Du peu de l'homme, Dieu donne en abondance Homélie 17° dim TO B (26.07.2015)
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Dimanche 26 juillet 2015 17° dim TO B St PP Colombes
Du peu de l'homme, Dieu donne en abondance
Qui n’a jamais eu faim un jour ne sait pas le bienfait apporté par une ou plusieurs personnes qui lui apportent du pain, quand bien même il serait dur et rassi. Avec le peu que donne l’homme, Dieu le fait en abondance. Cependant, sans ce peu donné par l’homme, Dieu ne veut rien faire même s’Il le pourrait lui qui pourrait changer des pierres en pain (cf Mt 3,3). Pour manger, il faut commencer à donner, sans nous tromper sur Jésus.
Donner pour manger
Quel est le contexte du récit où le prophète Elisée ? Le pays connaît une longue période de famine. Et c’est dans ce cadre que le successeur d’Elie produit une série de miracles dont celui raconté est le dernier du chapitre 4 du 2° livre des Rois : avant, donc, Elisée avait fait couler de l’huile en abondance pour une veuve (1-7), puis il avait redonné la vie au fils d’une veuve (8-37), il a assaini une coupe empoisonnée (38-41). Ensuite, au chapitre suivant, Naaman, un général syrien atteint de lèpre est purifié (1-19a). A chaque fois, alors que tout va vers la fin ou mort, l’action du prophète va dans le même sens : ses gestes sont en faveur de la vie.
Ici, il reçoit vingt pains d’orge et ne les garde pas pour lui, il les donne à ceux qui ont faim comme lui. Et dans une période de famine, chacun sait que manger est une idée fixe, une obsession. Il donne à ceux qui ont faim, mais il en reste comme il l’avait annoncé, non pas parce que les personnes se seraient privées ou restreintes, mais parce que Dieu a donné plus que ce qui était nécessaire.
C’est la même logique qui est au cœur du récit de l’Evangile où, à partir des cinq pains et des deux poissons donnés par le jeune garçon, Jésus nourrit la foule nombreuse. Et là aussi, comme au désert au temps de Moïse pendant l’Exode avec la manne, il y a plus que ce qu’il faut. Autrement dit, le Seigneur donne ses bienfaits avec largesses. S’Il calcule, c’est pour être sûr qu’il y aura en excès, qu’il y aura en trop ! La grâce de Dieu, ses bienfaits, ses merveilles, ses dons, ses cadeaux, peu importe comment nous les appelions, débordent, dépassent la logique comptable et rationnelle humaine et terrestre. Alors s’il en reste, pourquoi alors avons-nous si souvent peur de manquer ?
Le risque de nous tromper sur Jésus :
A la vue d’un tel signe, et ce n’est pas un tour de magie, comme d’autres posés par Jésus, il n’est pas étonnant que la grande foule ait été impressionnée. Elle est sous le charme, voire subjuguée. Elle ne tire cependant pas les bonnes conclusions. En voulant le choisir comme roi, elle pense alors que tous ses problèmes du quotidien seront résolus. Qui d’entre nous ne se rallierait pas facilement et rapidement au « Il y en aura pour tous, et même en trop ». Jésus ne fait pas une promesse populiste et démagogue. Il attendait que chacun fasse le lien entre ce signe de la foulé affamée et rassasiée avec ce qui s’était passé pendant l’exode, au désert, où Dieu avait donné la manne. Ou encore qu’elle fasse le lien avec ce qu’avait fait Elisée. Et il y a ici, en Jésus, plus que Moïse et Elisée. Il attendait que chacun dans la foule se demande qui Il était vraiment.
Pourquoi Jésus s’est-il enfui ? Il n’a pas voulu être désigné roi avec toutes les ambiguïtés que cela comporte dans l’esprit de la foule. Surtout si c’est être roi pour que la foule se croit déchargée de toute responsabilité personnelle et collective. S’il est roi, ce n’est pas à la manière de ce monde. « Les chefs des nations païennes commandent en maîtres, et les grands font sentir leur pouvoir. […] Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude. » (Mt 20, 25.28)
Même sa royauté est moquée. Rappelons-nous les soldats qui lui ont tressé une couronne d’épines qu’ils lui ont enfoncée sur la tête (Jn 19,2). En réalité, de façon paradoxale, Jésus a été intronisé roi sur la croix qui est son trône. Rappelons-nous l’inscription au-dessus de sa tête : « Jésus de Nazareth, Roi des juifs » (Jn 19,19).
Combien nos cœurs sont lents à comprendre les Ecritures (Lc 24, 25-27) ! Avec Jésus, le Pain de Vie le problème de la faim pourrait être résolu au niveau mondial, à condition que l’un commence à partager et donner pour que tous puissent manger à leur faim à la fin.
2 R 4, 42-44 ; Ps 144 ; Ep 4, 1-6 ; Jn 6, 1-15
P. Olivier Joncour