Une Eglise boostée par la résurrection du Christ Homélie Dimanche de la Divine Miséricorde (19.04.2020)
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Dimanche de la Divine miséricorde 19 avril 2020 Oratoire Colombes Sans assemblée
Une Eglise boostée par la résurrection du Christ
Eh bien notre Thomas, de cette année, c’est le Père Jean. Il n’était pas là dimanche dernier. Il était chez lui, confiné. Et il a vu qu’il y avait de l’animation dans la cour le samedi soir autour d’un feu, et cela l’a intrigué.

Qu’est-ce que Thomas a fait dimanche dernier au moment où Jésus Ressuscité s’est manifesté ? Il était sorti. Etait-il parti faire les courses pour le reste du groupe ? Faire son jogging du dimanche matin ? Nous ne le savons pas. En tous cas, à son retour, il n’a pas cru le témoignage des autres même s’ils étaient nombreux, même s’il les connaissait bien. Nous voyons que, même à la maison, il peut se vivre de belles choses du point de vue de la foi. Si nous sommes enfermés chez nous, ce n’est pas par peur, mais cela n’empêche pas le Seigneur de venir nous rencontrer ; se manifester, nous souhaiter la paix. Ce récit nous fait découvrir que des personnes qui vivent entre les mêmes murs ne croient pas tous. Alors pour ceux qui sont croyants en Jésus que Dieu a ressuscité des morts, n’ayons pas peur de dire que pour nous Jésus est vivant. Et si, même dans son cœur, la personne met au défi le Seigneur de se manifester, ce n’est pas forcément un blasphème. Souvenons toujours de ce qu’Il a fait pour Thomas une semaine après. Oui ! Commençons déjà par ceux qui sont avec nous, même si nous leur en avons déjà parlé. Cette fois-ci sera peut-être la bonne ! Nous ne sommes pas chargés de les convaincre, mais de leur dire, comme Bernadette Soubirous l'a dit au sujet des apparitions de Marie à la grotte de Massabielle.

Ce qui m’impressionne dans le comportement du Ressuscité, c’est son calme, sa patience, son amitié pour Thomas et tous ceux qu’il rencontre : Marie-Madeleine (Jn 20), les deux disciples d’Emmaüs (Lc 24, 13-31). Il leur laisse le temps de le reconnaître, de différentes manières. A chaque fois, c’est Lui qui vient vers eux. Il se laisse approcher. Il provoque la foi de Thomas jusque dans son incrédulité. Il n’écrase pas. Il s’adapte à chacun. Aujourd’hui encore.
Dans la description de la vie de l’Eglise des premiers jours, mois après la Pentecôte. Tout semble facile. Pour ce 6° dimanche sans messe à l’église, une question m’est venue : comment vivre en Eglise, et pas seulement le dimanche, alors que nous ne pouvons pas nous rassembler physiquement à l’église ni à la maison paroissiale ?
Rapidement, nous nous sommes dit qu’il fallait continuer à nourrir notre vie spirituelle pendant le Carême. Cela passe par la proposition que nous faisons chaque jour qui est présentée sur le site internet et relayée sur les comptes de nos réseaux sociaux et le groupe WhatsApp paroissial plus récemment. Pour nous, il ne s’agit pas de filmer ce que nous faisions déjà habituellement. Il s’agit de rester en communion, en lien, reliés, connectés les uns avec les autres, même si les moyens sont différents et que nous voyons que ce n’est pas pareil. Et heureusement, car j’imagine déjà la joie des retrouvailles. Notre famille Eglise a besoin de se retrouver en chair et en os, de se laisser rassembler par son Seigneur. Nos messes et groupes de prières nous manquent, y compris la personne qui chante peut-être faux à côté de moi, les rencontres aussi. Nous ressentons aussi le même manque pour les enfants à l’école, au collège et au lycée, au travail, la vie associative, ceux qui pratiquent un sport collectif… C’est dire que la messe n’est pas un spectacle, mais demande une vraie participation de chacun. C’est pour cela que nous vous demandons de télécharger la feuille des chants de la messe du dimanche, à certains de faire une lecture, de préparer et animer une veillée de prière, d’animer un groupe de partage biblique, … Nous redécouvrons l’importance d’une vie de prière chez nous. Avec des choses simples, même si cela ne remplace pas nos liturgies.

Ceci dit, après avoir boosté notre Carême, nous continuons pendant le Temps pascal, et aussi longtemps qu’il faudra, en nous appuyant sur les 5 essentiels de toute communauté et de tout disciple-missionnaire de Jésus, ces 5 vitamines pour une vie personnelle et ecclésiale équilibrée, pour continuer à grandir : la prière, la fraternité, le service, la formation et le témoignage. Nous allons proposer une vidéo, les prochains samedis pour une vie conduite par l’essentiel, jusqu’à la Pentecôte. Non seulement « mens sana in corpore sano » : un esprit sain dans un corps sain, mais aussi Spiritus sanctus in corpore sanctorum : l’Esprit St dans le corps des saints.

Comment vivre une vie de communauté sans un fort sentiment d’appartenance, sans rejoindre un petit groupe de 8-10 personnes qui constitue un sous-ensemble de notre Eglise. Ces petits groupes, ce n’est pas un gadget. C’est vital pour chacun et chacune de nous comme nous avons pu le vivre cette semaine lors du Parcours Alpha chez soi mercredi soir et à l’occasion d’un partage biblique jeudi. Mais, nous étions trop peu nombreux. Je ne dis pas cela pour vous embêter, nous avons besoin de nous retrouver, notamment les personnes seules. Pour celles en couple ou en famille, c’est une soupape, cela élargit notre horizon. Les personnes qui ont vécu le partage biblique cette semaine et avant les rameaux en ont été très heureuses.
Pour conclure, restons chez nous sinon nous allons rater la visite de Jésus ressuscité ! En attendant, chaque jour, reprenons ce que Jésus a demandé à Ste Faustine, cet acte de foi tout simple : « Jésus, j’ai confiance en toi » « Jésus, j’ai confiance en toi » Car je sais que tu peux ce que je ne peux pas. Peu importe où vous êtes pour le dire.
Au matin de Pâques, les femmes qui se rendaient au tombeau de Jésus se demandaient qui leur roulerait la pierre (rolling stone) pour entrer dedans pour s’occuper du corps mort. Et en arrivant tout est bouleversé : la pierre est roulée et c’est un Vivant qu’elles rencontrent.
Ici, il nous arrive parfois de nous demander comment ouvrir le cœur de quelqu’un qui est dans la haine ou quelle sera la clé pour passer du doute à la confiance, de la méfiance de Dieu et des autres à la foi Et si, là aussi, nous apprenions à laisser le Seigneur nous précéder, et à le laisser agir en nous et par nous, ce serait un des beaux fruits de cette période.
Ac 2, 42-47 ; Ps 117 ; 1 P 1, 3-9 ; Jn 20, 19-31
P. Olivier Joncour