Heureux les invités au Repas du Seigneur ! Homélie du 22° dimanche du TO C (1.09.2019)

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Dimanche 1° septembre 2019 22° dim TO B St PP Colombes

Heureux les invités au Repas du Seigneur !

Pas de boutton "reset"

Plus de 16 siècles avant Jean de La Fontaine qui a écrit 240 fables avec des animaux aux traits humains pour dénoncer certains travers de l’humanité et une certaine tendance aux mondanités avec une morale à la fin de chaque fable, Jésus était aussi un fin observateur de ses contemporains et savait faire passer un message à ses auditeurs par l’intermédiaire de paraboles. Ce jour de sabbat, alors qu’il vient chez un chef des pharisiens, ces juifs qui respectaient scrupuleusement la Loi de Moïse et ses 613 préceptes, il en raconte une première à destination des invités, et la seconde pour celui chez qui il est reçu. Jésus veut aider les uns et les autres à réfléchir sans les attaquer de front. Or, comme le Seigneur n’a pas prévu de bouton « reset » sur les êtres humains pour relancer le programme initialement prévu et attaqué par un virus sur leur coeur et leur esprit avec des répercussions aussi sur leur corps, Il ne peut que faire appel à la logique de la conversion avec sa grâce. Il veut les aider à entrer dans une autre logique, celle de ce Roi qui a un Royaume, qui organise une réception à l’occasion du mariage de son Fils unique, un festin de noces, un dîner unique pour l’alliance que son Fils veut célébrer avec sa bien-aimée, son Epouse, l’Église (cf Ep 5).

chevalliers de la Table ronde

Dans la parabole du dîner placé, c’est le combat entre l’orgueil et l’humilité qui se joue. La recherche des places d’honneur est naturelle : besoin de se savoir reconnu, de se savoir existé, de se montrer aux yeux des autres, quitte à les écraser, quitte à leur marcher dessus, quitte à se servir une grosse part de dessert par peur de ne pas avoir assez en oubliant aussi les suivants et les derniers. L’orgueil est ce sentiment de toute puissance de réussir seul, sans les autres, sans Dieu. L’orgueil est cet esprit de comparaison qui nous donne l’illusion que nous sommes au-dessus des autres : plus forts, meilleurs, etc. Pour résoudre le problème, les chevaliers de la Table ronde avaient trouvé ce moyen pour qu’aucun n’ait l’impression de dominer les autres. C’est l’esprit d’équipe qui devait primer. Cette table ronde symbolisait l'égalité et la fraternité entre les chevaliers.

L’humilité, au contraire, nous fait regarder avec un regard juste, car elle nous situe dans un rapport à la bonne distance avec les autres : je ne suis rien sans Dieu, je ne suis rien sans les autres. Si on reprend l’étymologie, je suis ‘humus’, je suis de la terre (cf Adam Gn 3). Je sais que je ne sais pas grand-chose. L’humilité n’est pas un complexe d’infériorité ni une fausse modestie. Le père rempli de sagesse ne conseillait-il pas à son fils : Mon fils, accomplis toute chose dans l'humilité, et tu seras aimé plus qu'un bienfaiteur. Plus tu es grand, plus il faut t'abaisser. C’est l’abaissement du Fils unique dont parle St Paul dans l’hymne aux Philippiens et qu’il donne en exemple aux disciples : « ayez assez d’humilité pour estimer les autres supérieurs à vous-mêmes. Que chacun de vous ne soit pas préoccupé de ses propres intérêts ; pensez aussi à ceux des autres. Ayez en vous les dispositions qui sont dans le Christ Jésus : Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. » (Ph 2, 4-8) C’est ce que les théologiens appellent la kénose. Qui s'abaisse sera élevé. St Paul continuait ainsi après l’incarnation, la passion, le supplice de la crucifixion, la mort et la descente aux enfers comme nous le disons dans le credo : « C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom » (Ph 2,9) : Dieu l’a ressuscité, Il l’a réveillé de la mort et même il l’a fait monté aux cieux à sa droite 40 jours après (cf Ac 1,9). Il n’existe pas d’autre chemin que celui par lequel le Fils est passé !

Pape François Laudato Si' respect de notre maison commune

La seconde parabole qui s’adresse au chef des pharisiens invite à la gratuité et au désintérêt, à sortir de toute logique de calcul et d’agir par intérêt. Au contraire, Dieu agit avec nous comme ces invités qui ne pourront jamais L’inviter. Depuis le début de la création, nous ne sommes que les hôtes de passage de la création. Ceux qui décident et agissent en propriétaires deviennent des pilleurs et des prédateurs. Il n’y a qu’à lire ou relire l'encyclique Laudato Si’ du Pape François au sujet du respect de notre maison commune et du respect de toute vie du commencement à la fin.

Rappelons-nous qu’à chaque messe, nous sommes les invités du Seigneur. « Heureux les invités au Repas du Seigneur ! » C’est aussi ce qui se passera au grand festin messianique (Is 25, 6-8). C’est le Seigneur qui nous servira. « Heureux les invités au festin des noces de l’Agneau. »

Si 3, 17-18.20.28-29 ; Ps 67 ; He 12, 18-19.22-24a ; Lc 14, 1a.7-14

P. Olivier Joncour

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