Triptyques Homélie Vigile de la Ste Trinité A (Baptême, Confirmation et Eucharistie des adultes)

Veillée de la Trinité A Samedi 6 juin 2020 Baptême, Confirmation et Eucharistie
de 9 adultes et 1 enfant et 1 adolescente, St Pierre St Paul Colombes

Triptyques

Exceptionnellement, cette année, à cause de la pandémie, nous n’avons pas pu célébrer les sacrements de l’Initiation chrétienne des adultes : le Baptême, la Confirmation et l’Eucharistie, pendant la veillée pascale. Quelles patience et persévérance avez-vous su montrer ! Vous avez dû attendre 57 jours de plus ! C’est beaucoup et en même temps c’est peu dans l’histoire d’une vie. C’est peu par rapport au moment où certains d’entre vous portent ce moment dans leur coeur !

Certains peintres composent des tableaux en trois parties : au centre la plus grande, et deux autres de chaque côté, c’est ce qu’on appelle un triptyque. Les extraits de la Parole de Dieu que nous avons retenus pour cette vigile forment un triptyque : le récit de la création par Dieu à partir de rien est le premier panneau, le deuxième est l’étape de la désobéissance de l’humanité à la règle proposée par Dieu et l’annonce d’un pardon et d’une nouvelle alliance notamment par Ezéchiel ; le troisième est la création nouvelle qui accueille le Fils unique envoyé par le Père pour sauver ce qui était perdu et égaré, dans l’offrande de sa vie humaine par le don de son corps et de son sang sur la croix, par sa mort et, le 3° jour, par sa résurrection de la mort par la puissance de la vie et de l’amour, et l’envoi des apôtres en mission pour faire des disciples.

Dans la 1° partie, Dieu le Père crée par sa Parole et son Souffle de vie plane sur les eaux. Sa puissance de vie et d’amour est créatrice. Elle donne la vie. Elle est féconde et porte des fruits. Il existe une harmonie entre le Créateur et sa création, avec ses créatures dont l’homme et la femme. Ils étaient alors dans un état de grâce, de communion parfaite, sans parasite, sans obstacle, dans une confiance absolue.

Et alors qu’il n’y aurait dû n’y avoir qu’un seul tableau, les humains ont voulu prendre les choses en main, pensant être capables de faire mieux que Dieu. Ils ont oublié ce qu’Il leur avait dit et ont écouté une autre voix qui les invitait à la méfiance. Cela les a conduit à la mort en voulant être leur propre origine, en se coupant finalement de Celui qui est la Vie, l’Amour. C’est alors qu’ils ont commencé à peindre un deuxième tableau, hors du cadre originel, hors des limites définies (cf Gn 3). Ils sont sortis du Jardin d’Eden. Ils ont rompu le dialogue. De la confiance, ils sont passés à la peur. De l’amour, ils sont passés à la jalousie. De la complémentarité, ils sont passés à la concurrence pensant qu’il fallait écraser l’autre, le détruire, et même le tuer comme pour Caïn et Abel (Gn 4).

Pourtant, le Seigneur n’a pas voulu laisser l’homme désespérer. Il a suscité une espérance, en lui faisant des promesses : Il voulait lui donner un avenir : je vous donnerai un coeur nouveau, je vous donnerai un esprit nouveau. Il y eut quelques succès mais également des échecs ! Mais qui ne tente rien n’a rien, se disait Dieu. Il n’a jamais voulu abandonné. Il est même Celui qui y a cru le plus ! Et il a envoyé son Fils unique dans la puissance de l’Esprit St.

Nous sommes les acteurs de la 3° partie du tableau : la plus belle, la plus grande qui n’est d’ailleurs pas terminée. C’est la partie centrale qui permet de relier la belle vision du projet, avec ce qui a été brisé, cassé comme un jouet. Jésus donne l’ordre aux apôtres : faites des disciples. C’est ce temps du catéchuménat depuis plusieurs mois avec vos accompagnateurs et notre communauté. C’est comme une gestation avec différentes étapes. C’est un processus, une transformation qui prend du temps, et qui va se poursuivre toute votre vie, même si aujourd’hui vous allez une étape très importante.

