Point de vue de Thomas Homélie 2° dim TP C (3.04.2016)

Dimanche 3 avril 2016 2° dim TP C St PP Colombes Profession de foi et baptêmes

Point de vue de Thomas

Je ne sais pas pour vous, mais pour moi, c’est parfois difficile de venir retrouver les autres le dimanche. Et en même temps, j’ai bien l’impression que, dimanche dernier, j’ai raté quelque chose d’énorme, vu ce que les autres m’ont raconté ensuite quand je les ai revus. Ils disaient que Jésus que nous avions suivi depuis trois ans, Jésus que nous avions acclamé lors de son entrée à Jérusalem, Jésus que Judas a trahi quelques jours plus tard, Jésus qui a été condamné à mort alors que je sais bien qu’il était innocent, Jésus que Simon-Pierre a renié trois fois, Jésus qui a été crucifié puis mis dans un tombeau après sa mort, donc que celui pour qui j’étais prêt à mourir, Dieu l’a ressuscité d’entre les morts.

1) Moi, un des Douze apôtres de Jésus, j’étais absent le 3° jour après sa mort alors que tous les autres étaient rassemblés. Certains disent : « les absents ont toujours tort ». Moi, je dis : « heureusement que je n’y étais pas, sinon, on ne continuerait pas à parler de moi comme celui qui a eu du mal à croire. Si j’avais été là, Jésus n’aurait jamais formulé une béatitude pour tous ceux qui, comme moi, étaient absents le jour de Pâques, ou qui croiraient en Jésus Ressuscité sans avoir vécu avec lui avant sa mort : heureux ceux qui croient sans avoir vu. Heureusement que j’étais absent, sinon je ne serais pas devenu le saint patron de tous les sceptiques, de la fosse aux philosophes.

2) Moi, un des Douze apôtres de Jésus, je résiste. Je veux prouver que j’existe (F Gall, Résiste), que je peux être différent des autres, que je peux être un rebelle, que je ne suis pas prêt à croire n’importe quoi, ni n’importe qui ! Les autres ont essayé de me convaincre, mais ils n’ont pas réussi. Thomas a besoin de toucher pour croireMoi, je suis un rationaliste, un matérialiste : je ne crois que ce que je vois, que ce qui est démontrable scientifiquement comme en mathématiques, et reproductible dans les mêmes conditions. Or, pour ce Jésus, que j’ai suivi pendant trois ans, trop c’est trop : Marie Madeleine rencontre Jésus ressuscitécomment croire les paroles de Marie qui était sûrement amoureuse de lui et qui était prête à tout pour se rendre intéressante, qui pouvait pleurer comme une madeleine. Par contre, elle que, plus de vingt siècles plus tard, on aurait classé dans la catégorie de fan de Jeeesus, une groupie du pianiste (France Gall / Michel Berger). Non ! une groupie du Christ ! Aujourd'hui, elle aurait eu un smartphone, elle aurait sûrement voulu faire un selfie avec sa star préférée, sauf qu’en l’occurrence, c’est plutôt le soleil d’un jour nouveau qui l’aurait ébloui et cela aurait été une photo à contre-jour. Des femmes, des mauvaises langues et peut-être un brin jalouses, ont dit qu’elle était mytho et qu’elle avait imaginé cette rencontre avec Jésus ce dimanche matin pour se rendre intéressante. Pourtant quand j'y réfléchis, je n’ai jamais compris comment elle aurait roulé seule la pierre du tombeau alors qu’il avait fallu tant de personnes pour le fermer. Et qu’a-t-elle fait du corps de Jésus si elle l’avait volé pour faire croire à sa résurrection ?

3) Huit jours plus tard, pour ne pas passer pour un idiot, moi, un des Douze apôtres de Jésus, je ne pouvais pas ne pas être présent : j’ai tout fait pour y être, pour leur prouver qu’ils s’étaient trompés la semaine précédente, qu’ils avaient eu une hallucination collective. Mettez un groupe d’hommes qui ont peur et qui sont enfermés dans une même pièce, entre eux, à double tour, ils ont voulu se donner du courage. Ils n’ont pas voulu avoir l’impression qu’ils s’étaient trompés sur Jésus que nous avions cru être le Messie. En étant avec eux le dimanche suivant, je voulais leur montrer que cela ne pourrait pas se reproduire une seconde fois. Sauf que là, ça s’est passé comme cela avait commencé la semaine d’avant pour les autres : Jésus ressuscité devant Thomasmoi aussi, j’étais victime de mon imaginaire : non seulement, je le voyais, mais en plus, il me parlait : la paix soit avec vous. La vision était tellement bien faite et réaliste qu’elle me suggérait ce que mon inconscient n’osait pas rêver ni imaginer : mets tes mains dans mes mains, dans mon côté. Je me serais cru dans un film en 3 D, casque de réalité virtuelleà moins que je teste un nouveau jeu avec un casque de réalité virtuelle.

Pour passer de la méfiance et du doute à la confiance, de l’indifférence à la foi, du croyable à l’incroyable, j’ai dû ‘sortir du cadre’ (E1, N Aliagas), sortir de tous les schémas de pensée que j’avais vus jusqu’à présent. J’ai dû mettre à plat toutes les catégories du temps et de l’espace qui me structuraient jusqu’à présent : comment se rendre présent dans une maison alors que toutes les portes et les fenêtres sont fermées sans s’être caché avant derrière un rideau ou sous la table ? J’ai dû abandonner toutes mes certitudes. Mon intelligence qui était un frein serré très fort a abdiqué. Mes objections et mes oppositions étaient vaincues. Et mon cœur a parlé devant Jésus ressuscité d’entre les morts : « Mon Seigneur et mon Dieu. »

J’étais absent, et c’est Toii qui m’as rejoint et qui t’es fait présent. Tu étais bel et bien mort pour moi, Tu es le Vivant qui donne un sens à ma vie. J’admire ceux qui croient en Toi sans T’avoir vu. Comme les autres, je suis dans la joie. Je suis en paix, dans sa paix. J’étais replié, tu m’as ouvert le monde : je suis parti T’annoncer jusqu’en Inde.

Ac 5, 12-16 ; Ps 117 ; Jn 20, 19-31
P. Olivier Joncour

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