Avec ou sans sel? Avec ou sans lumière? Homélie 5° dim TO A (9.02.2020)
-
Dimanche 9 février 2020 5° dim TO A St Pierre St Paul, Colombes
Avec ou sans sel? Avec ou sans lumière?
Cet extrait de l’évangile suit les béatitudes (Mt 5, 1-12) au début du premier des cinq grands discours de Jésus : ici, sur la montagne (Mt 5-7). Avez-vous remarqué que ce sont deux affirmations qui ne sont pas soumises à des conditions, ni liées à une promesse. Sans sel, la nourriture est fade et sans lumière, il n’y a pas de vie possible ! Vous êtes-vous déjà demandé à quoi ressemblerait le monde s’il n’y avait ni sel ni lumière ?

1. Le sel a) Il donne de la saveur aux plats cuisinés. Au contraire, un plat sans sel manque de goût. C’est ce qu’ont vécu les enfants du catéchisme qui ont goûté du pain sans sel et qui ont senti la différence. Le monde sans les disciples de Jésus serait bien fade, sans relief.
b) Le sel est précieux. Rappelons-nous nos cours d’histoire au Moyen-Âge, avec l’impôt sur le sel, la gabelle. Les disciples de Jésus ont du prix aux yeux du Seigneur qui les aime (cf Is 43,4). Nous avons de la valeur pour Lui. Il est heureux que nous existions et de nous voir grandir et progresser, de bénir nos vies. Et le seul critère de réussite n’est pas la prospérité ni la réussite professionnelle si on y est arrivé au détriment des autres et en les écrasant.
Quant au sel bénit, un sacramental, comme l’eau bénite : il sert pour être protégé du mal et d’esprit mauvais.

2. La lumière. Les disciples de Jésus ne sont ni le feu ni le soleil : ils sont la lumière du monde. Ils ne sont pas la chaleur que dégage le feu dans la cheminée ni celle du soleil qui peut aller jusqu’à éblouir voire aveugler. Ils sont comme les jeunes filles sages de la parabole du retour du Christ : grâce à leur réserve d’huile, ils seront en mesure d’accueillir le Messie qui les réveillera de nuit et les invitera à entrer dans la salle des noces pour l’Alliance (cf Mt 25, 1-13). Les disciples de Jésus rayonnent par leur sagesse.
C’est pourquoi, je dénonce avec tristesse et force celles et ceux qui viennent à l’église et qui pratiquent en même temps la sorcellerie, la magie blanche ou noire, qui paient quelqu’un pour jeter un sort à un autre pour lui nuire ou le détruire, ceux qui font des prières qui ne sont pas adressées au Dieu de Jésus le Christ, et celles qui font des gestes de malédiction. Ce n’est pas possible de tricher. Ils auront des comptes à rendre au Seigneur des vivants s’ils n’arrêtent pas, s’ils ne se convertissent pas, s’ils ne demandent pas pardon. Le Seigneur sait accueillir avec beaucoup de miséricorde ceux qui ont ont cru voir un oasis en plein désert alors que ce n’était qu’un mirage, vide, imaginaire. Et qu’ils n’écoutent pas la voix qui leur dit que cela ne fait rien à Dieu ou que Dieu ne pourrait rien faire. Qui a donné sa vie pour nous sauver ? Quel est l’innocent qui est mort crucifié ? Qui est Celui que Dieu a ressuscité des morts et qui est le Sauveur de tous y compris ceux qui se pensent maudits ou tellement loin de la Lumière de Dieu qu’ils sont dans une prison dorée ou un cachot sous terre ? Qui est le Vainqueur ?
La lumière, c’est la première créature qui définit le jour avant même la création du soleil qui n’a lieu que le 4° jour avec la lune et les étoiles (Gn 1, 3-4). Etre une lumière, ce n’est pas être brillant. C’est se laisser éclairer par la lumière divine. C’est apporter nos lumières à ceux qui en ont besoin au nom du Seigneur. Etre lumineux, c’est être habité par la Présence de Celui qui demeure en nous, Celui qui est Amour, Celui qui est le Glorieux, Celui qui est le Vivant, le Ressuscité de Pâques.
Éclairons par nos paroles et nos explications ceux qui en ont besoin comme St Paul savait le faire, pas seulement par des mots mais aussi par des actions. Isaïe nous donne des pistes très concrètes : partager son pain avec celui qui a faim, accueillir chez soi les pauvres sans abri, habiller celui qui est sans vêtement, donner à celui qui a faim, combler les désirs du malheureux. Il ne s’agit pas d’être brillant intellectuellement – St Paul nous en garde quand je suis venu chez vous, je ne suis pas venu vous annoncer le mystère de Dieu avec le prestige du langage ou de la sagesse. Mon langage, ma proclamation de l’Evangile, n’avaient rien d’un langage de sagesse qui veut convaincre, mais c’est l’Esprit et sa puissance qui se manifestaient. Il ne faut pas chercher à en mettre plein la vue aux autres.

Laissons-nous éclairer de l’intérieur par le Christ Jésus, la seule Lumière du monde qui éclaire nos zones d’ombre, nos blessures et nos fragilités pour qu’il les visite, nous pardonne, nous guérisse et nous rende plus forts. Il est la Lumière dont le monde a besoin. En le laissant parler par nous, en le laissant aimer à travers nous, en lui permettant d’agir à travers nous, il rejoint qui ont besoin de cette Lumière qui relève, qui réchauffe, qui rassure. Et rendons gloire à Dieu pour ce que nous faisons d’ordinaire et pour l’extraordinaire qu’Il réalise qui permet à d’autres de voir Sa puissance agir pour tous ceux qui mettent leur foi en Lui !
Is 58, 7-10 ; Ps 111 ; 1 Co 2, 1-5 ; Mt 5, 13-16
OJ+