Pas d'autre dieu que notre Dieu Homélie Trinité C (22.05.2016)
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Dimanche 22 mai 2016 Trinité C St PP Colombes messe retour Frat 2016
Il n'y a vraiment pas d'autre dieu que notre Dieu
Dans l’Antiquité, l’esprit des hommes avait imaginé un dieu pour expliquer chaque phénomène naturel qu’il ne pouvait pas expliquer avec le stade de la science de l’époque : le dieu de la mer, le dieu du vent, le soleil, la lune, les étoiles, l’amour, etc. Le judaïsme est une religion originale par rapport aux autres de l'époque, lorsqu’à la suite d’Abraham, les juifs ont affirmé que Dieu est unique et qu’Il se distingue de la nature et du reste de la création dont Il est à l’origine. Avec Jésus, la révélation sur Dieu par son Fils se fait encore plus originale et dépasse notre intelligence humaine : à son baptême dans le Jourdain, la voix de Dieu le Père l’a désigné comme le Fils unique depuis tout éternité et l’Amour qui les relie est venu sur Lui sous l’apparence d’une colombe.
Dans son grand discours-testament à ses apôtres, entre son dernier repas et son arrestation, Jésus nous fait entrer dans l’intimité de la relation avec son Père et l’Esprit qui rend saint. Jésus nous parle de leur dépendance pour nous englober : l’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. Il est tellement difficile d’en parler : Dieu est partout, tout entier, immense. Mais qui peut bien parler de Celui qui est au-delà de tout ce qui peut être pensé ? Qui peut scruter les profondeurs de Dieu sans faire l’expérience que nos mots sont pauvres pour rendre compte de l’expérience de cette rencontre divine ? Cependant, ce qu’il nous donne à voir nous permet de le connaître un peu mieux.
Commençons par nous émerveiller devant la création : c’est bien plus qu’un parti politique, que des labels verts, des éco-délégués, des chartes environnementales, des éco-citoyens. Retrouvons et réveillons notre capacité à nous émerveiller devant la beauté du monde créé par Dieu. Renouvelons notre regard à partir de celui des récits de la création, du Ps 8, de l’extrait des Proverbes. Entre le scientifique et le religieux, il n’y a pas forcément incompatibilité ou opposition :
le premier répond à la question du comment, tandis que le second à celle du pourquoi. Il y a à retrouver une unité entre les deux : « pourquoi cherches-tu comment tu as été fait et ne recherches-tu pas en vue de quoi tu es fait ? Est-ce que toute cette demeure du monde que tu vois n’a pas été faite pour toi ? C’est pour toi que la lumière se répand et dissipe les ténèbres, c’est pour toi que la nuit est réglée, pour toi que le jour est mesuré ; pour toi que le ciel rayonne des splendeurs diverses du soleil, de la lune et des étoiles ; pour toi que la terre est émaillée de fleurs, d’arbres et de fruits ; pour toi que cette foule étonnante d’animaux a été créée, dans l’air, dans les champs, dans l’eau si belle. » (St Pierre Chrysologue) Rappelons-nous que la Création n’est pas un réfrigérateur dans lequel chacun vient se servir de façon égoïste en oubliant les suivants.
Reprenons une des plus belles définitions sur Dieu : « Dieu est Amour » (1 Jn 4) : Quand deux personnes sont amoureuses l’une de l’autre, chacun se réjouit que l’autre existe, donner et recevoir ; se décentrer de soi ; plus qu’un sentiment. Tomber amoureux, ce n’est pas lourd, mais au contraire cela donne de la légèreté, comme une montgolfière qui s’élève dans le ciel. C’est la même impression de légèreté que ressent la personne qui été pardonnée, alors que le mal fait la retenait clouée à terre.
De même qu’il y a des réalités invisibles : la foi, l’amour, l’amitié, l’espérance, les anges, de même, il y a le 3 en Un : le Père, le Fils et l’Esprit. « Ecoute battre le cœur de Dieu ». Ce Dieu qui rassemble, ce Dieu qui unit, ce Dieu qui aime, ce Dieu qui pardonne et relève.
« Ecoute battre le cœur de Dieu ». Quand Dieu "est patient", Il nous aime. Quand Dieu "trouve sa joie dans ce qui est vrai", il nous aime. Quand Dieu "supporte tout", y compris nos insultes, nos mises au défi, nos questions impertinentes, il nous aime. Quand, en Jésus son Fils, Dieu "endure tout" jusqu’à être rejeté, repoussé, humilié, défiguré, crucifié, et même à mourir alors qu’il était innocent, Il nous aime. Quand Dieu "espère tout", c’est le meilleur qu’il attend, à commencer par celui qui Lui a claqué la porte au nez, celui qui ne l’a pas compris en étant méprisant et hautain. Il nous aime. Quand nous disons que Dieu "ne passera jamais" (cf 1 Co 13), nous voulons dire que même si je l’oubliais, il y aura toujours au moins une personne pour penser à Lui.
Demandons au Seigneur de nos vies, qu’en commençant et en finissant chaque journée avec le signe de la croix, nous prenions conscience qu’il n’y a vraiment personne comme le Père, qu’il n’y a vraiment personne comme Jésus, qu’il n’y a vraiment personne comme l’Esprit. Nous voulons vivre une vie ouverte sur les autres et orientée vers Dieu, guidés par Jésus, dans la communion de l’Esprit !
Pr 8, 22-31 ; Ps 8 ; Rm 5, 1-5 ; Jn 16, 12-15
P. Olivier Joncour