Donner, accueillir et recevoir Homélie du 27° dimanche du Temps ordinaire B (7.10.2018)
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Dimanche 7 octobre 2018 26° dim TO B Messe en famille St EH Colombes
Donner, accueillir et recevoir
Que retiendrait une personne qui n’a pas l’habitude de venir à l’église et qui entrerait pour la première fois aujourd’hui ? Elle voudrait sûrement restée discrète, en se cachant derrière un pilier. Et Dieu sait si ce n’est pas facile car contrairement à certains édifices, il n’en y a pas beaucoup dans notre chapelle. J'espère qu'elle retiendrait la manière dont elle a été accueillie, a l'entrée et aussi dans la manière chaleureuse dont nous sommes salués au debut de la messe après nous être laissés accueillis par le Seigneur.
Nous sommes à la 2° page de la Bible où l’un des auteurs de la Bible explique que le Seigneur Dieu a tout créé, à la manière d’un potier pour l’homme et les animaux, à la manière d’un anesthésiste et d’un chirurgien pour la femme. Quand on se demande ce qui s’est passé au commencement, il y a deux questions différentes qu’on peut se poser : comment cela s’est-il passé ? et pourquoi ? Ici, l’auteur biblique ne cherche pas à répondre à la question ‘comment ?’ qui est le rôle de la science. Par contre, il explique le projet de Dieu, pourquoi Il a donné la vie, quel est le but, l’objectif.
Trois verbes vont nous aider : donner, d’une part, accueillir et recevoir de l’autre. Commençons par donner.
Dans le passage avant celui que nous avons écouté, le Seigneur Dieu a donné la vie à Adam. Il lui a donné son Souffle de vie qui en a fait un être vivant. Il lui a donné un espace où vivre. Il lui a donné la permission et l’autorisation de manger les fruits de tous les arbres du jardin, sauf d’un seul (cf Gn 2, 4b-17).
Et dans le passage que nous avons entendu ? Le Seigneur a donné à l’homme les animaux. Il lui a donné la femme. Il lui a donné des mots pour parler, pour s’émerveiller, pour reconnaître que la femme est bien ce vis-à-vis qu’Il a façonné pour qu’il devienne ce que Dieu veut qu’il soit. A l’homme et à la femme, le Seigneur Dieu leur a donné la capacité d’avoir des enfants, de s’en occuper, de leur donner une éducation, de les aider à grandir, … Il leur a donné sa confiance pour qu’ils puissent vivre sur cette terre. Le Seigneur Dieu se retire ensuite, sans pour autant se désintéresser ni les abandonner. Il a tout donné gratuitement.
Continuons avec accueillir et recevoir comme un cadeau.
La terre a accueilli l’homme modelé par Dieu avec de la terre et de l’eau. Qu’en avons-nous fait ? Qu’en faisons-nous ? Il nous arrive de la piller, de la maltraiter, de déséquilibrer ce si beau cadeau de Dieu.
Adam a accueilli sa vie comme un très beau cadeau de Dieu, puis les animaux. Et enfin, la femme, comme sa compagne, comme sa partenaire de vie, de jeux, de bonheur, de joie. C’est la bonne nouvelle de la relation, de l’amitié, de l’amour, du mariage, de l’engagement en toute liberté, en exclusivité, une fois pour toutes, dans une logique de l’accueil de la vie. Et pas seulement lors de la naissance, mais chaque jour que Dieu fait et jusqu’au dernier jour que nous ne décidons pas.
La femme a accueilli le fait qu’elle avait été désirée et attendue par l’homme, comme c’est le cas de tous les enfants qui sont désirés et aimés par Dieu déjà dans le ventre de la maman et par leurs parents.
Que nous reste-t-il à faire ? Les enfants, après avoir reçu un cadeau, que dites-vous? "Merci" Emerveillons-nous, faisons preuve de gratitude, remercions, disons merci au Seigneur comme nous allons !
Parce que l’homme et la femme sont différents, non seulement c’est cela qui les attire et les rapproche l’un l’autre, mais c’est parfois difficile de se comprendre, car cela oblige à écouter l’autre, à être attentif à l’autre. C’est possible avec beaucoup d’amour et de patience, car c’est un long chemin. Et même quand on s’aime, il arrive aussi qu’on se fasse du mal volontairement ou non. Il peut y avoir du pardon pour mieux repartir. Mais il arrive parfois qu’il y ait eu tellement de mal de fait que la vie ensemble devienne impossible malgré tous les moyens qu’on a essayés. C’est pourquoi Moïse avait permis de se séparer. Aujourd’hui aussi, surtout s’il y a de la violence et que la vie est en danger. Cet échec est lourd et les enfants sont toujours les victimes. Cependant l’homme et la femme qui divorcent n’en restent pas moins chrétiens, membres de l’Église. Certains restent seuls pour rester fidèle à leur engagement. Pour « les personnes divorcées engagées dans une nouvelle union, [écrit le Pape François], [...] elles font partie de l’Église, elles ‘‘ne sont pas excommuniées’’ et [ne doivent pas être] traitées comme telles. » Le Pape demande [qu’ils soient] accompagnés avec beaucoup de respect, en évitant tout langage et toute attitude qui fassent peser sur eux un sentiment de discrimination ; il faut encourager leur participation à la vie de la communauté. Prendre soin d’eux ne signifie pas pour la communauté chrétienne un affaiblissement de sa foi et de son témoignage sur l’indissolubilité du mariage, c’est plutôt précisément en cela que s’exprime sa charité ».(262) (Amoris Laetitia 243)
Gn 2, 18-24 ; Ps 127 ; Mc 10, 2-16
P. Olivier Joncour