Celui qui invite Homélie 28° dimanche Temps Ordinaire A (15.10.2017)

Dimanche 15 octobre 2017 28° dim TO A St Pierre St Paul, Colombes

Celui qui invite

J'ignore quel était le menu du dîner qui a suivi la célébration du dernier mariage auquel vous avez participé, mais j'espère que c'était aussi appétissant que le menu annoncé par le prophète Isaïe pour la fin des temps. En tous cas,ce jour-là, c'est un repas si important que c'est non seulement le Seigneur qui invite, mais aussi Celui qui préparera le repas. Je vous avoue que j'ai encore du mal à imaginer Dieu le Père avec un grand tablier blanc et une toque de chef sur la tête. J'espère qu'un expert du Guide Michelin sera présent pour ce repas unique, inégalé et inégalable !

J'ignore aussi si toutes les personnes qui avaient été invitées au mariage sont venues ou si, pour compléter certaines tables, les mariés ont fait comme ce père qui a demandé qu'on aille chercher des inconnus pour le repas des noces de son fils car ils avaient tous déclinés l'invitation malgré la relance. Le père et le fils ont dû être bien tristes.

Il y a quelques semaines, j'ai lu un très beau témoignage dans l'esprit de la parabole de l'Evangile : des fiancés ont décidé d'annuler leur mariage quelques jours avant la date prévue au point qu'il était trop tard pour décommander le traiteur. Pour les parents de la fiancée, il n'était pas question de jeter tout ce qui avait été prévu pour les invités. Ils ont profité de l'occasion pour faire preuve de générosité et aider concrètement celles et ceux qui en avaient vraiment besoin. Ils ont donc contacté une association qui s'appelle "Oser nourrir ceux qui ont faim". Avec leur aide, ils ont invité 200 personnes sans abri pour se régaler du repas de noces, que devait être servi là où aurait dû avoir lieu la réception du mariage.

Aujourd'hui, certains ont reçu une invitation formelle parce qu'ils ont été invités par les couples animateurs de la préparation au mariage car ils se sont mariés cette année, ou que vos enfants sont inscrits au catéchisme. Un prochain dimanche, même si vous n'avez pas reçu d'invitation formelle, vous avez compris que vous étiez aussi les invités du Seigneur. Il veut aussi les bons que les mauvais, alors vous devriez trouver votre place entre ces deux extrêmes, même si vous vous dites que vous n'en êtes pas dignes ! Au contraire ! Qui n'aurait pas envie d'aller à un mariage au moins pour y faire la fête ? Et c'est bien ce qu'est la messe !

J'aimerais que nous écoutions à nouveau l'extrait de la lettre de St Paul aux Philippiens en pensant à Pablo, notre Ami du parvis. C'est lui qui dormait sur le matelas devant l'église et dont vous avez peut-être remarqué l'absence en arrivant aujourd'hui. Vous avez peut-être eu le temps de voir qu'il y avait des fleurs et une bougie là où il dormait. Il est mort dans la nuit de mercredi à jeudi dernier : Annick l'a trouvé mort, tombé sur le côté, entre son matelas et son fauteuil. Il était arrivé à Colombes il y a trois ans et demi. La première fois, il est entré dans notre église avec son ami Tony qui poussait son fauteuil. C'était au cours de la veillée pascale. Depuis, comme beaucoup de Colombiens, nous avions pris le temps de lui dire bonjour, puis d'apprendre son prénom, puis de discuter avec lui, de tisser une véritable amitié avec lui, y compris des jeunes enfants dont un petit garçon de deux ans et demi qui 'embrassait sur les joues, et qui, jeudi dernier, en rentrant de l'école, ne voyant pas Pablo sur le parvis, après que sa maman lui ai dit que Pablo était maintenant au ciel avec Dieu et Jésus, a dit : "Et quand il aura fini de voler, il reviendra nous voir, maman?" Réécoutons ce qu'il aurait pu dire, comme d 'autres de nos amis : Frères, je sais vivre de peu, je sais aussi avoir tout ce qu'il me faut. Être rassasié et avoir faim, avoir tout ce qu'il me faut et manquer de tout, j'ai appris cela de toutes les façons. Je peux tout supporter avec celui qui me donne la force. Cependant, vous avez bien fait de m'aider tous ensemble quand j'étais dans la gêne. Et mon Dieu subviendra magnifiquement à tous vos besoins selon sa richesse, dans le Christ Jésus. Gloire à Dieu notre Père pour les siècles des siècles. Amen.

Aujourd'hui, il reste des places libres dans notre église, des places pour d'autres convives : nous comprenons alors ce qu'il nous reste à faire dans la semaine qui commence : parce que nous sommes comme les serviteurs de la parabole, nous devons inviter au repas de noces, les bons et les mauvais. Il y aura peut-être des refus, mais aussi des "oui". Je pense à une femme qui a été très touchée par ce qu'elle avait lu sur ce que notre communauté avait fait pour Pablo. C'est cela qui l'a amenée à me contacter, alors que, cet été, elle avait rejeté Jésus parce qu'elle avait l'impression qu'il n'avait pas exaucé une de ses prières, en jetant par terre le crucifix de sa table de nuit. Elle est venue à notre messe. Pour elle, c'est comme le repas de fête organisé par ce père dont le fils l'avait quitté pour faire sa vie le plus loin possible de lui et sans lui (cf Lc 15, 22-24). Et combien d'autres histoires pourrait-on raconter si chacun prenait la parole pour en témoigner !

Is 25, 6-9 ; Ps 22 ; Ph 4, 12-14.19-20 ; Mt 22, 1-10

P. Olivier Joncour

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