Une Eglise bousculée de prêtres, de prophètes et de rois Veillée pascale (20.04.2019)
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Samedi 20 avril 2018 Veillée pascale Sacré Coeur, Colombes
Une Eglise bousculée de prêtres, de prophètes et de rois
Nous venons d’écouter un résumé de l’histoire de Dieu avec l’humanité, d’abord avec le récit de la création (Gn 1), le passage de la Mer Rouge par les hébreux que le Seigneur libère de l’esclavage en Egypte (Ex 14) pour les conduire sur la terre qu’il avait donnée à Abraham et sa descendance avec qui il avait conclue une alliance, puis l’annonce d’une nouvelle alliance avec toute l’humanité par l’intermédiaire du prophète Ezéchiel (Ez 36) avant que le récit du tombeau de Jésus trouvé vide le 3° jour après sa mort sur la croix (Lc 24). Plus tard, St Paul a écrit aux Romains pour leur expliquer le lien entre la passion, la mort et la résurrection de Jésus avec le baptême dans l’eau et l’Esprit saint (Rm 6). C’est par la foi que nous sommes sauvés. C’est par ce baptême que Dieu pardonne tous les péchés pour la 1° fois. C’est par ce baptême donné « au nom du Père et du Fils et du St Esprit » que l’on devient fille ou fils de Dieu par adoption, que l’on est associé à la mission de Jésus, prêtre, prophète et roi.
Prêtre, car nous pouvons nous adresser à Dieu le Père ou à Jésus son Fils ou à l’Esprit St sans passer par un intermédiaire humain. C’est notre prière personnelle et en communauté. Pour l’Église, cela s’appelle la Liturgie, c’est-à-dire l’action du Peuple de Dieu qui chante, qui loue le Seigneur, qui Le remercie, qui lui présente sa prière, notamment à la messe.
Prophète, car après avoir écouté Dieu nous parler, nous pouvons lui répondre et témoigner des merveilles qu’il a déjà accomplies dans le monde, dans l’Église et dans nos vies. Pour l’Église, cela s’appelle le Témoignage en actes et en paroles.
Roi, car nous sommes invités à nous mettre au service de l’humanité en particulier les plus fragiles, les plus faibles, les exclus, les sans-voix, les exclus, les marginaux. Roi, c’est-à-dire serviteur comme Jésus en a donné l’exemple au cours de son dernier repas le jeudi saint en lavant les pieds de ses disciples (cf Jn 13). Pour l’Église, cela s’appelle la Diaconie, dont les diacres rappellent à toute l’Église cette dimension d’ouverture au monde, d’attention aux victimes en tous genres. C’est l’amour du prochain.
Nous venons de vivre une année difficile qui peut se résumer dans la semaine sainte douloureuse que nous venons de vivre.
Il y a un an qui aurait imaginé les turbulences que l’Église avec les révélations des abus et notre communauté du Sacré Coeur et de St Bernard allaient vivre ? Alors que le Père Gérard avait célébré ses 70 ans entouré de sa paroisse qui l’aimait tant, de tant de personnes qu’il a aidées à retrouver Jésus et une vie en Eglise avec un engagement dans le monde fort dans son travail, dans la vie de quartier, dans sa famille, dans une association ou un syndicat, il est hospitalisé début juillet à l’hôpital Foch de Suresnes, avant de mourir trois semaines plus tard à notre plus grand étonnement à tous, y compris du personnel médical. Pour certains, c’est la révolte. Pour d’autres le déni. Pour d’autres, une prise de distance par rapport à la foi ou à la prière à l’église. Ce furent en tous cas, la belle veillée de prière avec de nombreux témoignages d’enfants, de jeunes, de militants d’ACO et de JOC, et de paroissiens, avec la présence de Mgr Matthieu Rougé, notre nouvel évêque nommé. Quelques jours plus tard, c’était la célébration de ses obsèques en présence de nombre d’entre nous et de prêtres du diocèse de Nanterre. Ce fut ensuite le temps de l’acceptation de son absence visible, car je pense que là où il est il veille sur notre communauté. Puis il y a eu toutes les fois où nous avons pu aller nous recueillir seul ou à plusieurs sur sa tombe au cimetière. Depuis, la vie de notre paroisse continue, les activités aussi, le rassemblement du dimanche avec des prêtres différents, l’ACE, la JOC, le MCR, le catéchisme, les célébrations d’obsèques, les baptêmes, la préparation au mariage, des personnes demandent à se préparer au baptême, à la 1° communion ou à la confirmation. Et bientôt nous en saurons plus sur la nomination d’un curé qui commencera en septembre prochain.
Pour le dire autrement, je trouve que notre communauté paroissiale ressemble un peu aux deux disciples de Jésus qui étaient partis tout tristes de Jérusalem et que Jésus ressuscité a rejoint pour leur permettre de raconter ce qu’ils avaient vécu, leurs déceptions, leurs espérances déçues, ce que les femmes leur avaient dit, comment Il avait marché avec eux et leur avait expliqué ce qui Le concernait dans la Bible juive avant qu’ils l’invitent à partager le dîner où ils L’ont reconnu au partage du pain (cf Lc 24, 13-35).
Mes amis, chers frères et sœurs, ne nous laissons pas voler la joie de Pâques (cf Pape François La Joie de l'Evangile 76-109). Ne perdons pas l’enthousiasme que le Père Gérard a su nous communiquer en accueillant là où nous en étions, avec nos blessures, nos déceptions, nos coups de gueule, nos incompréhensions, … Pâque, c’est l’expérience de libération pour les hébreux. Pâques, c’est l’expérience que la mort n’aura pas le dernier mot. C’est l’ouverture à une vie transformée par la puissance de vie éternelle et d’amour divin. C'est l'expérience d'une vie nourrie par l'Eucharistie qui vient nourrir notre vie de baptisé et de confirmé.
Gn 1,1 - 2,4 ; Ex 14-15 ; Ez 36 ; Rm 6, 3b-11 ; Ps 117 ; Lc 24, 1-11
P. Olivier Joncour