De la mort à la vie, dans la foi au Christ mort et ressuscité 5° dim Carême A (29.03.2020)2020

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Dimanche 29 mars 5° dim Carême A, sans assemblée  Oratoire Maison Paroissiale St JP2 II Colombes

De la mort à la vie, dans la foi au Christ mort et ressuscité

personnes à suivre

A vous qui voulez réussir votre vie terrestre, il n’y a qu’un seul maître à suivre. Un homme qui est mort lui aussi. Ne nous trompons donc pas. Qui est digne d’être suivi ? Moïse ? Oui. Isaïe ? Oui. Ezéchiel ? Oui. Jean-Baptiste ? Oui. Jésus ? Assurément ! St Paul ? Oui. Gandhi ? Oui. Martin Luther King ? Oui. Tous sont morts. Un seul est revenu à la vie. Ou plus exactement a été ressuscité par la puissance de l’Amour du Dieu créateur et dans la force de l’Esprit St, son Fils Jésus, le Christ, notre Seigneur.

Antigone d'Anouilh

L’humain est une des rares créatures qui enterre ses morts. C’en est même une des caractéristiques fortes de l’humanité : prendre soin du corps mort. Nous connaissons tous le cri d’Antigone, celle de Sophocle (-441) ou la version d’Anouilh (1944) : Alors que le roi Créon a décidé que la personne qui voudrait donner une sépulture à son neveu Polinyce serait puni de mort car il est considéré comme un traître, la jeune Antigone, la fille d’Oedipe et la sœur du mort s’y oppose. Malgré l'interdiction de son oncle, elle se rend plusieurs fois auprès du corps de son frère et tente de le recouvrir avec de la terre. Son autre sœur ne veut pas l'accompagner car elle a peur de Créon et de la mort. Antigone est prise sur le fait par les gardes du roi. Créon est obligé d'appliquer la sentence de mort à Antigone.

Notre vie terrestre a du prix à cause de la fin, de la perspective de la mort. Nous ne sommes pas immortels. Contrairement à ce que promet l’Intelligence artificielle et tous les penseurs qui veulent repousser le moment de la mort par différents moyens, nous sommes mortels, que cela nous plaise ou non. Alors comment vivre ? Ne sommes-nous que des êtres-pour-la-mort comme Heidegger le pensait ? Notre vie terrestre a du prix, de l’importance à cause de la fin, de la perspective de la mort. Comment la foi et l’espérance chrétiennes colorent-elles autrement la vie des disciples de Jésus ?

Aller au coeur de la foi

Nous sommes obligés d’aller au coeur même de la foi. La déclaration que fait Jésus à ces deux sœurs, Marthe et Marie, alors que leur frère est mort, je suis la résurrection et la vie prend tout son sens. Nous devons aller au coeur de la foi, que l’on appelle le kérygme, c’est-à-dire cette affirmation centrale de la foi chrétienne : « ce Jésus qui a été crucifié, qui est mort, qui a été mis au tombeau, Dieu l’a ressuscité le troisième jour » le dimanche de Pâques. Ce qui est au coeur de la foi des chrétiens, ce n’est pas une affirmation, mais une relation que l’on peut expérimenter jour après jour.

Et cela ne correspond pas seulement à un événement passé mais cela a des conséquences bien concrètes. Je pense à ceux et celles qui se préparent au baptême qui vont être associés à la mort et aussi à la résurrection du Christ Jésus. Et cela fait naître quelque chose qui est de l’ordre de l’avenir, quelque chose qui n’est pas encore réalisé, notre espérance en notre propre résurrection des morts, de ce qui nous attend

Discours de Steve Jobs à Harvard 3 histoires

Steve Jobs un des co-fondateurs de la marque d’ordinateurs à la pomme a prononcé, un jour, un discours très marquant et devenu célèbre devant les étudiants d’Harvard alors qu’il avait un cancer déjà avancé. Et il rapporte 3 histoires qui ont structuré sa vie La 3° parle de la mort et de la question qu’il se posait chaque jour. ET notamment comment cette question l’aidait à prendre des décisions, l’aidait à faire des choix : « Et si aujourd’hui était le dernier jour de ma vie, aurais-je envie encore de faire ce que je fais aujourd’hui ? » Cette question, même si elle n’est pas dans la Bible, et même si Steve Jobs est mort et n’est pas ressuscité, cette question est un puissant moteur pour orienter notre propre vie, pour faire des choix et prendre des décisions.

