Recherché(e) Homélie 24° dim TO C (11.09.2016)
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Dimanche 11 septembre 2016 24° dim TO C Messe rentrée St PP Colombes
Recherché(e)
La Miséricorde de Dieu le Père est le thème principal de nos lectures. Les bien-pensants, les purs, sont scandalisés par la proximité de Jésus avec les collecteurs d’impôts et ceux qui sont méchants. Rappelons-nous Jésus qui a appelé Matthieu (Mt 9, 9-13), lui qui s’est invité chez Zachée (Lc 19, 1-10), lui qui relève la femme adultère qui devait être lapidée et qui lui demande de ne plus recommencer (Jn 8, 1-11), et tant d’autres faits qui n’ont pas été gardés dans les évangiles.
La parabole pour les hommes, c’est celle du bon berger. La parabole pour les femmes dont nous savons que St Luc leur accorde plus de place que dans les autres évangiles, c’est celle de la femme maîtresse de maison. Vous vous en êtes aperçus, il y a plusieurs points communs : l’un comme l’autre ont perdu quelque chose, l’un et l’autre partent à sa recherche, l’un et l’autre retrouvent ce qui était perdu, l’un et l’autre ont une grande joie qu’ils partagent avec leurs amis et voisins, l’un et l’autre comme renvoient à Dieu notre Père qui est aux cieux, Lui qui se réjouit du changement de vie d’un méchant en actes, en paroles, en pensées. Nous connaissons ces paraboles sous le titre de la brebis perdue et de la pièce perdue. En fait, il faut plutôt les intituler le berger amoureux et la femme persévérante pour insister sur Dieu.
1) Le constat de la perte
C’est la tristesse du berger et de la femme. Le berger ne veut pas être celui de 99 brebis qui restent, mais il est celui des 100. Il les veut toutes avec lui. Même s’il a perdu 1% de son troupeau, c’est 1% de trop. Pourquoi ? Si pour certains, une brebis est un numéro tatouée dans l’oreille, pour le berger qui les a toutes vu naître et qui les connaît chacune par leur nom (Jn 10,14b), son cœur est inquiet. Chacune d’elles a un grand prix à ses yeux (Is 43,4). De même la femme qui a perdu une de ses dix pièces d’argent, soit 10% de ses richesses, et ce n’est pas parce qu’elle est avare. Elle connaît le prix de l’argent, le temps et l’effort qu’il a fallu pour le gagner.
2) La recherche
La femme comme le berger mettent toute leur énergie dans leur recherche. Ils ne font pas semblant de chercher, comme s’ils avaient su où étaient la brebis ou la pièce. C’est pourquoi, ils ont mis le paquet et pris les grands moyens. Aujourd’hui, si c’était un enfant qui disparaissait, qui aurait fugué ou aurait été enlevé, on déclencherait l’« Alerte Enlèvement » et on compterait sur toute la population. Pour l’un et l’autre, la recherche prend fin car ils ont retrouvé ce qui leur manquait.
3) Les conséquences
La femme et le berger sont soulagés. Ils ont maintenant le cœur léger, et même un cœur rempli de joie. Et cette joie, ils ne veulent pas la garder pour eux, ils annoncent la Bonne Nouvelle à leurs réseaux de relations respectifs, que ce soit des proches géographiquement – leurs voisins – ou que ce soient ceux qu’ils ont choisis – leurs amis.
Transposons : le berger et la femme représentent Dieu. La brebis et la pièce d’argent symbolisent le pécheur qui s’est éloigné de Dieu et de son peuple au point de mettre sa vie en danger, qu’il l’ait fait exprès ou non, qu’il en ait eu conscience ou non de faire du mal. Le troupeau des 100 brebis et le porte-monnaie avec les 10 pièces, c’est le Peuple de Dieu, celui d’Israël, et après la résurrection de Jésus, c’est l’Eglise. Qui sont alors les amis et les voisins ? Ce sont les anges dans le ciel et tous les saints qui sont déjà près de Dieu.
Ces deux paraboles sont des résumés de l’histoire du Peuple de Dieu et de chacun de nous : à peine sortis d’Egypte et alors que Moïse était sur le Sinaï, les hébreux ont oublié Celui qui les avaient libérés de l’esclavage et fait monter du pays d’Egypte. C’est l’épisode du veau d’or, symbolisant la jeunesse, la force, la puissance, la fécondité, comme dans les religions des peuples voisins, mais un veau fait de la main des hommes, sourd et muet, qui n’a jamais rien fait. Il y a donc un vrai risque de se tromper sur Dieu et de Dieu si nous ne commençons pas par l’écouter ! Du point de vue individuel, c’est aussi l’histoire de Saul le persécuteur des disciples de Jésus, présent lors de la lapidation d’Etienne (Ac 8, 1a), devenu Paul, l’apôtre des non-juifs à qui Jésus mort et ressuscité a fait confiance.
Laissons-nous approcher par le Seigneur qui est venu nous chercher, car le pardon est plus fort que le mal, car la vie est plus forte que la mort. Relisons notre histoire, comme Paul, pour voir quand le Christ Jésus nous a fait miséricorde et a changé notre vie. Et soyons miséricordieux comme le Père, proches des pécheurs comme Jésus. Non pas pour les imiter mais pour les éclairer avec bienveillance et patience, dans la vérité sur le mal qu’ils font. Nous sommes « l’Eglise [… qui ] adopte l’attitude du Fils de Dieu qui va à la rencontre de tous, sans exclure personne. » (François MV n°12)
Ex 32, 7-11.13-14 ; Ps 50 ; 1 Tm 1, 12-17 ; Lc 15, 1-10
P. Olivier Joncour