Consolation Homélie Baptême du Christ C (10.01.2016)
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Dimanche 10 janvier 2016 Baptême du Christ C St Pierre St Paul Colombes
Consolation
Nous connaissons bien ce récit du baptême de Jésus raconté par les quatre évangélistes, même s'il nous faut souvent revenir au texte lui-même. En effet, les tableaux et les icônes qui illustrent ce récit nous montrent Jean qui baptise Jésus dans le Jourdain, alors que les évangélistes ne décrivent pas l'événement lui-même si précisément. Nous remarquons que chez St Luc, c'est après avoir prié que Jésus reçoit l'Esprit divin pour faire de lui, le Messie, le Christ, et l'aider dans sa mission d'envoyé du Père. Cette manifestation divine, cette épiphanie une trentaine d'années après celle devant les mages venus d'Orient, ce récit aide surtout les lecteurs et les auditeurs à comprendre qu'il est le Messie - c'est la réponse à tous ceux qui se demandaient si Jean l'était - et aussi qu'il est plus que cela car il est le Fils de Dieu de toute éternité.
Avez-vous entendu commence l'extrait du prophète Isaïe ? Consolez, consolez mon peuple : le verbe consoler est répété. C'est le début de la seconde partie du livre d'Isaïe qui comprend les chapitres 40 à 55, et que l'on appelle le "Livre de la Consolation d'Israël". Autant la première concernait l'exil, autant la deuxième concerne l'annonce du retour à Jérusalem. Dieu choisira un libérateur, son messie, comme il l'avait fait avec Moïse lorsque les hébreux étaient esclaves en Egypte. L'originalité, ici, c'est que Dieu choisira un païen, Cyrus (Is 45,1), pour quitter Babylone, environ 70 ans après la destruction de Jérusalem. Autrement dit, ce sont pas les enfants ou les petits-enfants de ceux qui sont partis de Jérusalem qui reviendront.
Cette semaine, j’ai rencontré une personne qui était inquiète à cause de la grave maladie de son chat. Une autre qui a enterré son père qui est la dernière personne de la génération au-dessus d’elle. Et une autre encore qui désespère de retrouver du travail après deux années de recherche infructueuse.
Des personnes dans des situations comparables ou plus graves, le vide et la solitude après un avortement, l’absence de raisons de vivre après une tentative de suicide, la mort d’un enfant quel que soit son âge, nous en connaissons tous. Mais que leur disons-nous ? Nous sommes très souvent désemparés nous-mêmes. Et pourtant, nous entendons le Seigneur ordonner : Consolez, consolez mon peuple ! Quels ravins à combler !
Comment leur faire comprendre qu’ils comptent et qu’ils ont du prix aux yeux de Dieu, de l’Eglise et de nous-mêmes, et même que Dieu les aime plus qu’ils ne le pensent !
Parmi les oeuvres spirituels de miséricorde, il y a « consoler les affligés » et « conseiller ceux qui doutent ». Et pourtant, lorsque nous sommes confrontés à une telle situation de détresse, ne fuyons pas. Demandons au contraire à Dieu que les dons de conseil et de force de son Esprit : la force pour ne pas fuir ni démissionner, le conseil pour que la parole que nous pourrons balbutier, ou essayer de dire, ne soit pas notre pauvre parole humaine, mais soit bien celle que le Seigneur Jésus veuille adresser à cette personne s’il avait été à notre place. S’il avait été à notre place, cela aurait été tellement plus facile, me direz-vous. C’est Lui qui aurait parlé, qui aurait su regarder cette personne avec le même regard plein d’amour qu’il avait eu pour la Samaritaine (Jn 4), Zachée (Lc 19) ou la femme adultère qu’il relève et qu’il invite à ne plus pécher (Jn 8, 1-11). En Jésus, Dieu, notre Sauveur, a manifesté sa bonté et sa tendresse pour les hommes. Par son Esprit saint, en nous Il continue à le faire pour le bien de chacun et de tous, surtout, les plus petits, les blessés de la vie, …
C’est sûr qu’il serait plus simple qu’il soit là, mais il nous fait cependant tellement confiance qu’il nous laisse la place pour être en première ligne. Nous ne pouvons pas nous défausser. Nous ne le devons pas, sinon qui le fera ? Regardons-le agir et laissons-nous imprégner par ses actes, ses paroles, ses attitudes de cœur, … Bien sûr, il n’y en a qu’un dont on peut dire : Comme un berger, il conduit son troupeau : son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son cœur, et il prend soin des brebis qui allaitent leurs petits.
Par son Esprit, reçu à notre baptême et confirmation, Dieu démultiplie son action. Et moi en son nom, je vous encourage. Si vous ne l’avez jamais vécu, vous n’imaginez pas la joie que cela peut donner ni la force que cela donne ensuite de continuer à agir.
Is 40, 1-5.9-11 ; Ps 103 ; Tt 2, 11-14 . 3,4-7 ; Lc 3, 15-16.21-22
P. Olivier Joncour