Lieux de combat Homélie 1° dim Carême B (22.02.2015)

Dimanche 22 février 2015 1° dim Carême B Colombes

Lieux de combat

Nous verrons, tout d’abord, que le combat spirituel se vit dans différents espaces : le désert, le monde, l’Eglise, notre cœur. Nous nous demanderons comment Jésus en est sorti vainqueur avant de voir les tentations auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui.

Parmi les lieux du combat spirituel, il y a le désert. C’est celui de Judée pour Jésus. Le Seigneur Dieu est-Il encore avec nous, ou nous a-t-Il abandonnés ?Ses ancêtres avaient dû vivre les tentations entre l’Egypte et la terre promise. Pour eux, elles prenaient différentes formes qui pourraient se résumer à une seule question : « Le Seigneur Dieu est-Il encore avec nous, ou nous a-t-Il abandonnés ? » Autrement dit, la puissance qu’Il a mise en œuvre lors des dix plaies infligées à l’Egypte à force que le cœur du Pharaon s’endurcissait, est-Il capable de l’exercer à nouveau ? Le Seigneur leur répondit avec des cailles et la manne à l’accusation de les laisser mourir de faim, et avec l’eau jaillie du rocher frappé par le bâton de Moïse pour la soif.

Le monde est bien entendu un lieu du combat : deux équipes s’opposent : d’une part, celle de ceux qui ont fermé leur cœur à la Parole et à la Lumière de la Vie, en toute liberté ou à force d’indifférence, de l’autre, celle des enfants de Dieu qui ont mis leur foi en Jésus, Dieu le Fils, vainqueur du mal, du péché et de la mort par sa résurrection.

L’Eglise est un autre lieu. Inutile de m’étendre sur ce point. Lisez la liste des 15 maladies et tentations diagnostiquées par le Pape François lors des vœux aux cardinaux de la Curie (22.12.2014) et les deux premières parties de son message de Carême sur l’Eglise et les paroisses.

Notre cœur est, enfin, un autre lieu du combat. Même si nous avons choisi le camp du Christ Jésus, nous faisons aussi l’expérience que, si à certains moments notre cœur est en paix, vivant dans la logique de l’ouverture à l’Amour de Dieu et du prochain, à d’autres, nous entendons une petite voix qui nous fait des propositions contraires qui nous repliraient et nous enfermeraient sur nous-mêmes. la femme qui s’est laissé séduire par le serpent à manger du fruitQue la femme qui s’est laissé séduire par le serpent à manger du fruit et qui avait entraîné l’homme, malgré l’interdit du Créateur, nous serve de leçon. Ou alors, il nous est donné de voir des images, imaginaires, virtuelles ou réelles, qui procureraient un plaisir solitaire, déconnecté de l’autre.

Comment Jésus est-il sorti vainqueur alors ? Suivons-Le ! Alors que tout est fait pour qu’il doute de l’amour inconditionnel de son Père, il reste tourner vers Lui, dans la foi. Alors qu’il pouvait se croire seul, abandonné, sur la croix ou en plein désert, il se souvient qu’au baptême, l’Esprit Saint est descendu sur lui et qu’Il l’a conduit au désert. Alors qu’on lui fait des propositions à court terme, il sait qu’il faut regarder à long terme et s’appuie sur l’expérience de tout un peuple qui est tombé à certains moments, qui a traversé l’épreuve à d’autres. La voix du diable est une pâle imitation, si différente de celle du Père sur le fond.Alors qu’il entend une voix, une pâle imitation, si différente de celle du Père sur le fond, Jésus, à ces heures décisives et cruciales, s’appuie et met en pratique la Parole de ce Dieu qui est un rocher dans la tempête (Mt 7,25). 

Ce chemin ou un autre ?Quelles sont nos tentations ? Relevons-en quelques-unes. La tentation du virtuel qui isole au détriment du réel qui relie (J-C Guillebaud La Vie vivante Les Arènes), n’en déplaise au PDG de Facebook. La tentation de la précipitation et de la vitesse au détriment de la lenteur et de la patience, n’en déplaise aux ingénieurs du TGV et de la 4G. La tentation d’une affirmation péremptoire au détriment d’une recherche commune de la vérité dans le dialogue, n’en déplaise à certains éditorialistes. La tentation du pouvoir absolu, de type messianique, exercé pour soi et les siens, au détriment de la recherche du bien commun (G. Fessard Autorité et bien commun Ad Solem), n’en déplaise à Poutine et d’autres présidents d’Afrique et d’Asie. La tentation du silence des religions au détriment de l’expression du fait religieux et de la foi dans l’espace public, n’en déplaise aux anticléricaux et francs-maçons. La tentation de la peau lisse au détriment de la réalité des rides, n’en déplaise aux sociétés de cosmétiques, chirurgiens esthétiques et publicitaires. La tentation du credo du progrès technique infini et de du pillage des ressources de la terre au détriment d’une ‘sobriété heureuse’ (P. Rabhi) et du ‘principe responsabilité’ (H. Jonas)pour léguer une terre habitable aux générations suivantes.

Pendant le carême, qui allons-nous écouter ? Le malin, briseur de confiance ? Ou bien, le Dieu qui humanise jusqu’à diviniser en faisant grandir en Vie éternelle ? Dans chaque situation, confions-nous à l’Esprit Saint, méditons la Parole et prions les uns pour les autres.

Gn 9, 8-15 ; Ps 24 ; 1 P 3, 18-22 ; Mc 1, 12-15

P. Olivier Joncour

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