La dernière surprise Homélie 1° dim Avent A (27.11.2016)
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Dimanche 27 novembre 2016 1°dim Avent A St PP Colombes
La dernière surprise
Une nouvelle année commence. Ne vous en faites pas, c’est la suite de l’année précédente, celle qui nous a fait redécouvrir la Miséricorde. Et si le Pape nous demande de continuer à vivre dans cette logique (Lettre apostolique Misericordia et misera), alors nous devons nous interroger sur notre rapport au temps. Tout nous pousse à vivre selon un cycle annuel, au rythme des
quatre saisons, parallèle au rythme de la vie : printemps, été, automne, hiver comme il y a la naissance, l’adolescence, l’âge
adulte et la vieillesse. Tout est un éternel recommencement avec le côté répétitif et donc routinier et sécurisant. Cependant, nous faisons l’expérience que même l’été, il y a des différences avec l’été précédent. Même l’automne change d’une année à l’autre, qu’il soit plus ou moins pluvieux, plus ou moins froid. Dans la Bible, l’histoire et le temps ne sont pas répétitions. Ils sont orientés. Ils ont un commencement, un début, et une fin, une destination. Comme dans un voyage, il y a un point de départ, et un point d’arrivée. Et dans ce voyage, il y a des points d’étapes, des pauses, des raccourcis, des détours pour prendre son temps, des parties où l’on roule sur l’autoroute à grande vitesse, et d’autres où l’on préfère flâner à petite vitesse, pour contempler, pour méditer, pour admirer et s’émerveiller. La Bible nous fait partir du tohu bohu, du chaos, pour un monde que le Seigneur organise pour que la vie soit possible : vie terrestre, céleste, végétale, animale, humaine (Gn 1). Il fait passer d’un Jardin en Eden à la Jérusalem céleste qui vient du ciel (Ap 22). A chaque fois, c’est un don de Dieu. Cependant, nous remarquons que le Seigneur ne cherche pas à nous ramener au Jardin d’Eden, au lieu du commencement. Il nous conduit dans un autre lieu. Il avait demandé à Abraham de quitter sa terre natale pour une terre qu’il lui donnerait à lui et sa descendance (Gn 12). Avant sa Passion qu’il a vécue à Jérusalem, Jésus avait demandé à ses disciples d’aller en Galilée après sa résurrection (Mt 28,7). Et avant son Ascension, il envoie les apôtres jusqu’aux extrémités de la terre porter et annoncer la Bonne Nouvelle (Ac 1,8). Tout nous montre que nous avons à quitter un lieu pour aller vivre dans un autre. S’il en est ainsi pour l’espace, il en est ainsi également pour le temps : chaque nouvelle année, nous montons d’une marche, d’un étage, et même si nous avons déjà entendu les mêmes lectures trois, six et même neuf ans avant, nous avons vécu beaucoup de choses nouvelles et différentes entre temps. A fortiori si "le temps est supérieur à l’espace". (François La joie de l'Evangile n°222-225)
Dans la vie des hommes de la Bible, il y a bien des répétitions, il y a aussi des inattendus, des surprises avec le côté déstabilisant que cela peut parfois avoir. A certains moments de l’histoire orientée, il y a des irruptions, des surprises comme celle du déluge au temps de Noé. Il y a eu l’irruption surprise du Fils de Dieu fait homme. Il y aura l’irruption surprise de la seconde venue du Christ. L’auteur biblique nous dit que Noé « a trouvé grâce aux yeux de Dieu » (Gn 6,8). Nous pouvons en conclure qu’il y aura toujours un Noé pour sauver ce qui peut encore l’être, qui pourra remonter les choses. En Jésus, Dieu a fait grâce à tous les humains. Dans les situations les plus troubles, Dieu n’abandonne pas. Il a envoyé une Ste Geneviève aux Parisiens. Il a envoyé St François d’Assise à son Eglise qui menaçait de s’écrouler. Il a envoyé Ste Catherine de Sienne pour ramener le pape en exil d’Avignon à Rome, …
Dans l’extrait du prophète Isaïe, il était question de migrants qui déferlent non pas vers l’Europe ou Calais, mais vers Jérusalem et le Temple : toutes les nations afflueront vers elle, des peuples nombreux se mettront en marche. Ce ne seront pas des agresseurs, mais des pèlerins. Ils n’auront pas d’armes à la main car ils auront laissé chez eux leurs épées, lances, fusils et poignards qu’ils auront fondus pour en faire des instruments de travail : des socs de charrue et des faucilles.
Pour finir, il pourrait nous arriver de nous demander : et s’il me restait une heure à vivre, que ferais-je ? Déciderais-je de vivre ce que je n’ai pas encore vécu et que je voudrais faire à tout prix et que je n’ai pas encore eu le temps ni l’opportunité de vivre ? Ou ferais-je ce que j’avais prévu de faire en le faisant le mieux possible ? Si vous choisissez la première solution, demandez-vous pourquoi vous le repoussez alors que vous pourriez le faire dans la prochaine heure, en sortant de la messe par exemple
Is 2, 1-5 ; Ps 121 ; Rm 13, 11-14a ; Mt 24, 37-44
P. Olivier Joncour