Sur Dieu et l'Homme Homélie 2° dim Carême B (1.03.2015)

Dimanche 1° mars 2015 2° dim Carême B St Etienne St Henri Colombes

Sur Dieu et l'Homme

Après le désert où Jésus fut conduit par l’Esprit Saint et où il fut tenté, c’est sur une montagne que nous allons : le mont Moriah pour Abraham et le mont Thabor où, selon la tradition, Jésus fut transfiguré entre Moïse et Elie. Vérifions nos représentations sur Dieu et l’être-père.

Dieu serait-il pervers au point de vouloir reprendre Isaac qu’il a donné à Abraham ? Si c’est cela, je préfère alors être athée de ce dieu. Ou alors, nous avons mal compris. Il veut nous faire comprendre autre chose. Pendant le Carême, nous nous demandons souvent à quoi nous devons renoncer. Autrement dit, à qui, à quoi suis-je trop attaché, et même tellement attaché que le Seigneur n’a pas ou n’a plus la première place ? Parfois, nous pourrions avoir l’impression que le Seigneur nous demande quelque chose qui paraît difficile voir qui est impossible. Serait-il contre moi ? Contre nous ? Serait-il devenu un adversaire ? Il ne peut en être ainsi. Cela viendrait en contradiction avec toute l’expérience du peuple de Dieu relue et racontée dans la Bible : Dieu est vraiment pour nous ! Le vrai renoncement du chrétien n'est pas une conquête de lui-même par lui-même, mais une mort à lui-même afinde vivre pour Dieu dans le Christ. (Thomas Merton)En fait, si Dieu nous le demande, et si c’est effectivement difficile, ne serait-ce pas parce qu’il y a une question de vie ou de mort ? Une question de liberté ou d’esclavage ? En effet, si Dieu nous le demande, c’est bien parce qu’il veut que nous soyons libres, non ? Bref, Dieu nous veut libres, notamment Isaac par rapport à Abraham pour que le père ne le surprotège pas, pour qu’il le laisse grandir et qu’Isaac devienne ce à quoi Dieu l’appelle.

Abraham et son fils IsaacComme n’importe quel père, Abraham est attaché à son fils Isaac, d’autant plus qu’il est son unique, le fils de la promesse, le fils de sa vieillesse. Comme n’importe quel père, Dieu est attaché à son Fils unique. De même que lors de la première annonce et des suivantes, Abraham a fait confiance au Seigneur, de même lors de l'incarnation, Dieu le Père a fait confiance à Marie qui avait accepté de mettre au monde son Fils dans l’humanité. De même qu’Abraham a dû avoir le cœur déchiré en se rendant à la montagne avec Isaac, puis en le liant sur l’autel avant, finalement, de le recevoir une seconde fois, pour sa seconde naissance, pour lui permettre de naître à lui-même ; de même « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils » (Jn 3,16) et il n’a pas épargné son propre Fils, mais il l’a livré pour nous tous sur la croix, jusqu’à la mort, avant de le faire renaître par la puissance de l’Esprit (Rm 1,4).

En Jésus, transfiguré sur la montagne, Pierre, Jacques et Jean ont vu la beauté de Dieu. Non pas une beauté surfaite, esthétique, plastique, physique, mais la beauté éternelle de Dieu. Pour le dire avec St Augustin : « Bien tard, je t’ai aimée, ô Beauté si ancienne et si nouvelle, bien tard je t’ai aimée ! Et voici que tu étais au-dedans, et moi au de-hors et c’est là que je cherchais, […] Tu étais avec moi et je n’étais pas avec toi. » (Confessions, X, 27) En Jésus transfiguré, nous est dévoilée sa divinité.

En Jésus, transfiguré sur la montagne, Pierre, Jacques et Jean ont entendu la vérité de Dieu sur Jésus, son Fils. Sur Jésus, non pas seulement un homme, ni le fils de Marie, ni un sage d’Israël, ni un guérisseur parmi d’autres, mais Dieu le Fils est mis en lumière par la gloire divine et confirmé par la voix de Dieu le Père : Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! Transfiguré devant trois témoins avant d’être défiguré sur la croix. En Jésus, nous écoutons Dieu le Père parler.

En Jésus, transfiguré sur la montagne, Pierre, Jacques et Jean ont été éblouis par la lumière de DieuEn Jésus, transfiguré sur la montagne, Pierre, Jacques et Jean ont été éblouis par la lumière de Dieu. Non pas aveuglés par la lumière du soleil le jour, ni celle de la lune et des étoiles la nuit, ni la lumière des projecteurs mais éblouis intérieurement par une Lumière qui éclaire, depuis le premier jour (Gn 1,3), le monde, la terre, l’humanité, le cœur des enfants, des femmes et des hommes qui choisissent de mettre leurs pas à sa suite, et qui rend la vue à l’aveugle de naissance (Jn 9). En Jésus transfiguré, nous sommes éclairés sur Dieu Père grâce à l’Esprit et éclairés sur l’Humanité désirée et espérée par Dieu, depuis Adam.

Pour conclure, par Jésus-Christ, avec lui et en lui, nous connaissons mieux Dieu qui se laisse découvrir et l’être humain qu’il divinise.

Gn 22, 1-2.9-13.15-18 ; Ps 115 ; Rm 8, 31b-34 ; Mc 9, 2-10
P. Olivier Joncour

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