Ce soir, c’est la série des 3 en 1 : 3 panneaux pour 1 tableau. Mais aussi le Père le Fils et le St Esprit. Les trois sacrements de l’Initiation chrétienne pour les 9 adultes : le baptême, la confirmation et la communion. Que l’on soit noir, jaune, rouge, blanc, ou métisse, nous avons une place dans l’Église. Nous sommes aimés de Dieu. Nous sommes "la Lumière du monde" (Mt 5,14a). Que l’on soit né à Colombes, à Tizi Ouzou en Algérie, au Havre, à Ris-Orangis, à Neuilly-sur-Seine, à Léopoldville en RDC, à Courbevoie, à Montmorency, dans les années 50, 70, 80, 90, 2000 ou 2010, nous pouvons renaître, naître de l’eau et de l’Esprit sans retourner dans le ventre de notre mère (cf Jn 3). Homme ou femme, quel que soit notre âge, malade, porteur d’un handicap ou valide, Jésus est venu nous chercher car nous étions perdus, et il veut faire de nous ses sœurs et ses frères. Il veut nous faire entrer dans la famille de son Père et faire de nous ses co-héritiers, tout en nous gardant dans son Esprit de famille. Il veut nous faire retrouver la logique de l’amour. Et il est venu nous chercher un par un. Un par un. Pas l’un sans les autres ! Pas les autres sans moi ! Au point que nous puissions dire : « Pour moi, vivre c’est le Christ » (Ga 3,20) « Nous, nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les nations païennes. » (1 Co 1,23).

Êtes-vous prêts ? Veux-tu qu’Il te libère de tes chaînes ? Veux-tu aller vers Lui et voir ton Père ouvrir ses bras car Il attend ce moment depuis si longtemps ? Oui ? Vraiment ? Amen ! Si tu doutes encore, écoute les paroles de ce chant :

Bien avant le chant qui créa l’univers
Bien avant l’Esprit qui planait sur la Terre
Bien avant que tu me formes de la poussière
Tu rêvais du jour où Tu pourrais m’aimer
Bien avant les premiers battements de mon coeur
Bien avant que je m’éveille à Ta douceur
Bien avant mes doutes, mes joies et mes douleurs
Tu rêvais du jour où je pourrais T’aimer
Tu rêvais du jour où je pourrais T’aimer

Abba Père, je suis à Toi (x4)

Bien avant que Jésus marche sur la Terre
Bien avant le Fils qui nous montre le Père
Bien avant que les cieux sur moi soient ouverts
Tu rêvais du jour où Tu pourrais m’aimer
Bien avant que mon péché brise Ton coeur
Bien avant que coulent le sang et la sueur
Bien avant les clous, le froid, et la douleur
Tu rêvais du jour où je pourrais T’aimer
Tu rêvais du jour où je pourrais T’aimer

Abba Père, je suis à toi (x4)

Abba Père, je suis émerveillé
Saisi par l’immensité de Ton amour pour moi
Abba Père, si grande est ta tendresse
Ton coeur est grand ouvert, et je viens plonger dans Tes bras (x2)

Abba Père, je suis à toi (x4) [Collectif Cieux ouverts Abba Père]

Voulez-vous avoir Jésus pour frère ? Comme bon berger (cf Jn 10 et Lc 15), comme Sauveur ? Voulez-vous faire partie de son peuple, un peuple saint qui Le loue et Le prie, un peuple qui Le sert en prenant soin des plus petits et des plus fragiles, un peuple qui se forme, un peuple de frères avec des bras cassés et des humbles, un peuple qui témoigne des merveilles que le Seigneur a fait pour lui : nous qui n’étions rien, Il nous a pardonnés, il a scié nos chaînes, Il nous a sauvés de la noyade et il nous a redonné du souffle, un souffle nouveau. Il nous a redonné un coeur, attendrissant mon coeur de pierre, indifférent, froid. Il a entendu notre SOS, notre cri, notre appel à l’aide et il a tendu la main, non pas pour l’enfoncer, mais pour la saisir et ne plus la lâcher !

Voulez-vous « recevoir un Esprit qui fait de vous ses fils et ses filles adoptifs et par lequel nous crions : ‘Abba, Père’ » (Rm 8,15) ? Oui ? Amen !

Voulez-vous être aimé sans mérite de votre part ? Oui ? Amen !

Voulez-vous entrer dans une équipe où tous les joueurs sont sur le terrain, où il n’y a pas de remplaçant ni de maillon faible ? Une équipe où on compte sur toi, où tu as un rôle à jouer, où tu n’es pas spectateur dans les tribunes ou le banc des remplaçants, mais acteur, un joueur qui a l’esprit d’équipe où on ne cherche pas à exclure mais à intégrer ?… Oui ? Amen !

Un temps de grâce s’ouvre pour vous, même si nous savons que la préparation est déjà souvent un moment fort, et que nous ignorons les merveilles que le Seigneur vous prépare !

Gn 1 ; Ps 103

Ez 36 ; Ps 50

Ac 2, 14 … 41 ; Ps 1

1 Co 12, 3 … 13 ; Ps 103

Rm 6, 3b-11 ; Ps 117 ; Mt 28, 16-20

P. Olivier Joncour