Le Dieu des vivants Homélie 2013.11.10 32° dim TO C

Dimanche 10 novembre 2013 32° dim TO C St Pierre St Paul Colombes

Le Dieu des vivants

Au début de la messe, je vous invitais à chercher les occasions de rendre grâce à Dieu, notamment pour la vie que nous avons reçue de Lui à travers l’amour de nos parents. Nous allons voir qu’au-delà de la vie biologique reçue, Dieu peut faire beaucoup plus. Mais quel est le sujet principal de cet extrait de l’Evangile de St Luc ? Est-ce le mariage ? est-ce l’espérance en la résurrection des morts ? Est-ce notre mode de vie après la mort ?

Nous découvrons déjà, qu’à l’époque de Jésus, tous les juifs ne sont pas d’accord au sujet de la résurrection des morts. Ce n’était donc pas une affirmation généralisée du catéchisme juif. L’espérance en la résurrection des morts est, en effet, relativement tardive. Les 7 frères MartyrsElle apparaît environ en 160 ans avant la naissance de Jésus lors de la persécution des juifs par le roi Antiochus, chez les sept frères et leur mère qui refusent, au nom de leur foi et parce qu’ils ne veulent pas désobéir à l’interdiction de manger du porc.

Mais revenons sur le cas d’école que les sadducéens présentent à Jésus. Il existe effectivement une loi juive qui autorise une veuve d’épouser son beau-frère s’il n’est pas marié. C’est la loi du lévirat. Pourquoi ? C’est pourquoi éviter que la veuve se retrouve seule, sans protection, mais c’est également pour donner une descendance, pour donner la vie. Pour le dire autrement, il s’agit de pouvoir faire perdurer le nom.

Jusque dans les années 1960, l’Eglise catholique définissait le premier but du mariage dans la procréation, dans le fait d’avoir des enfants. Pourquoi ? Il s’agissait d’entrer dans la bénédiction divine prononcée sur le premier couple humain, homme et femme créés à l’image de Dieu. « Dieu leur dit : ‘Soyons féconds et multipliez-vous, remplissez la terre.’ » (Gn 1, 28a) De même que Dieu avait donné la vie, Il leur a donné cette capacité de donner la vie à leur tour, d’être co-créateurs. Les évêques du Concile Vatican II, dans les années 1960, lorsqu’ils ont réfléchi et parlé du mariage, du couple, de la famille et de la fécondité du couple, ont légèrement infléchi la réflexion en disant que Le royal baby, né de l'union de William et Katele premier but du mariage est avant tout le bonheur de l’homme et de la femme qui se sont donnés l’un à l’autre (Concile Vatican II Gaudium et Spes 50) en toute liberté, dans un amour réciproque et exclusif, pour toute leur vie. Et c’est parce qu’ils s’aiment très forts qu’ils ont ensuite en eux ce désir de le partager avec d’autres, dont des enfants qu’ils accueilleront, soit parce que ce seraient ceux qui naîtraient de leur union, soit qu’ils les accueilleraient et qu’ils deviendraient leurs parents en les adoptant.

Mais que dire alors de ces personnes qui ne peuvent pas avoir d’enfants ? des célibataires qui n’ont pas choisi de l’être ? ou des couples mariés où l’un des deux est stérile ? ou des couples de même sexe qui ne peuvent avoir un enfant de leur relation sexuelle ? Pour chacun, il y a sans doute, avec ou sans enfant, aussi une autre manière de porter du fruit, notamment à travers des engagements au service de la société, dans l’Eglise, une association, un parti politique ou un syndicat. Jésus qui n’a pas été marié et qui n’a pas eu de descendance.

Les sadducéens veulent montrer par l’absurde de cette loi, la difficulté du mariage qui fait qu’il ne peut pas non plus y avoir de polyandrie, où une femme aurait plusieurs maris. Et de cela, ils en concluaient l’absurdité et donc l’impossibilité de la résurrection des morts.

Jésus leur répond qu’au Ciel, après la résurrection des morts, il y aura une autre logique : même si nous retrouverons ceux que nous avons aimé sur terre, car nous vivrons complètement dans et de l’amour de Dieu, et comme nous ne mourrons plus, nous dit Jésus, il n’y aura plus à assurer la survie de l’espèce humaine ni à se demander qui travaillera pour payer notre retraite. Parabole du riche et de LazareJésus en revient donc à l’essentiel : le mariage, qui n’est pas réservé aux juifs ni aux chrétiens, n’est valable que pour notre vie terrestre. Et la loi du lévirat donc aussi. Au contraire, il veut les amener au plus important : la foi en un Dieu qui donne la vie, et qui re-suscite la vie après la mort, un Dieu qui veut la vie, comme Jésus l’avait déjà suggéré lorsqu’il avait raconté la parabole du riche et du pauvre Lazare (Lc 16, 19-31). Car Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. Il est le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob. Et ce n’est pas si nouveau : comme Jésus l’avait expliqué au pharisien à qui il racontait la parabole, il explique que tout est déjà dans les écrits de Moïse et chez les prophètes (Lc 16,29).

En conclusion, pour le dire avec des mots simples, Jésus nous fait découvrir qu’il y a un temps pour donner la vie à des enfants. Cette période concerne une partie seulement de notre vie terrestre. Avant et après, cela ne nous empêche pas de vivre, de croire, d’aimer et d’espérer. Et aux heures où nous sommes pris d’angoisse ou de vertige, revenons à l’une des formulations de la foi de l’Eglise : « […] Je crois […] à la résurrection de la chair, à la vie éternelle » (Symbole des apôtres) ou « […] J’attends la résurrection des morts, et la vie du monde à venir. » (Symbole de Nicée-Constantinople)

2 M 7, 1-2.9-14 ; Ps 16 ; 2 Th 2,16 - 3,5 ; Lc 20, 27-38
P. Olivier Joncour

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