Jésus a rejoint Marthe et Marie dont le frère Lazare est mort

La question de la mort, lorsque Jésus vient rejoindre Marthe et Marie, les deux sœurs, nous la connaissons tous, et pas seulement en ces jours difficiles, pas seulement en ce temps de pandémie, mais d’une certaine façon, nous sommes tous concernés à un moment ou à un autre par le décès d’un parent, d’un frère d’une sœur, parfois de quelque chose d’encore plus triste, d’un enfant.

Cette semaine, j’ai présidé les obsèques d’un homme et d’un femme en petit comité : moins de 20 personnes avec un masque, espacées, 1 personne par banc, sans bénédiction du corps avec l’eau bénite à la fin. Par contre, j’ai invité à venir auprès du cercueil les uns après les autres, en gardant leurs distances, à prendre un temps de prière intérieure, de faire le signe de la croix, de s’incliner légèrement. A chaque fois cela a été vécu avec gravité, et une force inhabituelle, en habitant ce moment-là de façon beaucoup plus intense que lorsque l’on dessine le signe de la croix avec de l’eau bénite. Ou à 1 ou 2 personnes comme ce sera le cas mercredi prochain car la famille habite trop loin. Tout cela vient s’ajouter aux difficultés des familles et des proches pour accompagner un être cher, les mourants à l’hôpital ou en EHPAD, à cause du strict confinement

Nous le savons, il n’y a pas seulement la mort réelle, la mort physiologique, la mort biologique, il peut y avoir aussi ce qu’on peut appeler la mort spirituelle dont nous entendions parler dans la première lecture. Nous expérimentons le travail du péché, du mal, de la mort. Il y a comme une manière d’être asséché, desséché. Nous avons alors besoin de renoncer à tout ce mal, à ces péchés, à prendre la décision de les rejeter, de les repousser, car le Seigneur nous laisse libres, il donne la grâce de pouvoir choisir, de pouvoir Le choisir, de pouvoir choisir la Vie, une vie selon ses commandements, selon ses propositions , d’aimer et d’être aimé, d’être pardonné et de pardonner. Il peut y avoir alors une renaissance, une renaissance spirituelle, une renaissance réelle aussi.

On pourra prier aujourd’hui pour toutes les personnes enfermées d ans un tombeau, pas forcément le tombeau de la mort, mais une certaine forme de dépendance, d’esclavage. Demandons au Seigneur de les en libérer, de les en faire sortir avec la puissance de sa Parole qui les a interpellés aujourd’hui, comme Jésus a interpellé Lazare qui était mort "Relève-toi ! Mets-toi debout ! Sors de ton tombeau !"

Il est encore trop tôt pour sortir de chez nous. Il est encore top tôt pour connaître le moment et l’heure, dans quelques semaines. Pour l’instant il est trop tôt. Pour l’instant nous avons à apprendre à mourir à nous-mêmes, , de nous détacher de tout ce qui nous dévitalise, de tout ce qui nous empêche d’être bons , d’être vrais, d’être justes.

Jésus à Lazare : "Lazare, sors dehors !" "Je coche quelle case?" (Coolus)

Imaginez si Lazare avait dû remplir sa fiche de déplacement dérogatoire aujourd’hui il aurait demandé : "Quelle case faut-il que je coche ?"

Ez 37, 12-14 ; Ps 129 ; Rm 8, 8-11 ; Jn 11, 1-45

P. Olivier Joncour

 

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