Sur le chemin de la sainteté Homelie Toussaint (1.11.2016)
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Mardi 1° novembre 2016 Messe de la Toussaint St EH et St PP Colombes
Sur le chemin de la sainteté
Des canonisations nombreuses et récentes, comme celles de l'albanaise Ste Mère Teresa de Calcutta, de la dijonnaise Ste Elisabeth de la Trinité ou de baptisés que nous connaissons moins, nous rappellent l'actualité de l'appel universel à la sainteté, dans l'élan du Concile Vatican II (LG 39-42). En effet, ce n'est pas réservé à certains, ni à une élite mais bien ce que le Seigneur attend de chaque baptisé, de chaque disciple de son Fils mis en mouvement par son Esprit.
La sainteté est un chemin de croissance personnelle dans notre relation avec Dieu vécu en Eglise. Ce n’est pas un bonheur ‘pépère’ ou ‘mémère’ à attendre dans son canapé ou sa chaise longue. Notre vie n’est pas figée. La vie chrétienne est dynamique, en mouvement. C’est une vie en marche qui nous fait aller de l’avant. Lors de la veillée des JMJ à Cracovie, le Pape François demandait aux jeunes de sortir de leur canapé et de mettre leurs chaussures pour participer activement à la vie du monde. Sinon, d'autres mojs bien intentionnés le feront à leur place. Une Bible traduit, les 9 heureux du Sermon sur la montagne par « en marche ».
De même que toute vie humaine connaît est placée sous la loi de l’évolution, de la croissance, tant physique, que psychologique et affective, notre vie spirituelle connaît des transformations, des changements. Ainsi, en prenant Jésus de plus en plus au sérieux, en Lui laissant de plus en plus de place dans notre vie, en prenant du temps pour Le prier, en Le mettant à la première place, en approfondissant notre foi avec d'autres chercheurs de Dieu et d'autres croyants, en nous mettant au service des autres de bien des manières, en vivant des moments de fraternité et de convivialité, en prenant du temps pour approfondir notre foi, Dieu nous fait rayonner et nous donne envie de parler de Lui à d'autres. C'est cela que nous voulons vivre ici dans notre Eglise, comme une grande famille.
En mettant nos pas à la suite de Jésus, nous nous laissons peu à peu transformer par Lui : notre regard sur les autres, sur nous-mêmes et sur le monde change. Nous ne voyons plus seulement à partir de la terre, mais à partir du Ciel, en adoptant le point de vue de Dieu. C'est Lui la source d'où tout part et vers qui tout va et aboutit. La vie que nous avons reçue n'est plus seulement un dû, elle est un don à faire grandir et une offrande à recevoir chaque jour. Ce processus est long, qui demande de la patience, mais qui rend profondément joyeux et heureux.
Malgré nos vies blessées, cabossées, abîmées, avec de nombreux talents et des dons, nous pouvons progresser jour après jour dans notre amitié avec le Seigneur, écouter sa Parole, recevoir ses sacrements qui prolongent les actes du Christ, et avec l’aide de la conscience. « Entre le tout ou rien, il y a le chemin de la grâce et de la croissance : 'Un petit pas, au milieu de grandes limites humaines, peut être plus apprécié de Dieu que la vie extérieurement correcte de celui qui passe ses jours sans avoir à affronter d'importantes difficultés' (EG 44 ; AL 305). » (Cardinal Christophe Schonborn Entretiens sur Amoris Laetitia Parole et Silence, 2016, p. 85) Pour cela, les vertus nous aident : les vertus théologales : la foi, l'espérance et l'amitié ; et aussi les vertus cardinales : la prudence, la justice, la force et la tempérance. Le Christ nous appelle tous à la sainteté et nous donne les grâces pour cela, ce qui peut exiger une vertu héroïque, comme c'est le cas aujourd'hui en certains lieux [...] ; mais il est aussi le Bon Pasteur qui porte dans ses bras la brebis boiteuse. " (idem, p. 86)
La sainteté, c'est une vie en conformité avec ce que le Seigneur attend de nous. L'Esprit Saint y a un rôle actif : il nous ajuster sur Dieu. Autrement dit, nous ne pouvons rien sans l'Esprit et l'Esprit agit avec notre accord, en nous et par nous. Ce Souffle de Vie divine est l’un des plus beaux cadeaux de Dieu. Ne faisons pas comme certains cadeaux que l'on recevrait mais que l'on n’ouvrirait pas ou dont on ne voudrait pas se servir ! Surtout quand c'est une personne divine qui vient demeurer au plus intime de nous-mêmes ! Or, sur ce long chemin de la sainteté, le Seigneur nous encourage et moi, je vous dis : "je vois vos efforts et vos progrès. Continuez! Pas à pas, jour après jour. Et je prie le Seigneur pour que son Esprit continue à faire en vous des merveilles que nous n'imaginons même pas, dans et pour notre Eglise, mais aussi en dehors, pour tous ceux qui attendent que nous leur parlions du Seigneur, car Il veut que nous soyons ses prophètes, ses porte-voix, ses porte-Parole. Il veut que nous soyons ses mains pour ceux qui en ont besoin. Il veut que nous soyons ses épaules pour décharger les fardeaux et les grosses malles que certains portent depuis des années et que nous les aidions en les soulageant. Et gardons en mémoire ce que le prophète Michée disait : « On t’a fait connaître ce qui est bien, ce que le Seigneur réclame de toi : rien d’autre que respecter le droit, aimer la fidélité, et t’appliquer à marcher avec ton Dieu. » (Mi 6,8).
Ap 7, 2-4.9-14 ; Ps 23 ; 1 Jn 3, 1-3 ; Mt 5, 1 12a
P. Olivier Joncour