Celui qui a vécu les béatitudes Homélie Toussaint (1.11.2018)
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Mercredi 31 octobre 2018 Toussaint St Pierre St Paul, Colombes
Celui qui a vécu les béatitudes

Au printemps dernier, le Pape François a écrit et publié un texte sur l’Appel à la sainteté dans le monde actuel, Gaudete et exsultate. Réjouissez-vous et exultez ! Ce titre est marqué par la joie, comme dans d’autres écrits précédents : La joie de l’Evangile et La joie de l’Amour. J’en ai cité quelques extraits dans l’éditorial du Bulletin paroissial "Qui sont les saints?" (n°105) pour vous donner envie de le lire en entier. Qui a lu l’éditorial ? Merci. Qui a commencé à lire le texte du Pape ? Merci. Il vous reste la journée de demain et les prochains jours pour le faire.
C’est dans le chapitre 3 que le Pape commente chaque béatitude (n°65-94), ces fameux heureux placés au début du premier discours de Jésus dans l’évangile selon St Matthieu. L’homme et la femme ont été créés par amour. Ils sont faits pour la joie et le bonheur. Nous avons été créés pour la joie et le bonheur. Plusieurs chemins en parallèle existent. Avez-vous remarqué la diversité ? Que la panoplie est large !

Qui s’est fait pauvre de coeur ? Qui a pleuré ? Qui a choisi la douceur plutôt que la violence ? Qui a recherché avant tout la justice ? Qui a été miséricordieux, c’est-à-dire qu’il a pardonné car il avait un coeur qui battait de l’amour de Dieu ? Qui avait un coeur pur ? Qui a été artisan de paix ? Qui a été persécuté pour la justice ? Qui a été insulté, persécuté et contre qui a-t-on dit toutes sortes de mensonges ? C’est Jésus bien sûr ! Pas seulement sur un seul aspect, mais sur tous ! Il les a tous vécus à un moment ou à un autre de ses trois années en Galilée, en Samarie ou Judée.
C’est donc un programme de vie chrétienne, un programme de disciple-missionnaire. Voyons plus précisément de quoi il s’agit :

- les pauvres de coeur apprennent à aimer en prenant Dieu comme exemple ;

- ceux qui pleurent le font par compassion, ou sur leur propre misère, ou sur leurs péchés lorsqu’ils ont réalisé qu’ils étaient tombés si bas et que le Seigneur Jésus était venu les chercher si loin sur la croix ;
- les doux rejettent la violence, la haine et un esprit de supériorité ;
- les affamés et assoiffés de justice rejoignent un élan vital et un instinct de survie en dénonçant les injustices économiques, politiques, financières, judiciaires, morales, pas seulement pour eux, mais pour tous !
- les miséricordieux ont le coeur qui se laisse attendrir et cherchent à aimer au-delà du mal qu’on leur a fait : ils aiment les autres comme Dieu et ils pardonnent ;

- les coeurs purs agissent de façon désintéressée, sans calcul, sans désir de manipuler ou posséder l’autre comme un objet pour son propre plaisir ;
- les artisans de paix cherchent le dialogue et favorisent la compréhension sur des sujets qui opposent, plutôt que la guerre qui ne résout rien ;

- les persécutés, comme Asia Bibi, cette jeune chrétienne pakistanaise dont nous avons appris ce matin qu’elle avait été reconnue non coupable des accusations de blasphème et qu’elle avait été libérée, mais il y en tant d’autres de par le monde.
Une seule personne a rarement l’occasion de vivre toutes les dimensions. Et ceux qui ont vécu comme des saints, ceux qui sont reconnus comme vivant, comme Jésus, un ou plusieurs de ces aspects ne sont pas devenus saints au ciel. Ils l’étaient surtout de leur vivant, ici sur cette terre. Et ce n’est pas réservé à quelques-uns, ni à une élite. Le pape François parle de la sainteté des gens ordinaires : celle des parents (cf n°7), d’une grand-mère (cf n°14), de sa voisine d’immeuble ou de maison (cf titre n°6 : "Les saints de la porte d'à côté"). On pourrait continuer avec son voisin ou sa voisine de banc à l’église.
Comme c’est un choix et qu’il n’est pas possible de vivre toutes ces dimensions en même temps, choisissons-en une pour cette année et demandons à l’Esprit Saint l’inventivité et l’audace de la vivre. Je vais donc relire ces différents heureux, et lorsque je lirai celui que vous voulez vivre, je vous invite à lever la main. Une fois chez vous, écrivez-le dans un lieu bien en évidence. Commençons :
Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux.
Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés.
Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage.
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés.
Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.
Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.
Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu.
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux.
Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.

Continuons à marcher sur le chemin de la sainteté qui est pour tous : il est beau, il est grand, il nous fait partager le chemin que Jésus a lui-même emprunté sur cette terre, il nous fait devenir comme Lui !
Ap 7, 2-4.9-14 ; Ps 23 ; 1 Jn 3, 1-3 ; Mt 5, 1-12a
P. Olivier Joncour

« Il y a des gens que Dieu prend et met à part. Il y en a d’autres qu’il laisse dans la masse, qu’il ne « retire pas du monde ».
Ce sont des gens qui font un travail ordinaire, qui ont un foyer ordinaire ou sont des célibataires ordinaires. Des gens qui ont des maladies ordinaires, des deuils ordinaires. Des gens qui ont une maison ordinaire, des vêtements ordinaires. Ce sont les gens de la vie ordinaire. Les gens que l’on rencontre dans n’importe quelle rue.[…]
Nous autres, gens de la rue, croyons de toutes nos forces que cette rue, que ce monde où Dieu nous a mis est pour nous le lieu de notre sainteté. […]
Qu’importe ce que nous avons à faire : un balai ou un stylo à tenir. Parler ou se taire, raccommoder ou faire une conférence, soigner un malade ou taper à la machine.
Tout cela n’est que l’écorce de la réalité splendide, la rencontre de l’âme avec Dieu à chaque minute renouvelée, à chaque minute accrue en grâce, toujours plus belle pour son Dieu.
On sonne ? Vite, allons ouvrir ; c’est Dieu qui vient nous aimer. Un renseignement ?… Le voici… c’est Dieu qui vient nous aimer. C’est l’heure de se mettre à table ? Allons-y : c’est Dieu qui vient nous aimer.
Laissons-le faire. »
(Madeleine Delbrel, in Nous autres, gens des rues)