La cohérence de la foi Homélie 24° dim TO B (13.09.2015)
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Dimanche 13 septembre 2015 24° dim TO B St EH Colombes
L
Nous allons découvrir la cohérence de la foi en trois mouvements. Car tout est lié.
1° mouvement. Césarée-de-Philippe se situe près des trois sources du Jourdain, au nord, près d’un lieu dédié à la divinité païenne Pan, le dieu grec des bergers. Jésus est un pédagogue, il marche avec ses disciples, et comme certains philosophes grecs, il leur pose des questions. A la différence de ceux-ci, il ne s’agit pas d’un sujet ou d’un thème général de réflexion sur la vérité par exemple, ou sur la liberté. Ce jour-là, le bon berger qui conduit son peuple, et demande à ses disciples qu’ils lui rapportent ce qu’on dit sur lui. On lui cite des noms de prophètes illustres, qui disent quelque chose de ce que ses contemporains ont perçu de lui et qui, sans le savoir, dit aussi quelque chose de ce qui va lui arriver : Jean-Baptiste, le prophète décapité parce qu’il avait dit la vérité qui dérange ; Elie, le prophète si seul qui a ressuscité un enfant et qui est monté au ciel sans mourir, un prophète qui porte une Parole que Dieu lui a dite et qu’il ne peut garder pour lui, une Parole qui monte du cœur, qui brûle les lèvres de celui qui les prononce, et qui peut bouleverser la vie de celui qui l’a entendue. « A qui irions-nous, Seigneur, tu as les paroles de la vie éternelle ? » répond Pierre à Jésus au moment où il leur est posé la question de confiance dans l’Evangile de Jean : « Et vous, préférez-vous vous partir ? » (Jn 6, 67-68). La cohérence de la foi en Jésus le Messie, c’est de commencer à croire en Quelqu’un et de vivre avec lui sans tout savoir ni comprendre où il veut nous emmener.
2° mouvement. Après avoir été déclaré champion au jeu « Questions pour des disciples », Pierre va prendre une sacrée douche froide. Après avoir vu le beau côté des choses, Jésus prépare ses disciples au verso, au côté face de la même pièce. Mais une face défigurée, un visage méconnaissable : les joues auxquelles on arrache la barbe, la face outragée et couverte de crachats. Et pas seulement le visage mais tout le corps, des pieds à la tête en passant par le dos qui reçoit les coups. A croire que cette prophétie d’Isaïe datant du VI° siècle avant J-C semble avoir été écrite au moment de la Passion de Jésus, un certain vendredi de l’histoire des hommes, à Jérusalem. La cohérence de la foi en Jésus souffrant et mortel, c’est d’accepter qu’il soit rejeté et repoussé, qu’il ne soit pas aimé ni reconnu, qu’il faille en passer par la trahison de Judas, par le triple reniement de Pierre, par la lâcheté humaine qui choisit un bouc-émissaire innocent, et par la versatilité de la foule qui jette en pâture celui qu’elle avait acclamé quelques jours avant. La cohérence de la foi, c’est d’accepter que, comme amis de Jésus, nous devrons, peut-être, passer là où le berger est passé en premier. Elle est longue la liste des témoins de la foi commencée par Etienne, Pierre, Paul et tous les martyrs qui ont souffert et qui ont donné leur vie à la suite de Jésus, y compris ces Egyptiens coptes assassinés sur une plage de Lybie il y a quelques mois, et tant d’anonymes connus de Dieu seul.
3° mouvement. Jésus propose à ceux qui le veulent, j’ai bien dit, à ceux qui le veulent, de participer à un jeu inédit, auquel aucun être humain normalement constitué ne peut imaginer : « qui perd gagne » : celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Evangile la sauvera. Qui perdra du temps à ne rien faire en priant le Seigneur gagnera en efficacité car rien ne viendra de lui et tout de Dieu. La cohérence de la foi en Jésus ressuscité, c’est d’accepter de se décentrer pour s’ouvrir aux autres, de donner avant de découvrir plus tard qu’on a énormément reçu, bien au-delà de ce qu’on aurait demandé ou imaginé, comme une bande de quelques amis qui imagineraient monter une comédie musicale avec des gens qui n’ont jamais chanté en chorale, ni dansé en rythme, et les embarquer dans une aventure humaine où personne ne maîtrise tout et où chacun est indispensable aux autres.
Finalement, la cohérence de la foi en Jésus le Christ, souffrant, mort et ressuscité ne peut pas nous faire faire l’économie de vivre le passage de Pâques, de la mort à la Vie, et de vivre en cohérence dans nos actes pour continuer à être crédibles comme le souligne si fortement St Jacques dans sa lettre, pour faire de nos existences l’Evangile continué.
Is 50, 5-9a ; Ps 114 ; Jc 2, 14-18 ; Mc 8, 27-35
P. Olivier Joncour