Deux profils missionnaires complémentaires Homélie St Pierre St Paul 29.06.2019

Fête de St Pierre et St Paul de Colombes 29 juin 2019 St Pierre St Paul, Colombes

Deux profils missionnaires complémentaires

Parmi les profils missionnaires, il y a ceux qui correspondent aux deux apôtres, les saints patrons de notre église.

Je me souviens de ce que le Père Franck Javary nous avait dit sur eux en novembre 2018. Et leur manière d’avoir été des disciples-missionnaires de Jésus, même s’ils étaient l’un et l’autre des fils d’Israël, des juifs, qui avaient vécu une rencontre forte, intense et personnelle avec Jésus le Christ, avait été marquée leur personnalité et la manière dont ils l’avaient connu.

Si on retrouve des grandes étapes communes, ils sont ensuite différents l’un de l’autre.

D’une part, il y a Simon, le pêcheur du lac de Galilée que Jésus a appelé à quitter sa barque pour faire de lui un pêcheur d’hommes. Et en lui donnant un nouveau prénom qui n’existait pas, Pierre, il fait un jeu de mots célèbre : Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise et rien, pas même les forces de la mort ne l’emportera pas sur elle. Dans l’évangile selon St Jean, c’est son frère André, un disciple de Jean le baptiste qui conduit son frère à Jésus.

Le récit des évangiles est la découverte progressive de Jésus par les disciples et les Douze. C’est le temps de leur formation, en se mettant à l’écoute du maître, en le regardant agir, et en se laissant prendre à contre-pied par ce qu’Il leur demande. Souvenons-nous du récit de l’évangile de dimanche dernier où, alors que les douze voulaient renvoyer les foules, Jésus leur demande de leur donner à manger à partir des cinq pains et des deux poissons. Et le récit que nous venons d’entendre du sondage de Jésus sur son identité, et la diversité des avis et des opinions montrent que Jésus est bien dans la continuité de certaines grandes figures bibliques qui l’ont précédé dans le temps – Jean le Baptiste, Elie, Jérémie ou l’un des prophètes – et finalement la réponse de Simon-Pierre inspirée par Dieu : Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. Juste après, Jésus lui confie une mission très importante, par rapport aux clés, d’où vient le symbole qui permet de le distinguer des autres apôtres dans les sculptures ou les tableaux : je te donnerai les clés du royaume des cieux. Avec le pouvoir de donner le pardon de Dieu ou non.

On connaît aussi le Pierre qui se retrouve en difficulté après la première annonce de la passion, de la mort et de la résurrection de Jésus, après son triple reniement et même au bord du lac quand il n’est pas très à l’aise quand Jésus lui demande s’il l’aime plus que les autres. Après la Pentecôte et la venue de l’Esprit St, ce n’est plus le même homme : il est beaucoup plus assuré : le discours devant les juifs en pèlerinage à Jérusalem (Ac 2), sa guérison du paralysé de la Belle-Porte (Ac 3), ses arrestations suivies de ses procès car il témoignait de Jésus mort et ressuscité, sa rencontre avec le Centurion Corneille, le premier païen qui va recevoir le baptême dans l’eau et l’Esprit Saint, et sa libération miraculeuse par l’ange de la prison, jusqu’à son martyre à Rome où il est mort crucifié la tête en bas lors de la persécution de Néron après avoir fait accusé les chrétiens d’avoir mis le feu à un quartier de Rome.

Quant à Saul, St Paul, il n’a jamais rencontré Jésus de Nazareth pendant ses trois années en Galilée, en Samarie ou en Judée. C’était un juif très bien formé, un intellectuel, habile à discuter et argumenter, avec un vrai talent d’écrivain et d’orateur. St Luc nous le présente pour la première fois lors de la lapidation du diacre Etienne. Il sera ensuite envoyé persécuter l’Église à Damas avant d’être arrêté en route, de dialoguer avec le Ressuscité qui lui fait comprendre que la persécution de ses disciples ou de Lui, c’est la même chose, et qu’il est bien le Messie annoncé par les prophètes. Il perd la vue pendant trois jours avant d’être accueilli par Ananie à Damas qui avait été prévenu que le Seigneur se servirait du zèle du persécuteur au service de l’annonce de l’Evangile. Et tous les avantages qu’il avait dans le judaïsme, il a accepté de toute perdre pour le Christ, mort et ressuscité. Il défendra l’accueil des païens dans l’Église sans les obliger à devenir juifs et sera l’apôtre des païens. Fondateur de communautés chrétiennes avec lesquelles il reste en contact par des amis qu’il envoie prendre de leurs nouvelles leur répondant par des lettres, il passes 2-3 ans avec eux pour les catéchiser, former des leaders et des responsables de communautés avant de recommencer plus loin, ayant comme objectif d’aller jusqu’à Rome.

Il a vécu trois voyages missionnaires. A la fin des deux premiers, il est revenu à chaque fois à Jérusalem raconter ce qu'il avait vécu. Il a même organisé une collecte auprès des Eglises qu'il avait fondées pour marquer la communion avec l'Eglise de Jérusalem. Arrêté, il a  demandé à être jugé à Rome par l’empereur car il était citoyen romain. Il est mort martyr en dehors de l’enceinte de la ville, décapité par une épée.

Finalement, à travers l'Eglise, Jésus continue à nous former. A chacun de nous de trouver son style missionnaire en fonction de ce que nous sommes, de ce que nous avons déjà vécu et des personnes que le Seigneur nous fait rencontrer.

Ac 12, 1-11 ; Ps 33 ;  2 Tm 4, 6-8.16-18 ; Mt 16, 13-19

P. Olivier Joncour