Celui qui a dit oui Homélie 26° dimanche TO A (1.10.2017)

Dimanche 1° octobre 2017 26° dim TO A St EH Colombes

Celui qui a dit oui

La vigne est le point commun entre la parabole des ouvriers embauchés à plusieurs heures du jour que nous avons entendue dimanche dernier et l’histoire que Jésus raconte aux grands-prêtres et aux anciens du peuple juif. Le contexte est cependant différent : il s’est passé beaucoup d’événements importants depuis : au début du chap 21, Jésus est entré triomphalement à Jérusalem, il a expulsé les marchands du Temple, condamné un figuier qui ne donnait pas de fruit et refusé de répondre à ceux qui lui demandent au nom de Qui il parlait et agissait.

Autant les ouvriers n’avaient pas le choix d’aller de travailler, ils en avaient besoin pour faire vivre leur famille, nourrir un minimum leurs enfants, autant ces deux fils sont dans une autre situation : ils vivent encore chez leur père. Celui-ci veut sans doute les tester pour voir s’ils sont fiables et dignes de confiance, pour voir auquel il pourra confier et transmettre sa vigne avant de mourir.

Deux fils, deux réponses : oui ou non

L’enjeu est donc bien plus que celui de l’obéissance au père. Les deux fils ont la capacité d’exercer leur liberté. Nous aussi, depuis notre baptême, nous sommes dans cette même situation : nous pouvons être tour à tour l’un ou l’autre fils lorsque le Seigneur nous demande d’aller travailler à sa vigne, de faire sa volonté, non parce que nous aurions peur de Lui, mais parce qu’Il nous aime et que ce qu’Il demande est chemin de vie, chemin de croissance, chemin d’amour et de relations.

Dans la vie quotidienne, il y a des refus qui sont fatigants, comme celui des petits enfants qui disent « non » pour montrer à leurs parents qu’ils existent

le refus des adolescents

ou celui des adolescents qui ont besoin de se confronter à un adulte. Il y a aussi les refus systématiques

de certaines personnes, quel que soit le sujet. Il a aussi les répercussions du proche, comme la souffrance du mari ou de la femme trahi(e) à cause de l’infidélité de l’autre conjoint, qui lui demande pardon en s’engageant à rompre avec son amant ou sa maîtresse, mais qui ne fait rien, par lâcheté, par manque de volonté, par égoïsme, par confort. La souffrance grandit quand la trahison dure malgré le discours d’arrêter de faire le mal.

Le « oui » de certains est une soumission docile pour éviter les conflits, les discussions ou les contradictions. Pour d’autres, c’est un « Cause toujours !, quoique tu dises, cela m’est éperdument égal. » C’est une véritable hypocrisie. Pour les derniers, c’est un oui qui est un oui, de même qu’un non aurait été un vrai non. « Que votre oui soit oui, que votre non soit non » (Mt 5,37).

Le fils qui refuse pense mieux savoir que son père ce qui est bon pour lui. Le refus est synonyme de rejet, de rupture de la relation construite depuis des années. Un fossé se creuse entre le deux. Et il y a sûrement le cœur déchiré du père, une impression d’échec dans l’éducation qu’il lui a donné, comme le juste qui se met à commettre le mal. Pourtant, aucune situation n’est définitive : le méchant peut se détourner de sa méchanceté pour pratiquer le droit et la justice. Effectivement, une prise de conscience peut toujours arriver, au point qu’un revirement de décision s’opère : on passe du refus au consentement.

changement de vie, conversion spirituelle

C’est le thème du changement, de la conversion. Jésus aurait tant aimé que les grands prêtres et les anciens du peuple aient pris au sérieux ce que Jean le Baptiste, le préparateur du chemin du Messie, a dit et invité à se convertir car le Royaume de Dieu est tout proche (cf Mt 3,2). Ce changement du premier fils a pu partir d’une forme de culpabilité ou du regret lié à la déception du père, ou d’une petite voix qu’il a entendu au plus intime, dans sa conscience : « choisis la vie » (Dt 30,19c).

Il y a aussi l’autre fils : celui qui dit « oui » et ne fait pas par paresse, comme le juste qui se détourne de sa justice et qui commet le mal. Lui aussi déçoit le père. Il dit et ne fait pas, comme l’hypocrisie des scribes et des pharisiens que Jésus dénonce à d’autres moments.

Eloigne de moi cette coupe : non pas ma volonté mais la tienne

Il y a, enfin, Celui qui a dit « oui » et qui l’a fait, même si, comme chacun et chacune de nous, il a été confronté au même dilemme, dans ce qu’on appelle le combat spirituel. C’est à chaque fois que nous sommes à un choix, à un dilemme où nous savons ce qui est bien et ce qui ne l’est pas. Et une autre voix, celle de la tentation nous fait croire que le mal est le bien. Rappelons-nous, après la Cène, quand Jésus entraîne avec lui Pierre, Jacques et Jean, sa de Jésus à Gethsémani : « Mon Père, si cette coupe ne peut passer sans que je la boive, que ta volonté soit faite ! » et cela s’est répété deux autres fois (Mt 26, 39-44). Il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort. Le Christ Jésus a pu s’appuyer aussi sur le don de la force de l’Esprit saint pour aller jusqu’au bout et ne pas flancher ni revenir sur sa décision. Appuyons-nous sur son Oui, sur Celui qui a fait ce qu’il a dit. Imitons-Le jusque-là. Laissons le Christ vivre et grandir en nous.

Ez 18, 25-28 ; Ps 24; Ph 2, 1-5 ; Ph 2, 6-11; Mt 21, 28-32

P. Olivier Joncour

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