Vous n'aurez pas ma haine Homélie (24.02.2019)

Dimanche 24 février 2019 7° dim TO C St EH Colombes

"Vous n'aurez pas ma haine"

Aimez vos ennemis. Priez pour ceux qui vous persécutent.

Aimez vos ennemis. Les adversaires et les ennemis de l’Église ont de la matière pour se déchaîner et La mettre face à l’écart entre ce qu’elle doit annoncer et ce que ses membres vivent. Les ennemis sont à l’extérieur et aussi à l’intérieur. Benoît XVI avait ainsi déclaré aux journalistes lors de son vol vers Lisbonne que « la plus grande persécution contre l'Eglise ne vient pas d'ennemis extérieurs, mais naît du péché dans son sein. » comme le rappelait hier une journaliste mexicaine hier au Vatican lors du Sommet pour la Protection des mineurs dans l'Eglise (21-24 février 2019).

L’actualité est chargée : le livre à sensation « Sodoma » (F. Martel) est une enquête publiée cette semaine sur la présence d’homosexuels au Vatican et le film « Grâce à Dieu » (F Ozon) sorti mercredi dernier sur les victimes d’un prêtre pédophile du diocèse de Lyon et des profanations dans des églises la semaine dernière.

Timothy Radcliffe

Le livre « énervera et attristera un grand nombre de catholiques. Pour beaucoup, ce sera la goutte d’eau qui fait déborder le vase et ils s’en iront. » a déclaré l’ancien maître des dominicains, Timothy Radcliffe. Il y a cependant beaucoup d’imprécisions « dont personne ne revendique la paternité (“Il y aurait…”, “On dit que…”), de citations anonymes et d’insinuations. » Pourtant, ce serait une erreur de dénigrer ce livre. Si ces révélations vont renforcer le sentiment que l’Eglise est une institution corrompue qui a perdu toute autorité, nous devons y faire face avec espoir et courage.”

Oui, les catholiques sont en crise, mais “l’histoire d’Israël et de l’Eglise est une suite de crises. La Passion, la crucifixion et la mort de Jésus furent une crise pour les apôtres et les apôtres. Avec la grâce de Dieu, celles-ci sont fécondes”. En effet, nous l'avons entendu dans l'évangile de la fête de la Chaire de Pierre, vendredi, Jésus a dit à Simon-Pierre à qui il allait remettre les clés du Royaume : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. » (Mt 16,18)

Sommet pour la protection des mineurs dans l'Eglise

En ce qui concerne les prêtres et évêques qui ont abusés sexuellement des enfants, des adolescents ou des religieuses en commettant aussi des abus de pouvoir ou de confiance, nous pouvons à nouveau entendre le reproche que le Seigneur adressait aux bergers d’Israël (les prêtres et les rois) qui n’avaient pas pris soin du peuple mais seulement d’eux (cf Ez 34, 1-8). Malgré tout, si l’une des faces de la pièce de monnaie est sombre, l’autre est dans la lumière : nous pouvons prendre cette crise de l'Eglise de manière positive car cela oblige à vivre un renouvellement de l’Église : après le silence, les cris étouffés, et la surdité, l’Église prend des décisions en se mettant du côté des victimes, en les écoutant et en se donnant les moyens que cela ne se reproduise plus.

Cette crise oblige à vivre une remise en cause. C’est un appel au changement, à condition de le vivre dans l'humilité. Le Carême qui commencera le 6 mars sera une occasion favorable donnée par le Seigneur pour vivre ces conversions comme un renouveau, comme une résurrection, comme une renaissance si c’est la Parole du Christ qui nous éclaire et nous aide à discerner ce que Dieu le Père, par l’Esprit Saint, veut nous aider à vivre pour en sortir grandis, renouvelés et purifiés.

Aimez vos ennemis. A qui voulons-nous ressembler ? A Abishaï qui voulait tuer Saül endormi ou à David qui ne voulait pas tuer celui qui a reçu l’onction du Seigneur alors qu’il était pourchassé ? Voulons-nous être à l’image d’Adam ou à l’image du Christ ? Qui est le plus fort ? Celui qui se venge ou celui qui ne laisse pas envahir par la haine ? Celui qui s’isole ou celui qui pardonne et restaure la relation ? Ce n’est qu’avec la grâce de Dieu que nous pouvons devenir comme David : alors qu’il aurait pu tuer ou faire tuer Saül avec sa propre lance, il ne l’a pas fait, alors que Saül le déclarait comme son ennemi.

Antoine Leiris Vous n'aurez pas ma haine

Aimez vos ennemis. Ecoutons le témoignage d’un homme dont l’épouse est morte assassinée dans la fusillade du Bataclan le 13 novembre 2015 et qui s’adresse aux terroristes :

« Vendredi soir, vous avez volé la vie d’un être d’exception, l’amour de ma vie, la mère de mon fils, mais vous n’aurez pas ma haine. Je ne sais pas qui vous êtes et je ne veux pas le savoir, vous êtes des âmes mortes. Si ce dieu pour lequel vous tuez aveuglément nous a fait à son image, chaque balle dans le corps de ma femme aura été une blessure dans son cœur.

Alors non je ne vous ferai pas ce cadeau de vous haïr. Vous l’avez bien cherché pourtant mais répondre à la haine par la colère, ce serait céder à la même ignorance qui a fait de vous ce que vous êtes. Vous voulez que j’ai peur, que je regarde mes concitoyens avec un œil méfiant, que je sacrifie ma liberté pour la sécurité. Perdu.

[…] Bien sûr je suis dévasté par le chagrin, je vous concède cette petite victoire, mais elle sera de courte durée. Je sais qu’elle nous accompagnera chaque jour et que nous nous retrouverons dans ce paradis des âmes libres auquel vous n’aurez jamais accès.

Nous sommes deux, mon fils et moi, mais nous sommes plus fort que toutes les armées du monde. […] Il a 17 mois à peine [...] et toute sa vie ce petit garçon vous fera l’affront d’être heureux et libre. Car non, vous n’aurez pas sa haine non plus. » (Lettre ouverte d’Antoine Leiris publiée sur Facebook)

1 S 26, 2.7-9.12-13.22-23 ; Ps ; 1 Co 15, 45-49 ; Lc 6, 27-38

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
DiMails © 2006 -  Hébergé par Overblog