plusieurs listes avec des programmes très différents, tant au niveau des villes, que des départements qu’au niveau du Parlement ou du Président de la République. Si les Chefs d’État ne demandent pas qu’on les prenne pour un dieu ni qu’on leur voue un culte, la fonction est parfois vécue de façon monarchique comme celui d’un roi. Au niveau local, il peut aussi y avoir une manière d’agir et de se présenter comme un père pour ses enfants, en distribuant des aides se substituant à l’État ou à des associations caritatives, qui accompagnent au jour le jour des familles, des personnes dans une grande précarité, comme un bon roi vis-à-vis de son peuple qui a besoin d’aide. La tentation est toujours forte pour se faire aimer et à nouveau élire.

Le Seigneur a mis en garde son peuple contre l’idolâtrie, c’est-à-dire, cette possibilité de mettre une personne à la place de Dieu, de mettre quelqu’un à la place la plus haute, qui est en principe celle de Dieu, notre Créateur et notre Sauveur. Rappelons-nous comment, dans les actes des apôtres, Corneille, un centurion romain, tombant aux pieds de Pierre, s’est prosterné devant lui qui lui a dit : « Lève-toi. Je ne suis qu’un homme, moi aussi. » (Ac 10,25) Ou, encore Daniel, ce jeune juif exilé à Babylone qui avait accepté de travailler à la cour du roi Nabuchodonsaur et qui a refusé de lui rendre un culte en le vénérant et en se mettant à genoux devant lui [Réf]. Le Seigneur rappelle à son peuple, et même aux autres peuples qu’il n’y a qu’un seul Dieu : Je suis le Seigneur, il n’en est pas d’autre. […] Il n’y a rien en dehors de moi. Je suis le Seigneur, il n’en est pas d’autre. Ou avec le psalmiste : Le Seigneur est Roi ! Il gouverne avec droiture. En effet, le seul devant Lequel il convient de se mettre à genou pour Le prier, c’est le Seigneur Jésus : « Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers, et que toute langue proclame : « Jésus Christ est Seigneur » à la gloire de Dieu le Père. » (Ph 2, 9-11)

Qui enverrai-je ? Me voici ! Envoie-moi

Cette année, le thème de la Semaine missionnaire est la réponse à la question du Seigneur : "Qui enverrai-je ?", le "Me voici ! Envoie-moi !" du prophète Isaïe (6,8). D’une certaine manière, c’est aussi ce que Paul, Sylvain et Timothée ont répondu intérieurement pour porter la Bonne Nouvelle aux nations, aux Thessaloniciens et à d’autres, en Grèce et ailleurs. Reprenons le début de cette lettre où ils décomposent les différentes étapes de l’acte d’évangéliser, de témoigner de sa foi, de faire des disciples comme Jésus l’avait ordonné aux apôtres : « Allez de toutes les nations, faites des disciples » (Mt 28,20). Tout commence par la proclamation, l’annonce de l’Evangile, […] puissance, action de l’Esprit St. Ce que St Paul écrit aux Romains : « Comment invoquer Jésus le Sauveur, si on n’a pas mis sa foi en lui ? Comment mettre sa foi en lui, si on ne l’a pas entendu ? Comment entendre si personne ne proclame ? Comment proclamer sans être envoyé ? Isaïe demande en effet : ‘Qui a cru, Seigneur, en nous entendant parler ?’ Or la foi naît de ce que l’on entend ; et ce que l’on entend, c’est la parole du Christ. » (Rm 10, 14-17)

Je pense à toutes ces mamans qui le font dès le plus jeune âge pour leur enfant, ou depuis 2-3 dizaines d’années à ces grands-mères qui le font avec discrétion vis-à-vis de leurs petits-enfants dont les parents n’ont pas demandé le baptême, ou encore ces baptisés qui ne l’ont jamais dit à leur travail mais que certains de leurs collègues viennent voir à l’occasion d’un décès pour savoir comment organiser des obsèques à l’église. C’est l’occasion pour eux de témoigner de leur foi en Jésus mort et ressuscité et rendre compte de l’espérance qui est en nous avec douceur et respect (cf 1 P 3, 15c-16a). Ensuite, ils ont accueilli cette parole et leur foi a grandi et s’est fortifiée en se transformant en actes généreux pour les autres : c’est la foi active et la charité [qui] se donne de la peine. C’est enfin leur espérance [qui] tient bon. Ils sont devenus « disciples-missionnaires » pour reprendre une expression chère au Pape François dans « La joie de l’Evangile ». Un peu comme l'une d'entre vous qui a remis une carte du catéchisme à une voisine qui ne savait pas qu'on pouvait inscrire son enfant.

Pourquoi alors prier pour la mission, les uns pour les autres ? Nous prions pour d’autres et d’autres ont prié pour nous pour que nous ne fuyions pas, que nous ne rations une occasion que le Seigneur nous donne, où Il nous fait confiance, où il n’a personne d’autre à ce moment-là. Qui veut relever le défi de la mission ? Qui veut répondre « Me voici ! Envoie-moi ! » ? ’Seigneur, fais de nous tes témoins par Ton Esprit !’

Is 45, 1.4-6a ; Ps 95 ; 1 Th 1, 1-5b ; Mt 22, 15-21

P. Olivier Joncour

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