Chemin d'Emmaüs à Colombes Homélie (25° dim TO B) (23.09.2018)
-
Dimanche 23 septembre 2018 25° dim TO B St Bernard et Sacré Coeur, Colombes
Chemin d'Emmaüs à Colombes

Autant Jésus a annoncé par trois fois sa passion, sa mort et sa résurrection, autant lorsque Gérard a été hospitalisé début juillet, personne ne pensait qu’il ne reviendrait pas chez lui. Et même les médecins ont été surpris de sa mort : celui qui était passé le voir en fin de matinée avait constaté que 98 % de ses constantes vitales étaient bonnes. Et le suivant l’a trouvé mort en début d’après-midi quand il est venu le voir. Cela fait 2 mois. Déjà 2 mois !

La mort inattendue de Gérard nous attriste, nous révolte et nous blesse car nous n’avons pas pu lui dire au revoir. Lui non plus. Même quand cela fait souffrir, même quand cela fait pleurer, même quand cela saigne, nous savons que le Seigneur est là, qu’Il nous entend, comme Cléophas et l’autre disciple ont pu l’expérimenter sur le chemin entre Jérusalem et Emmaüs (Lc 24). Aujourd'hui comme dans ce récit, Jésus pose une question similaire : De quoi discutiez-vous en chemin? Avec ceux qui étaient présents à la veillée du vendredi 27 juillet en présence de notre évêque et/ ou à la messe de ses obsèques lundi 30 juillet, nous avons déjà pu prier pour lui. Je sais que c’est plus difficile pour ceux qui étaient absents. C’est la raison pour laquelle, comme nous y avions pensé fin juillet, nous allons organiser une autre veillée de prière. Je vous confirme que ce sera le vendredi 5 octobre à 20h30 au Sacré Coeur.
Ce ne sera peut-être pas suffisant. C’est pourquoi, lors d’une réunion avec le Conseil de paroisse et des responsables de groupes et d’activités de la paroisse, jeudi soir, nous avons décidé qu’après la messe de rentrée du 14 octobre, avec ceux qui le veulent, nous irions prier sur sa tombe au cimetière de la Cerisaie, avant de nous retrouver pour un repas partagé, comme Gérard aurait sûrement aimé que cela se passe. Nous avons aussi décidé, en lien avec les sœurs de Gérard que les dons serviraient à payer sa pierre tombale et une stèle en granit rose, et de prolonger la durée de la concession, de 10 à 30 ans. Je suis sûr qu’il en est très touché. Comme par ceux qui vont fleurir sa tombe.
Gérard était le curé de la paroisse depuis 15 ans et il avait été prolongé ici. Par sa vie donnée à Dieu et aux personnes qu’il rencontrait, par son écoute, son humanité et sa foi, par sa simplicité aussi, il a permis à beaucoup de personnes qui avaient été blessées, ou à d’autres qui s’étaient éloignées de l’Église, dont plusieurs sont présentes parmi nous, de se rapprocher de Jésus, de ne pas en rester à une rancoeur qui ronge de l’intérieur, ni à une maladresse qui a fait mal à celui qui l’a entendue. Notre Dieu est celui qui voit le faible, qui s’intéresse au précaire et relève le petit.

Alors que les disciples parlent de grandeur, Jésus, sans avoir jamais joué au football, les a pris à contre-pied : il a opéré une inversion évangélique dont il a le secret en plaçant au centre un enfant. Le rôle des adultes par rapport aux enfants, et en premier les parents, est de les aider à grandir dans tous les aspects de leur vie : humainement, physiquement, psychologiquement, moralement et aussi spirituellement. C’est pourquoi, quelque soit l’âge, nous ne pouvons pas ne pas nous mettre du côté des victimes des abus sexuels, des victimes des abus de confiance, des victimes des abus de pouvoir, des victimes des abus de conscience, des victimes des abus en tous genres, avec la tentation de partir, de quitter l’Église à cause des scandales de certains. Alors, même quand nous n’avons que des larmes pour exprimer notre chagrin, prions-Le. Même quand nous manquons de force, prions-Le. Quand les mots nous manquent et que nous sommes révoltés au point de vouloir crier et qu’aucun son ne sort, prions-Le.
Quand j’ai appris la mort de Gérard par Myriam, j’ai pensé à vous que je connais plus ou moins, grâce à ce que Gérard nous racontait lors des déjeuners entre prêtres le vendredi midi et, une fois sur deux, avec les responsables des aumôneries des jeunes et de l’hôpital, Marie-Pierre Deltour et Sophie Flurin puis Danery, ainsi que les activités communes, et les quelques fois depuis l'entrée en maison de retraite de François Ollivier où je suis venu, comme les autres prêtres, à la demande de Gérard pour faire l'homélie. J’ai pensé que beaucoup se sentiraient orphelins. Même si peu l’appelaient Père Gérard, il exerçait une vraie paternité spirituelle, notamment auprès des enfants du catéchisme, des jeunes de l’ACE et de la JOC. Pour eux, il était comme un grand-père.
Celui qui m'accueille ne m'accueille pas moi, mais Celui qui m'a envoyé. Ceux qui m'accueillent avec bienveillance, indulgence et patience ne m'accueillent pas moi, mais Ce Dieu fait homme que Gérard a suivi, qui l’a appelé à devenir prêtre et que vous avez accueilli.
Comme je suis le dernier arrivé de tous, je vais donc essayer de me faire le serviteur de tous. C’est pourquoi, je compte sur chacune et chacun de vous et je prie le Seigneur pour que, nous qui sommes un peuple peu nombreux dans ce quartier de Colombes, mais un peuple fidèle, témoin de son amour, que le Seigneur nous garde dans l’unité, en communion, dans la paix qui est répété 3 fois par St Jacques, pour éviter de vivre ce que St Jacques dénonce, loin des rivalités, des oppositions, des jalousies, des luttes d’influences, pour que nous ne rendions pas le mal pour le mal, pour que nous ne nous laissions pas entraîner plus bas que ce que nous devons parfois subir. Vivons comme une communauté qui prie ensemble, qui est heureuse de se retrouver pour vivre des moments de fraternité et d’amitié, mais aussi une communauté qui prend le temps de se former pour approfondir sa foi en Dieu pour témoigner et rendre compte aussi de son espérance(cf 1 P 3,15), notamment en la résurrection des morts, ce que nous espérons pour Gérard et pour nous-mêmes.
Sg 2, 12.17-20 ; Ps 53 ; Jc 3,16 – 4,3 ; Mc 9, 30-37
P. Olivier Joncour