Visiter les malades et prier pour les morts Homélie 5° Dim Carême A (2.04.2017)

Dimanche 2 avril 2017 5° dim Carême A St PP Colombes

Visiter les malades et prier pour les morts

Après la solitude de la Samaritaine il y a 15 jours, et celle de l’aveugle de naissance à qui Jésus a rendu la vue, l’évangéliste St Jean met en valeur la solitude de plusieurs des personnes.

Commençons par la solitude de Lazare dans sa maladie et devant la mort. Nous savons qu’il n’est pas mort brusquement, mais que c’est la maladie qui l’a conduit à la mort. Même entouré par d’autres personnes, des soignants, des amis, que ce soit une maladie physique ou psychique, chaque personne éprouve une forme d’isolement. C’est une expérience qui ne peut pas être partagée totalement. Et se rapprocher de la mort, voir ses forces diminuer n’est pas sans difficultés. C’est éprouvant. C’est toujours le moment de faire le point sur sa vie, ce qu’on a vécu, mais aussi de ses échecs, de ce qu’on aurait aimé vivre. Sa solitude a dû être accentuée par le fait qu’il espérait voir Jésus venir le visiter et qu’il ne vient pas. Il l’attend, il l’espère et cela n’arrive pas.

Ensuite, il y a la solitude des sœurs endeuillées. Chacune a une réaction différente en fonction aussi de la relation qu’elles avaient respectivement avec leur frère, forcément différente. De la même façon, chacune est seule au sujet de la foi en Dieu, et de son espérance en la résurrection des morts.

Continuons avec la solitude de Jésus qui pleure, qui prie. L’évangéliste St Jean parsème son récit d’émotions très humaines de Jésus en lien avec son amitié très forte avec Lazare et ses sœurs. Il est saisi d’émotion, il fut bouleversé. Il se mit à pleurer. C’est un Fils de Dieu fait homme profondément et vraiment humain que nous voyons. Il n’a pas fait semblant. Il n’a pas joué la comédie. C’est aussi la gloire divine, sa divinité qui est à l’œuvre, la puissance de sa Parole qui réalise ce qu’elle dit, comme un écho à la première parole divine « ‘Que la lumière soit !’ et la lumière fut » (Gn 1,3) Lazare, viens dehors ! Une parole qui vivifie, un ordre qui ne laisse pas le choix. Un écho au « Choisis la vie » (Dt 30,19c) que Dieu adresse à son peuple sur le point d’arriver en terre promise, après 40 ans de marche, et qui a le choix entre continuer de vivre dans l’Alliance avec Dieu ou de la rejeter.

Il y a également la solitude du psalmiste qui crie des profondeurs vers le Seigneur Ce pourrait être la prière de Lazare. C’est aussi la solitude dans l’expérience de la demande du pardon de ses péchés ; car le péché nous isole, nous coupe de Dieu, des autres et de l’Eglise, tandis que son pardon nous fait réintégrer la communauté des disciples de Jésus. Le temps du carême est un moment favorable pour vivre cette démarche. Pour ceux qui n’ont pas encore pu le faire et qu’il est bon et souhaitable de faire avant Pâques.

Le Seigneur ne nous laisse pas seuls : il nous rassemble pour faire un peuple, pour vivre comme une famille, pour nous soutenir les uns les autres. Nous sommes plus forts en communauté notamment dans les moments d’épreuve. Même si personne ne peut prendre la place d'un autre, nous savons cependant que nous pouvons compter sur leur présence fraternelle, sur leur prière pour soi et la situation qui la concerne. Et Jésus vient réveiller les parties de notre vie qui sont mortes, les aspects qui sont mortifères pour les redynamiser. Présentons-les Lui pour qu'Il nous dise, en commençant par chacun de nos prénoms : Viens dehors !, puis Déliez-le !

L’Eglise ne laisse pas seules les personnes qui ont perdu un être proche et cher. Elle les accompagne. Notre Eglise, par l’intermédiaire de l’équipe 'Deuil et Foi', fait l’expérience d’accompagnement des Familles en deuil en accueillant les personnes de la famille ou un(e)ami(e) pour les écouter raconter ce qui était important pour la personne qui vient de mourir, pour aider à vivre cette étape dans la foi chrétienne et dans l’espérance en la résurrection des morts, en annonçant que le passage que Jésus a vécu de la mort à la vie par la résurrection, le réveil du sommeil de la mort, ce qui est essentiel et central dans la foi des chrétiens, nous espérons aussi que cela se produira pour les défunts et nous-mêmes à notre tour. C’est souvent dans ces circonstances qu’on découvre.

Pour finir, je pense aux icônes orthodoxes de la résurrection de Jésus où nous le voyons debout, prenant dans une de ses mains celle d'Adam et dans l'autre celle d'Eve. Le Ressuscité est venu chercher ceux qui avaient attendu la venue du Sauveur et du Messie au Shéol.

Ez 37, 12-14 ; Ps 129 ; Rm 8, 8-11 ; Jn 11, 1-45

P. Olivier Joncour